PG-DefHy : les porte-greffes comme outil de résilience du vignoble face au changement climatique

Depuis plusieurs années, le changement climatique affecte globalement la disponibilité en eau des sols, notamment en France. Bien que relativement résiliente par nature, la culture de la vigne n’échappe pas à ces phénomènes : des questions se posent pour les années à venir et les acteurs de la filière se mobilisent pour en limiter les impacts.
Parmi les solutions potentielles figure l’adaptation du matériel végétal mis à disposition des viticulteurs : les cépages, qui font déjà l’objet de projets de recherche, mais également les porte-greffes dont les capacités ont été jusqu’à présent moins explorées.
C’est sur cet axe que le programme PG-DefHy a donc choisi de se focaliser.

Pourquoi les porte-greffes peuvent-ils contribuer à lutter contre les problématiques de disponibilité en eau ?

Les porte-greffes (système racinaire de la plante) sont le premier contact de la vigne avec le sol. Ils constituent d’importants leviers d’adaptation offrant la possibilité de maintenir une productivité durable, en conservant les cépages traditionnels dans des systèmes de culture.
Outre la résistance au phylloxéra, le porte-greffe contribue au contrôle d’autres parasites du sol tels que les nématodes, à l’adaptation à différents types d’environnements et agit sur la vigueur conférée et le rendement de la vigne. La diversité existante, bien que peu valorisée, représente un potentiel adaptatif très important. En effet, il existe, en France, 31 porte-greffes autorisés à la culture, mais 5 d’entre eux représentent plus de 75 % des plantations.

Les objectifs et les axes du projet de recherche

Le projet PG DefHy vise à soutenir le processus de sélection variétale des porte-greffes déjà existants ou nouvellement créés, pour l’inscription de nouvelles variétés d’intérêt agronomique au catalogue national.

Avant de pouvoir être utilisés par les viticulteurs (via les pépiniéristes), les porte-greffes doivent être inscrits au catalogue national officiel, après une série de contrôles qui garantissent d’une part le comportement à la pépinière (production de bois, multiplication, taux de reprise…), et d’autre part les aptitudes conférées au cépage (vigueur, productivité, qualité...).

3 axes de travail principaux :

• Sélection de nouvelles variétés de porte-greffes (travail conduit sur le court noué et la tolérance à la sécheresse).
• Évaluation des ressources existantes (avec séquençage génétique pour une lecture accélérée de leurs potentiels).
• Évaluation des caractères dits de pépinière (production de bois, enracinement, capacité de greffage…).

Les objectifs visés :

• 2 porte-greffes inscrits au catalogue.
• 10 à 20 porte-greffes entrés dans le processus d’inscription :
  • 5 à 10 porte-greffes existants ; 5 à 10 porte-greffes nouvellement créées.
  • Des porte-greffes adaptés aux enjeux de la viticulture charentaise.
• Des avancées scientifiques majeures :
  • Connaissance de la diversité génétique présente chez les porte-greffes commerciaux.
  • Rôle du porte-greffe sur les principaux caractères agronomiques tels que le rendement.
• Le sujet « porte-greffes, matériel et diversité végétale » porté sur le devant de la scène nationale et internationale.

Un programme de recherche ambitieux :

• 1 unité de recherche de référence (10 personnes sur 4 ans) ; 8 500 analyses effectuées ; 8 000 plants de vigne et 500 variétés de porte-greffes observés…
• Durée : 2022-2026
• Financement : 1,68 M€, dont
  • INRAE : 939 K€
  • Hennessy : 741 k€
• Coordination :
  • Sébastien Julliard – Conservatoire du vignoble charentais
  • Elisa Marguerit – Bordeaux Sciences Agro pour l’INRAe
  • Xavier Poitou - Hennessy

Témoignages

Jas Hennessy & Co – Renaud Fillioux de Gironde, maître assembleur
« La maison Hennessy porte une ambition de déploiement d’une viticulture durable, permettant de produire des raisins de qualité, tout en protégeant l’Homme et son environnement et en pérennisant notre patrimoine naturel et nos savoir-faire.
Pour cela, nous nous appuyons sur les principes de l’agroécologie : la capacité du vignoble à s’adapter aux conséquences du changement climatique est un des piliers de cette démarche.
Le matériel végétal est un élément clé de cette adaptation et c’est pourquoi la recherche sur les porte-greffes, peu explorée jusqu’à présent, nous parait essentielle.
Nous sommes donc fiers de nous investir, aux côtés des meilleurs experts, de l’INRAE et du CVC, au service du collectif du vignoble charentais pour continuer à préparer demain.
Ce programme est un projet de long terme, car l’évolution du matériel végétal prend du temps : il est donc nécessaire d’agir dès maintenant ! »

Conservatoire du vignoble charentais – Philippe Guélin, président
« Depuis près de 25 ans, le Conservatoire du vignoble charentais prospecte, sauvegarde et évalue des variétés issues du patrimoine viticole. Au fil du temps, nous avons constitué une collection ampélographique importante, véritable centre de ressource génétique. Grâce au programme PG-DefHY, nous pouvons maintenant évaluer les caractéristiques d’une douzaine de porte-greffes non inscrits au catalogue officiel national afin de tenter de mettre en évidence leur potentielle adaptation au changement climatique. Ces résultats viendront ensuite contribuer à une démarche nationale d’inscription de porte-greffes au catalogue officiel, démarche que nous menons en partenariat avec nos collègues de l’INRAE Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro, l’IFV, le comité Champagne et la chambre d’agriculture de l’Aude. L’objectif final est de pouvoir proposer à la pépinière viticole et à la viticulture des porte-greffes mieux adaptés aux évolutions climatiques d’ici 2030. »

INRAE  - Olivier Lavialle -  président du centre INRAE Nouvelle-Aquitaine-Bordeaux
« Porté par l’unité de recherche EGVF du centre INRAE Nouvelle-Aquitaine-Bordeaux, le projet PG-DefHy, avec la valorisation du dispositif GreffAdapt, donne l’opportunité de travailler sur un des leviers déterminants de l’adaptation au changement climatique à travers la sélection du matériel végétal, dont des porte-greffes. Le projet PG-DefHy permettra l’obtention de résultats concrets et directement utiles pour la filière, que ce soit localement en Charente ou plus largement au niveau national. Les données attendues devraient apporter une meilleure compréhension des mécanismes d’interaction porte-greffe/greffons et de la caractérisation de l’architecture génétique d’éléments d’intérêt chez les porte-greffes. Cela se traduira par des résultats en lien avec la vigueur conférée, les réponses au déficit hydrique, mais également la capacité d’enracinement ou encore la capacité à produire du bois. Le centre Nouvelle-Aquitaine-Bordeaux soutient sans réserve ce projet qui s’inscrit dans la continuité des recherches menées par INRAE en région et notamment au sein de l’Institut des sciences de la vigne et du vin, un des plus grands pôles mondiaux de recherche, d'enseignement supérieur et de développement pour relever les défis de l'industrie du vin de demain. Les problématiques des transitions et de l’adaptation au changement climatique sont au cœur des objectifs stratégiques fixés par INRAE à l’horizon 2030. »