Biodiversité 4 min

Parc de la Muraille : un laboratoire à ciel ouvert pour les arbres urbains à Clermont-Ferrand

Utiliser le quartier de Saint-Jacques Nord comme terrain d’expérimentation pour mieux comprendre comment les arbres urbains réagissent aux conditions climatiques de plus en plus extrêmes ? C’est l’idée du projet PETONCLE, porté entre 2022 et 2024 par l’unité mixte de recherche de Physique et physiologie intégrative de l'arbre en environnement fluctuant (PIAF) en partenariat avec Clermont Auvergne Métropole.

Publié le 15 novembre 2024

© ADOBE STOCK

Ce « laboratoire à ciel ouvert », initié avant la démolition de la « Muraille de Chine » — ancienne structure emblématique du quartier — a permis aux chercheurs de mesurer les conséquences des modifications de l'environnement sur les arbres suite à la démolition du bâtiment, et de tester des solutions innovantes afin d’améliorer la gestion du futur parc aux changements climatiques en cours.

Relever les défis climatiques en milieu urbain

L'importance des arbres en milieu urbain est indéniable : ils atténuent les effets du réchauffement climatique, réduisent les îlots de chaleur et améliorent la qualité de vie des habitants. C'est pourquoi le projet PETONCLE s’est concentré sur la résilience des arbres face aux stress climatiques croissants (chaleur, sécheresse, vent…). Les tilleuls (Tilia platyphyllos), majoritaires dans la zone du projet, ont subi en 2022 des contraintes hydriques sévères, affichant une croissance très faible, voire nulle. Leur faible marge de sécurité hydraulique les rend vulnérables aux épisodes de sécheresse, qui deviendront plus fréquents à l’avenir. Ils ne sont donc pas recommandés dans des environnements urbains fortement soumis au stress hydrique. Il reste toutefois nécessaire de les conserver car les services d’ombrage qu’ils offrent ne pourront pas être immédiatement remplacés par de nouveaux arbres plus résistants.


Dans l’optique d’orienter les choix de plantation futurs, les chercheurs ont identifié des espèces plus résistantes à la sécheresse : Acer platanoides et monspessulanum (érable plane et de Montpellier), Celtis australis (micocoulier de Provence), Cedrus Atlantica (cèdre de l’Atlas) le Prunus dulcis (amandier) et le Sorbus aria (alisier blanc). Ces espèces présentent des marges de sécurité hydraulique élevées et seront donc mieux adaptées aux futures conditions urbaines avec stress hydrique. Par ailleurs, ces espèces appartiennent aux écosystèmes naturels environnants (alisier blanc, érable plane) ou sont déjà présentes, voire historiquement cultivées, sur le territoire (érable de Montpellier, micocoulier, cèdre, amandier).

Comprendre l'impact du vent sur les arbres en ville

Les chercheurs ont testé in situ le comportement mécanique des tilleuls situés de part et d'autre de la Muraille pour évaluer leur stabilité face aux vents forts susceptibles d'affecter la zone de Saint-Jacques. Ils ont constaté que les tilleuls ne présentent actuellement pas de vulnérabilité mécanique face aux vents forts — contrairement à leur vulnérabilité aux sécheresses. Toutefois, il reste recommandé de continuer à surveiller ces arbres pour suivre leur acclimatation au nouvel environnement plus venteux. Au besoin, des mesures pourront être mises en place pour les stabiliser et prévenir les risques de chute en cas de tempêtes, notamment :  

  • l'élagage : réduire les parties supérieures de l’arbre pour diminuer la prise au vent,
  • le haubanage : stabiliser les branches avec des câbles,
  • la mise en place de barrières de protection pour limiter l'accès aux zones à risque,
  • l'installation de capteurs pour un suivi continu visant à prévenir les dangers pour le public.

Des applications concrètes pour Clermont-Ferrand

En recommandant des espèces d’arbres adaptées et en encourageant le maintien des arbres existants, tout en réduisant les risques (physiologiques et mécaniques) grâce à un suivi en temps réel par des capteurs, ce projet offre des solutions concrètes pour la métropole clermontoise. Ce type de collaboration entre scientifiques, collectivités et urbanistes, initié par ce projet, devrait se développer et intégrer un volet formation pour les équipes de gestion des arbres. Ainsi, ces partenariats devraient permettre de rendre les espaces verts plus durables et plus résistants aux conditions changeantes à venir, afin de permettre à chaque citoyen de mieux vivre en ville.

Installation du capteur e-PépiPIAF connecté qui mesure en continu la croissance du diamètre d’un tilleul et la température de l’air à l’ombre de la « Muraille ».

 

Anaïs Rodrigues Chargée de communication

Contacts

Thierry Ameglio Directeur de RechercheUMR PIAF (INRAE - UCA)

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