Agroécologie Temps de lecture 3 min
Rapport sur les alternatives existantes à l’usage d'insecticides néonicotinoïdes pour protéger les cultures
Ce mardi 28 octobre 2025, INRAE a remis à la ministre de l’Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire un rapport sur les alternatives existantes à l’usage des néonicotinoïdes pour protéger les cultures, qu’elles soient chimiques ou non chimiques. Ce travail, qui a mobilisé 16 experts INRAE, a permis l’examen de 6 filières végétales. Il a été accompli à la suite d’une saisine effectuée en mai dernier par la ministre.
Publié le 28 octobre 2025
Dans sa lettre de saisine, la ministre, rappelant le contexte d’interdiction de certaines substances insecticides utilisées en protection des cultures, en particulier les néonicotinoïdes (ou assimilés) dont l'acétamipride et le flupyradiflurone, sollicite des éléments pour éclairer les politiques publiques :
« Je souhaiterais que vous puissiez mobiliser l’expertise technique et scientifique d’INRAE pour identifier les situations dans lesquelles les alternatives, chimiques ou non chimiques, disponibles pour une maîtrise phytosanitaire effective, dans des conditions techniques et économiquement viables, pourraient être considérées comme absentes ou manifestement insuffisantes ». Elle précise : « Pour chacun des usages étudiés, vous décrirez les alternatives possibles, qu’il s’agisse de produits phytopharmaceutiques conventionnels ou de biocontrôle, ou d’autres méthodes de prévention ou de lutte. Vous évaluerez l’efficacité des moyens disponibles, la capacité des producteurs à les mobiliser à court et moyen terme, et le cas échéant leurs inconvénients pratiques ou économiques, ainsi que les conditions requises pour une utilisation à plus grande échelle ».
À la remise du pré-rapport, mi-septembre, il a été demandé au panel d’experts INRAE de préciser les perspectives d'action pour faciliter la mise à disposition des méthodes et produits alternatifs nécessaires aux usages ciblés par la saisine.
Le rapport final remis par INRAE dresse un état des lieux et formule des recommandations pour les 6 filières suivantes confrontées à des ravageurs des cultures :
- Noisette : punaises (en particulier la punaise diabolique, insecte invasif) et coléoptères,
- Betteraves : pucerons vecteurs du virus de la jaunisse,
- Pommier : pucerons et anthonome,
- Cerisier : mouches à fruits, en particulier Drosophila suzukii, une espèce invasive,
- Figuier : mouches,
- Navet : puceron.
Le rapport constate : « Chacune de ces filières est engagée dans une démarche de développement d'itinéraires de protection alternatifs, sous la pression de la réglementation et des retraits de matières actives mais avec le soutien de plans d'actions ambitieux mis en œuvre avec le soutien des pouvoirs publics. Pour autant, cette transition n'est pas achevée et l'enjeu actuel est de la réussir en maintenant la compétitivité et la productivité des filières. »
Il identifie ensuite des leviers clé pour réussir la transition dans chacune des 6 filières étudiées. Sur le plan agronomique : développer et systématiser les approches de prophylaxie afin d’abaisser les pressions de ravageurs, développer des approches territoriales et interfilières pour la lutte biologique, construire des itinéraires de protection basés sur des approches combinatoires mobilisant l'ensemble des leviers disponibles et sur cette base produire des références techniques fiables pour les agriculteurs.
Le rapport insiste sur l'importance de disposer d'une épidémiosurveillance de grande précision pour anticiper le risque et ajuster les pratiques de lutte. Il pointe aussi la nécessité de traiter certaines questions relatives à la réglementation afin de sécuriser les filières et de faciliter le développement des pratiques vertueuses. Enfin, il rappelle l'intérêt des stratégies assurantielles pour alléger les risques de pertes de récolte.
Les 16 experts ont travaillé sur la base de leurs propres connaissances, de la littérature scientifique, des rapports existants (notamment Anses), des bases de données (fermes DEPHY…) et des bilans de projets de recherche (en particulier Ecophyto et le PNRI, Plan national de recherche innovation pour la betterave).
Dans le cadre de visites de terrain, ils ont également interagi avec des agriculteurs, des responsables de structures professionnelles, des conseillers de chambre d'agriculture et des responsables des instituts techniques agricoles. Enfin, un échange bilatéral avec 14 entreprises a permis de recueillir des informations sur les programmes en développement.