Changement climatique et risques 5 min

Production des moules de bouchot : quel impact sur l’environnement ?

Dans la baie du Mont-Saint-Michel, la production de moules s’étale sur quelque 248 km de pieux en bois. Pas de panique ! Cette activité, plutôt favorable à l’environnement, pourrait même participer à l’atténuation du changement climatique et de l’eutrophisation.

Publié le 06 novembre 2018

illustration Production des moules de bouchot : quel impact sur l’environnement ?
© INRAE

Entre Bretagne et Normandie, les moules de bouchot de la baie du Mont-Saint-Michel, c’est une production annuelle d’environ 10 000 tonnes de coquillages - soit 1/8 de la production française - encadrée par une appellation d’origine protégée. C’est, au cœur d’un site d’exception, une activité soucieuse de s’inscrire dans une démarche de durabilité, dont les chercheurs de l’Inra et leurs collègues de l’Ifremer ont exploré les effets sur l’environnement.

De la récolte des naissains au conditionnement des coquillages pour l’expédition et la vente, de l’implantation des pieux de bois ou bouchots, au devenir des coquilles vides, les scientifiques ont analysé les différents facteurs de la production des moules (Mytilis edulis), révélant le faible impact de la mytiliculture sur l’environnement.

Un bon bilan carbone

La production de moules de bouchot contribue à diminuer la quantité de CO2 atmosphérique. Au cours de leur croissance, les moules, véritables usines à filtrer l’eau de mer, prélèvent dans leur environnement du carbone, sous forme de carbonate de calcium, pour fabriquer leur coquille et les pieux sur lesquels elles se développent ont stocké du carbone durant la croissance des arbres. Au moment du tri, coquilles cassées et coquillages trop petits sont rejetés en mer où ils participent au contenu en carbonate de calcium des sédiments. Après consommation, les coquilles vides, enterrées dans leur grande majorité avec les déchets ménagers, contribuent encore à piéger du carbone.

Elle concourt également, selon les pratiques et le positionnement géographiques des activités, à l’émission de gaz à effet de serre du fait de quelques processus (production d’énergie ou d’eau, d’équipements ou de matériels spécifiques…) et opérations mécanisées (nettoyage, conditionnement et surtout transport…) consommateurs d’énergies fossiles.

Cependant, exprimée par tonne de protéines consommables, la production de moules de bouchot, comparée à d’autres types de productions animales, est celle qui contribue le plus faiblement au réchauffement climatique.

Estimé à 296 kg de CO2 par tonne de protéines consommables, son bilan carbone est négligeable, loin derrière celui d’autres élevages aquatiques ou terrestres.

Un risque de pollution réduit

Les chercheurs ont également montré que, dans la mesure où les moules absorbent des éléments nutritifs (phosphore et azote), leur production réduit l’eutrophisation - cette forme particulière de pollution qui se produit lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives provenant d’activités humaines (effluents agricoles par exemple), induit la prolifération d’algues à l’origine de marées vertes.

Impact sur le changement climatique et risque d’eutrophisation réduits, la production de moules de bouchot en baie du Mont-Saint-Michel a un impact environnemental faible. Plus encore, elle pourrait même compenser les effets d’autres activités agricoles, moins favorables à l’environnement, grâce à sa consommation de carbone, de phosphore ou d’azote.

Au cœur d’un territoire d’exception, entre terre et mer, aux enjeux multiples, cette activité de production aquacole prend ainsi toute sa place, d’autant que l’affichage volontaire de l’impact environnemental des produits et services est en cours dans plusieurs secteurs-pilotes dont celui des produits alimentaires.

 

Catherine Foucaud-ScheunemannRédactrice

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Joël AubinUMR Sol Agro et hydrosystème Spatialisation (INRAE, AgroCampusOuest)

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