Agroécologie 2 min

De l’utile à l’agréable : naissance et analyse de l’idée de plante-machine

COMMUNIQUE DE PRESSE - Comment est née, en Occident, l’idée d'une plante, vue comme une machine, au service de l’homme ? Des scientifiques INRAE, en collaboration avec l’université de Bordeaux, s’interrogent sur cette tendance à penser les plantes comme des objets, outils, dont le seul but serait de servir les besoins humains. Une réflexion et des perspectives recueillies dans un article paru dans la revue Journal of Agricultural and Environmental Ethics.

Publié le 07 février 2022

illustration De l’utile à l’agréable :  naissance et analyse de l’idée de plante-machine
© Pixabay

Des termes, utilisés communément dans les sciences du végétal, comme par exemple « biomasse végétale », « services écosystémiques » ou « amélioration des plantes » peuvent être associés à une idée commune : les plantes sont des machines, au service de l’humain.

 

Cette idée, qui pourrait paraître anodine, est le point de départ d’une analyse réflexive. Quelles sont les origines philosophiques de la représentation des plantes telles des machines ? Quelles sont les conséquences techniques et éthiques de cette conception ? En étudiant les publications scientifiques au cours des temps, en interrogeant les pratiques scientifiques actuelles les auteurs ont mené une enquête de philosophie de la biologie.

 

L'idée trouve ses racines dans l'animal-machine pensé par René Descartes, mais la thèse de la plante-machine reste aujourd'hui largement implicite. L'hypothèse des auteurs est que l'exploitation et la découpe des plantes s’accompagnent de la disparition des approches sensibles, et conduisent à l'invisibilisation de ces organismes. Les plantes sont pourtant bien des êtres vivants, de l’arbre le plus massif à la « mauvaise herbe » sur un trottoir. Mais cette dernière pâtit d’une réputation d’inutile, voire de nuisible, alors que l’arbre, lui, est protégé, en particulier par sa qualité de « puits de carbone ».

 

Le terme de plant blindness, proposé par des enseignants étasuniens en biologie à la fin du 20e siècle, traduit simplement par « indifférence aux plantes », rend bien compte de ce biais cognitif. C’est notamment le résultat de notre anthropocentrisme, qui nous éloigne de la vision, de la considération, de l'intérêt pour les plantes, ces organismes vivants majeurs de nos vies, bien au-delà de leurs rôles utilitaires et de leur aspect éventuellement décoratif.

 

Ces travaux de philosophie de la biologie, loin de constituer un positionnement scientifique univoque, permettent de nourrir la diversité des points de vue, essentiels au sein de la communauté scientifique. Cette analyse amène à réfléchir à l’évolution des pratiques scientifiques, en intégrant la complexité et la richesse du statut des plantes.

Référence
Gerber, S., Hiernaux, Q. Plants as Machines: History, Philosophy and Practical Consequences of an Idea. J Agric Environ Ethics 35, 4 (2022). https://doi.org/10.1007/s10806-021-09877-w

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