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Restitution de l’expertise collective CRREF « Coupes Rases et REnouvellement des peuplements Forestiers en contexte de changement climatique »

Les forestiers ont à répondre à une demande accrue de bois, à gérer et renouveler les forêts en s’adaptant au changement climatique et en contribuant à l’atténuation de ses impacts. Les modalités de renouvellement, en particulier les coupes rases, suscitent conflits et mobilisations sociales. Dans ce contexte, le Groupement d’Intérêt Public Ecofor et le Réseau Mixte Technologique Aforce ont animé en 2021-2022 une expertise collective sur les « Coupes Rases et le REnouvellement des peuplements Forestiers en contexte de changement climatique » (CRREF). La restitution de l’expertise a eu lieu le 22 novembre 2022 à Paris et en visioconférence.

Publié le 23 novembre 2022

illustration Restitution de l’expertise collective CRREF « Coupes Rases et REnouvellement des peuplements Forestiers en contexte de changement climatique »
© BERTRAND Nicolas

L’expertise fait un bilan des connaissances sur la coupe rase – définition, quantification, effets sur le microclimat, les sols, l’eau et la biodiversité, aspects historiques, sociaux, réglementaires, économiques. Elle s’intéresse par ailleurs à la maîtrise du renouvellement des peuplements forestiers et aux innovations dans ce domaine, en contexte de changement climatique.

Pluridisciplinaire, l’expertise a mobilisé 70 experts (dont 22 issus d’INRAE : 18 du département ECODIV, 2 du département ECOSOCIO, 1 du département ACT et 1 du département AQUA) et 60 relecteurs et relectrices. Soutenue par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, l’ADEME et l’Office français de la biodiversité, et animée par le GIP Ecofor et le RT Aforce, l’expertise a mobilisé des experts de : INRAE, ONF, AgroParisTech, CNPF-IDF, IGN, CNES, OFB, DSF-MASA, FCBA, IEFC, Bordeaux Sciences Agro, Université de Rouen Normandie, Université de Franche-Comté, Université catholique de Louvain. Signe du grand intérêt pour la question des coupes rases, le colloque de restitution a été suivi le 22 novembre par environ 500 personnes, dont 150 en présentiel.

L’expertise répond sous forme de synthèse des connaissances à 50 questions relatives aux conflits et mobilisations sociales autour des coupes rases, à l’analyse technico-économique et au suivi des coupes rases, à leurs effets sur le milieu physique (sol, eau) et la biodiversité, comparés à d’autres modalités de coupes et de renouvellement, et aux défis à relever pour renouveler les forêts en contexte de changement climatique. Les résultats reposent sur un large corpus bibliographique (> 2000 références).

Sujet de tension sociétale récurrent, la coupe rase suscite une hausse des mobilisations depuis 2015. Pourtant, les statistiques de l’inventaire forestier national montrent qu’il n’y a pas d’augmentation de la surface annuelle totale de coupes rases ou fortes. Les effets environnementaux des coupes rases sont bien documentés : ils sont en général négatifs sur la structure, la fertilité chimique et le stockage de carbone des sols, le microclimat et certains risques associés (chablis, gels tardifs, canicules), et sur la qualité des cours d’eau. Du point de vue de la biodiversité, ils sont positifs à court terme sur les espèces de milieux ouverts, mais négatifs à moyen et long termes sur les espèces forestières. Les impacts sont atténués par certaines pratiques (coupes de faible surface, éloignées des cours d’eau, circulation sur sols secs, cloisonnements d’exploitation, rétention d’arbres, régénération naturelle, reprise rapide de la végétation spontanée), accentués par d’autres (récolte de feuillage et menus-bois, dessouchage, préparation mécanisée du sol, plantation). L’expertise n’a pu mettre en évidence de seuils de surface autour desquels les impacts varieraient fortement. Le niveau de réussite des régénérations naturelles suscite des interrogations : l’augmentation des températures favorise la production de graines, mais défavorise les phases de germination et installation des semis. Les modes de renouvellement forestier devront s’adapter au climat et aux attentes sociales : travailler au profit des essences les mieux adaptées, diversifier la composition et la structure des peuplements, déclencher les coupes de régénération lors des bonnes années de fructification, maintenir des semenciers et des abris tant que la régénération n’est pas acquise. Là où le recours aux plantations sera nécessaire, des compromis seront à trouver entre modes opératoires optimaux pour leur réussite et atténuation des effets négatifs sur la biodiversité, les sols et les ressources en eau.

Communication Val de Loire

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