Biodiversité Temps de lecture 3 min
Savez-vous de quel bois on se chauffe ?
Faire feu de tout bois. Montrer de quel bois on se chauffe. Il n'est bois si vert qui ne s'allume. Il n'est feu que de bois vert. Ces expressions populaires ont un sens figuré mais sont parfois fausses dans leur sens littéral. Se chauffer au bois est-il écologique ? L’exploitation pour produire du bois énergie est-elle durable ? Préserve-t-elle la biodiversité forestière ? Que devient le bois resté au sol ?
Publié le 28 septembre 2020 (mis à jour : 29 septembre 2020)

Ce quiz vous permettra d'en savoir plus...
Comment gérer durablement les forêts de la région Centre-Val de Loire en produisant du bois énergie (BE) ?
Dans le cadre du projet régional DEFIFORBOIS, les chercheurs d’INRAE (unités EFNO et BIOFORA) et leurs partenaires du FCBA, de l’ONF, du CNPF, d’Unisylva et d’Arbocentre ont analysé les techniques de récolte de bois pour la production de plaquettes forestières.
Comment récolter du bois dans les forêts pauvres de la région Centre-Val de Loire pour produire durablement des matériaux et énergies renouvelables ?
Depuis dix ans, pour les peuplements pauvres ou dépérissants, se développe une pratique de récolte mécanique suivie d’un broyage des arbres entiers pour produire des plaquettes forestières à destination des chaufferies biomasses. En broyant petites branches, brindilles, parfois feuilles et bois mort, on exporte des parcelles forestières beaucoup plus de minéraux, au risque de diminuer la fertilité des sols et de supprimer des habitats, ce qui est contraire à la gestion durable des forêts. Alors que la société demande plus de matériaux et d’énergie renouvelable, comment récolter et gérer ces peuplements sans détériorer la faible fertilité des sols ? Quel reboisement pour leur donner un avenir après récolte ?
Quelques résultats sur le BE en région Centre Val de Loire :
- Le bois forestier des chaufferies provient à 40% de taillis sous futaie convertis en futaies, à 30% de coupes rases de taillis pauvres et à 30% de travaux d’entretien ou de récupération de branches.
- Les sols de la région Centre-Val de Loire sont très majoritairement pauvres et acides, fortement carencés en phosphore (P), potassium (K) et magnésium (Mg).
- Environ 10% de la biomasse récoltée reste au sol sous forme de branches, brindilles, morceaux de tronc, avec de grandes différences observées selon les chantiers.
- La récolte des arbres entiers double les exports de nutriments par rapport à une exploitation traditionnelle. Associée à l’export de bois morts et de feuilles, elle peut conduire à la perte de fertilité des sols pauvres et supprimer des habitats utiles à la biodiversité.
- Pour une gestion durable des forêts, et notamment pour la préservation de la fertilité des sols, il est recommandé de laisser une certaine quantité de menus bois au sol après l’exploitation. En se décomposant, les nutriments qu’ils contiennent retournent au sol et favorisent la croissance des arbres. Ces menus bois sont également une ressource (alimentaire et en habitat) pour une diversité de flore et de faune.
Quelques notions complémentaires :
- Avec 16 millions d’hectares, la forêt française métropolitaine représente plus du quart du territoire national, et se situe au 3e rang des domaines forestiers les plus vastes de l’union Européenne
- Représentation des compartiments de l’arbre :

Bois fort (vert) = 70% de la biomasse mais 40% des nutriments
Menus bois : branches et tiges ayant un diamètre inférieur à 7 cm (orange) = 30% de la biomasse mais 60% des nutriments
- Lors des coupes de bois pour la production de plaquettes, il est recommandé de laisser au sol au moins 10% des résidus dans les zones à enjeux faibles de biodiversité, et au moins 30 % dans les zones reconnues pour leur richesse biologique. Les entreprises de travaux forestiers sont encouragées à respecter les recommandations de gestion durable et des outils sont en développement pour faciliter le diagnostic.



Crédit photos : Bertrand NICOLAS, INRAE
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