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Perte d’odorat : le SARS-CoV-2 n’infecterait pas les nerfs olfactifs

COMMUNIQUE DE PRESSE - L’anosmie, ou perte d’odorat, est un des symptômes fréquemment rencontrés chez les patients atteints de la Covid-19 et le personnel de santé inclut ce paramètre pour diagnostiquer des patients infectés par SARS-CoV-2. Des études très récentes (1) émettent l’hypothèse que le virus infecte les nerfs olfactifs dans le nez. Mais des chercheurs d’INRAE, en collaboration avec l’Anses, ont démontré dans le contexte d’un modèle expérimental chez le hamster que le virus infecte d’autres cellules de la muqueuse nasale, mais pas les nerfs olfactifs. Leurs travaux sont parus le 3 juillet dans la revue Brain Behaviour and Immunity.

Publié le 08 juillet 2020

illustration Perte d’odorat : le SARS-CoV-2 n’infecterait pas les nerfs olfactifs
© INRAE

La perte d’odorat est un des symptômes les plus fréquents lors d’une infection au SARS-CoV-2. Ce type de symptôme, bien que plus rare dans le cas de virus respiratoires comme la grippe, est cependant bien connu et est lié à la faculté de ces virus à infecter les neurones olfactifs. Or, ces neurones sont exposés à l’environnement et se connectent directement au système nerveux central (SNC). Un virus capable de les infecter pourra ainsi passer de manière privilégiée vers le SNC à travers « le rail olfactif ». Un nombre important de patients présente des manifestations neurologiques, notamment dans les cas les plus sévères de la Covid-19, ce qui suggère que le SARS-CoV-2 puisse envahir le SNC. Dans ce contexte, il est important de comprendre les interactions entre les neurones olfactifs et ce virus.

Le SARS-CoV-2 entre dans les cellules par un récepteur spécifique, appelé ACE2. Les neurones olfactifs présents dans le nez sont entourés de cellules de soutien dites sustentaculaires qui ont ce récepteur spécifique ACE2, tandis que les neurones ne l’expriment pas. Leurs travaux ont montré que, chez le Hamster, le SARS-CoV-2 infecte massivement ces cellules sustentaculaires mais pas les neurones olfactifs. Ils ont constaté qu’en plus de l’infection des cellules de soutien, il y avait une desquamation de la muqueuse nasale, ce qui pourrait expliquer la perte d’odorat. En effet, la desquamation de la muqueuse nasale entraîne une perte des neurones olfactifs responsables de la détection des odeurs. Si le même mécanisme que chez le hamster infecté se déroule chez l’Homme, il pourrait être à l’origine de l’anosmie observée et empêcherait le virus de pénétrer dans le SNC via le rail olfactif comme cela a été suggéré récemment2.

Fort heureusement, la muqueuse nasale est capable de se régénérer tout au long de la vie grâce à des cellules pluripotentes3. Dans leurs expériences, les chercheurs ont ainsi observé une récupération de 50% de la structure initiale de la muqueuse nasale, et ce 14 jours après le début de l’infection.

 

1 Sia, S.F., Yan, L.M., Chin, A.W.H., Fung, K., Choy, K.T., Wong, A.Y.L., Kaewpreedee, P., Perera, R., Poon, L.L.M., Nicholls, J.M., Peiris, M., Yen, H.L., 2020. Pathogenesis and transmission of SARS-CoV-2 in golden hamsters. Nature.

2Romoli, M., Jelcic, I., Bernard-Valnet, R., Garcia Azorin, D., Mancinelli, L., Akhvlediani, T., Monaco, S., Taba, P., Sellner, J., 2020. A systematic review of neurological manifestations of SARS-CoV-2 infection: the devil is hidden in the details. European journal of neurology

3 Cellules capables de se diviser tout le long de la vie d’un individu pour renouveler les différents types de cellules, dont l’épithélium olfactif avec ses neurones et ses cellules sustentaculaires.

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