Agroécologie 2 min

Le secret de la croissance des plantes enfin percé

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Contrairement aux animaux, les plantes ont des cellules qui sont toutes entourées d’une paroi rigide. Elle les protège mais les enferme dans un squelette rigide. Alors comment peuvent-elles grandir malgré cette paroi ? Des scientifiques d’INRAE, du CNRS, en collaboration avec des équipes suisses et belges, ont maintenant percé une partie de ce secret. Véritables architectes, les plantes allient sucres et protéines pour conférer à la paroi sa résistance et son extensibilité et permettre la croissance des cellules. Au-delà de l’apport des connaissances, ces résultats publiés le 10 novembre dans Science, revêtent une importance cruciale pour la modélisation et la prédiction des effets des changements environnementaux sur la croissance des plantes.

Publié le 10 novembre 2023

illustration Le secret de la croissance des plantes enfin percé
© INRAE - Nicolas Bertrand

Les plantes ont la capacité extraordinaire d’utiliser l’énergie solaire pour convertir le CO2 atmosphérique en sucres. Ces sucres constituent une source presque inépuisable d’énergie et servent aussi de briques de construction.

Avec ces briques, les plantes construisent un rempart autour de chaque cellule : la paroi.

Cette paroi sert à la fois de barrière protectrice et de support pour un squelette, pressurisé. Ce dernier confère de la rigidité aux organes de la plante, comme un matelas gonflable. En effet, la paroi est si robuste qu’elle peut résister à des pressions considérables à l’intérieur de la cellule, atteignant jusqu’à 10 fois celle de notre atmosphère. Curieusement, la présence de cette paroi n’empêche pas le grossissement des cellules lorsque la plante grandit.

Une question se pose alors : comment cette paroi peut grandir, sans perdre son intégrité, ce qui ferait exploser la cellule ? Pour comprendre ce mécanisme, les scientifiques ont analysé en détails le processus d’assemblage de cette paroi.

Pour cela ils ont étudié la croissance du tube pollinique de l’arabette des dames, une plante modèle. Sa paroi cellulaire comprend deux composants majeurs, notamment des fibres et une matrice, principalement constituée de pectines. Les pectines sont bien connues pour leur rôle de gélifiant dans la confection de confitures !

Une équipe d’INRAE avait déjà découvert qu’une fois déposées dans la paroi, les pectines gonflent, suite à une transformation chimique, et permettent l’expansion de la paroi.

Ici la même équipe montre que ces pectines gonflées, recouvertes de charges négatives, se comportent comme de petits aimants. Et les aimants s’attirent, négatifs avec positifs. Ici, la charge positive qui se lie à ces pectines sont des protéines de la paroi. Il se crée ainsi un réseau, comme aimanté, qui confère sa résistance et son extensibilité à la paroi.

Pour les plantes chez qui cette protéine est altérée, le réseau ne se forme pas et lors de la croissance, le tube pollinique explose sous la pression des cellules.

Image au microscope d'un tube pollinique
Image 3D d'un tube pollinique d'Arabidopsis thaliana marqué moléculairement. Le signal vert montre la structure en forme de toile formée par les polysaccharides de pectine en liaison avec les complexes protéiques de la paroi cellulaire. Cet arrangement physique régulé par les protéines fournit un système de support permettant une croissance soutenue des cellules végétales. © Ursina Rathgeb © DBMV-UNIL

Ces résultats sont fondamentaux pour mieux comprendre les mécanismes de croissance des plantes. Ils sont aussi d’une très grande importance pour la modélisation et la prédiction des effets des changements environnementaux sur la croissance des plantes cultivées.

Des résultats d’avenir

Grace à ces résultats, les chercheurs développent actuellement des modèles numériques permettant de simuler et de prédire la croissance et la morphogénèse des plantes en fonction des changements dans l’environnement, par exemple ceux associés aux changements climatiques. Dans ces modèles, il est absolument nécessaire d’inclure un mécanisme explicite de la croissance cellulaire.

Référence

Moussu S. et al. (2023). Plant cell wall patterning and expansion mediated by protein-peptide-polysaccharide interaction. Science 382,719-725(2023). DOI : https://doi.org/10.1126/science.adi4720  

 

En savoir plus

Agroécologie

Premières preuves scientifiques que des nanofilaments de polysaccharides extracellulaires manipulent la forme des cellules végétales

COMMUNIQUE DE PRESSE - Jusqu’à présent, on pensait que la forme des cellules végétales était déterminée par la seule pression hydrostatique à l’intérieur des cellules exercée contre la paroi cellulaire. Des chercheurs d’INRAE, en collaboration avec des scientifiques de l'université de Cambridge et de Caltech/Institut médical Howard Hughes, ont découvert que la paroi cellulaire a une part active dans la définition de la forme des cellules végétales. Publiés dans la revue Science le 27 février 2020, ces résultats ont aussi des implications dans le monde animal et pourraient, à l’avenir, inspirer le développement de nouveaux matériaux intelligents auto-extensibles.

28 février 2020

Agroécologie

Biologie végétale : Croissance et développement

PARUTION - Intégrant les derniers acquis de la biologie cellulaire et de la génétique moléculaire, la quatrième édition de ce livre, entièrement corrigée, offre un panorama de l’ensemble de la biologie végétale enseignée dans les premières années d’études supérieures (Licence, Pharmacie, classes préparatoires, IUT).

02 juillet 2021