Biodiversité 3 min
Nichoirs artificiels pour abeilles cavicoles : les abeilles peuvent-elles nicher dans le béton ?
Les nichoirs artificiels pour abeilles solitaires et autres hyménoptères cavicoles peuvent être utilisés comme outils de recherche en écologie, pour soutenir la pollinisation de certaines cultures, ou encore pour sensibiliser le grand public aux enjeux de conservation des pollinisateurs. Alors que la plupart des nichoirs à abeilles sont fabriqués en bois, les scientifiques de l'unité de recherche Abeilles et Environnement d'Avignon ont évalué des prototypes de nichoirs en béton, qui ont l’avantage d’être pérennes et de proposer une gamme différente de substrats pour la nidification. Les résultats de recherche sont parus le 7 octobre 2023 dans la revue Biodiversity and Conservation.
Publié le 26 janvier 2024
Dans le cadre de cette étude, un suivi de 3 années consécutives a été réalisé impliquant 52 nichoirs en béton, conçus par la société VICAT, exposés dans 11 sites différents en France et totalisant 2 912 orifices de 6 à 12 mm de diamètre.
Rapidement, une activité de nidification a été constatée dans l’ensemble des sites, ainsi que l’émergence d’une descendance viable. Les populations d'abeilles locales établies dans ces nichoirs ont augmenté régulièrement au cours des 3 saisons successives dans presque tous les sites, avec un taux de colonisation moyen atteignant 25 % des orifices.
Un total de 11 espèces cavicoles ont été répertoriées, essentiellement des Megachilidae communes et généralistes. Des possibilités seraient ainsi offertes par les nichoirs en béton en tant qu'outils pour l'agriculture urbaine et la sensibilisation du public.
Sensibiliser la société à la biodiversité
Les scientifiques soulignent que ces structures, visibles dans l'espace public, sensibiliseraient le public à l’existence et à la sauvegarde des pollinisateurs sauvages, avec des affichages explicatifs accompagnant l’observation de ces nids dans les parcs urbains.
Soutenir la biodiversité en ville
Les résultats montrent que de tels équipements contribueraient à pérenniser des populations locales d’abeilles sauvages (généralement solitaires) pour leur service de pollinisation en agriculture urbaine, avec des implantations possibles dans des parcs urbains, sur les toits végétalisés, les jardins partagés ou toutes formes de mobilier urbain.
Développer de nouveaux design urbains
Ces approches de restauration ou de construction urbaine basées sur le principe du biomimétisme permet la conception de quartiers s'inspirant du fonctionnement de l’écosystème local et recréant ou restaurant les services écosystémiques et interactions entre espèces.
Ces travaux ouvrent la voie à de nouveaux défis comme de trouver les meilleurs compromis de positionnement, de configuration, de distribution et de nombre de nichoirs idéal dans un quartier pour se rapprocher au mieux des préférences des espèces et atteindre leur optimum en termes de conditions thermiques et dilution des risques de parasitisme des nids ou de prédation par des guêpes et autres insectes prédateurs.
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Henry M., Berrou P.J., Bourdon S., et al. (2023). Assessing concrete nest boxes for cavity-nesting bees. Biodivers Conserv, doi:10.1007/s10531-023-02719-3.
https://link.springer.com/article/10.1007/s10531-023-02719-3
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Initié en 2015 par un groupe cimentier français, le programme Odyssée œuvre pour la préservation des insectes pollinisateurs et des abeilles sauvages en milieu rural et urbain. Des actions en faveur de la biodiversité sont réalisées sur des carrières et sites industriels, comme l’ensemencement de prairies fleuries, l’implantation de vergers conservatoires, ainsi que des opérations pédagogiques de sensibilisation à l’environnement.
En partenariat avec INRAE, une étude expérimentale s’inscrivant dans une démarche de science participative est menée depuis près de 5 ans, afin d’étudier les capacités d’accueil du béton comme support de nidification pour des abeilles sauvages.
Découvrez le programme Odyssée.