Alimentation, santé globale Temps de lecture 3 min
Un mécanisme d’infection virale atypique mis en évidence
Publié le 24 août 2023

Isolé en 1971, le virus Toscana (VTOS) est endémique dans le bassin méditerranéen. Le virus Toscana est la cause principale d’arboviroses[1] chez l’homme en Europe du sud pendant la saisons estivale. Il est responsable d’infections du système nerveux, provoquant des syndromes fébriles, des méningites, voire des méningo-encéphalites, parfois fatales. Le réchauffement climatique et les déplacements humains provoquant l’expansion géographique des insectes vecteurs du virus, le risque d’introduction du VTOS en Europe du Nord et au Moyen-Orient est de plus en plus grand. Aucun vaccin ni traitement ne sont disponibles à l’heure actuelle pour prévenir ou soigner l’infection, et peu de recherches sont menées sur ce virus.
Un éclairage sur les mécanismes cellulaires détournés par le virus
Les chercheurs ont décomposé les mécanismes moléculaires et cellulaires utilisés par le VTOS pour entrer dans ses cellules cibles, des étapes cruciales pour l’établissement de l’infection. Jusqu’à présent, il était admis que la plupart des arbovirus avait besoin d’un signal dans les cellules cibles pour déclencher leur entrée dans la cellule : un seuil de pH acide, spécifique de vésicules intracellulaires (les endosomes), depuis lesquelles ces virus libèraient leur matériel génétique à l’intérieur de la cellule-hôte pour débuter leur multiplication.
Cette étude apporte un nouvel éclairage sur ces mécanismes. A la différence de ce qui était jusqu’alors admis, les scientifiques montrent que le VTOS ne dépend pas d’un seuil pH spécifique pour son activation et sa pénétration mais requiert l'acidification progressive des endosomes au cours de leur déplacement dans la cellule. Les chercheurs ont également montré que le virus peut rester infectieux à l’intérieur des endosomes pendant de longues périodes, même si le pH est inférieur au seuil de pénétration et ne libérer son génome dans la cellule qu’ultérieurement. Dans l’étude, les mêmes observations ont été faites pour d’autres virus pathogènes proches du VTOS, notamment le virus de la fièvre de la Vallée du Rift qui infecte les hommes et les animaux d’élevage.
Ces résultats invitent à revisiter les mécanismes de pénétration décrits jusqu’à présent pour les arbovirus et de nombreux autres agents pathogènes qui utilisent l’acidité endosomale comme déclencheur de l’entrée infectieuse.
Enfin, une meilleure compréhension des mécanismes utilisés par le virus pour infecter les neurones est essentielle dans l’optique du développement d’approches préventives et thérapeutiques, non seulement contre le VTOS, mais également contre tous les virus qui utiliseraient des processus d’entrée cellulaire similaires.

[1] Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus transmis par un arthropode (moustique, moucheron piqueur, tique) ; on peut citer la fièvre jaune, la dengue ou encore le chikungunya.
Référence :
The phenuivirus Toscana virus makes an atypical use of vacuolar acidity to enter host cells
Koch J, Xin Q, Obr M, Schäfer A, Rolfs N, et al. (2023) The phenuivirus Toscana virus makes an atypical use of vacuolar acidity to enter host cells. PLOS Pathogens 19(8): e1011562. https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1011562