Agroécologie 2 min

L’urbanisation diminue la régulation naturelle des insectes nuisibles

COMMUNIQUE DE PRESSE - Au moins la moitié des espèces d'insectes vivant sur notre planète se nourrissent de plantes. Certaines de ces espèces constituent une grande menace pour la santé des plantes, cultivées ou non. Alors que la protection des plantes contre ces insectes repose encore principalement sur des produits phytosanitaires, elle peut aussi être assurée par des ennemis naturels de ces nuisibles. Dans quelle mesure l’urbanisation des écosystèmes perturbe la régulation naturelle des insectes nuisibles ? INRAE a pris part à une étude mondiale pour répondre à cette question, dont les résultats sont parus dans Science of the Total Environment.

Publié le 07 juin 2022

illustration L’urbanisation diminue la régulation naturelle des insectes nuisibles
© Pixabay

La lutte biologique est l'un des services essentiels fournis par la biodiversité. Elle est assurée par des ennemis naturels, qui contribuent à limiter les populations d’insectes se nourrissant de plantes en dessous du seuil où ils ne sont plus considérés comme nuisibles. Coccinelles, guêpes parasitoïdes ou encore araignées sont ainsi de redoutables prédateurs pour ces nuisibles.

Afin d'examiner l'effet de l’urbanisation sur ce service écosystémique, une étude a été menée par une équipe internationale réunissant INRAE, le Centre de recherche écologique en Hongrie, et l'Université technique de Munich en Allemagne. Les chercheurs ont utilisé une approche par méta-analyse, qui permet de synthétiser les résultats de plusieurs articles scientifiques traitant de la même question.

L’équipe de scientifiques a recensé 52 études réalisées dans différentes villes à travers le monde. Ils ont constaté que par rapport aux zones rurales, les zones urbaines augmentent de 44% environ l’abondance des insectes piqueurs-suceurs, comme les pucerons et les cochenilles. A l’inverse, le nombre d’ennemis naturels ayant une faible capacité à se disperser y est plus faible.

Leurs résultats vont même plus loin indiquant que plus le niveau d’urbanisation augmente, plus le niveau de contrôle biologique fourni par les ennemis naturels diminue. Dans les villes, les insectes nuisibles, et notamment les piqueurs-suceurs, sont donc moins bien régulés par leurs ennemis naturels. Or ces insectes peuvent être considérés comme problématiques en zones urbaines car ils détériorent fortement l'état des plantes et peuvent rendre les trottoirs ou d'autres surfaces collantes.

Il est cependant possible de soutenir les ennemis naturels grâce à des aménagements spécifiques : des zones de végétation diversifiée (comprenant des herbes hautes, des arbustes et des arbres), avec une tonte occasionnelle, en laissant toute la biomasse végétale coupée intégralement sur le sol. Autant d’aménagements qui fournissent des abris et des conditions environnementales favorables pour leurs prédateurs.

Ainsi, cette étude souligne l’intérêt du recours aux solutions fondées sur la nature* et de la réduction de l’artificialisation des sols dans les villes pour contribuer de manière significative à la restauration des communautés d’insectes et de leurs fonctions écologiques.

* Actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. (Source UICN)

Référence
Korányi, D., Egerer, M., Rusch, A., Szabó, B. & Batáry, P. (2022) Urbanization hampers biological control of insect pests: A global meta-analysis. Science of the Total Environment 834: 155396. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.155396

En savoir plus

Biodiversité

Les codes-barres ADN, un outil pour mesurer l’impact de l’urbanisation sur la diversité des abeilles sauvages en Centre-Val de Loire

Les code-barres ADN représentent un outil innovant pour le suivi du déclin des insectes pollinisateurs, en permettant l’identification d’un grand nombre d’individus et la mesure non seulement de la richesse en espèces, mais également des abondances. Dans le cadre du projet POLLEN (*) financé par la Région Centre-Val de Loire, la bibliothèque de référence de codes-barres ADN, constituée par un consortium des unités URZF, EFNO, LBLGC, IRBI, CETU Innophyt et l’expert taxonomiste David Genoud, aidera à rationaliser l'identification des abeilles sauvages en région Centre-Val de Loire et à évaluer leur réponse aux perturbations anthropiques, telles que l'urbanisation.

06 avril 2021

Agroécologie

Réaliser un diagnostic de la santé des abeilles en traduisant leurs phéromones

Label Abeille, créateur de l’apiculture connectée apporte des solutions de gestion de ruches à distance, et s’associe à un chercheur d’INRAE, spécialiste de l’analyse chimique et des techniques d’intelligence artificielles appliquées aux domaines de l’agriculture et de l’alimentation. Ensemble, ils développent un procédé breveté permettant de comprendre la production de composés organiques volatils dont les phéromones font parties, émis au sein de la ruche par les abeilles. Cette innovation promet une révolution dans la compréhension des interactions entre l’abeille et son environnement et constituera pour la filière apicole le premier outil connecté de diagnostic de la santé des colonies pour un usage sur le terrain. 

05 juillet 2021

Biodiversité

Lutter contre la prolifération de campagnols grâce à l’identification des signaux chimiques qu’ils émettent pour se reproduire

COMMUNIQUE DE PRESSE - Pour informer leurs congénères de leur état physiologique, les campagnols utilisent le marquage odorant. Des chercheurs de l’Inra, de l’Institut Pasteur de Lille et d’ALLICE viennent d’identifier les signaux chimiques émis par les deux sexes, à partir d’urine et de glandes abdominales. Leurs résultats, parus dans Scientific reports le 5 décembre 2019, montrent que les composés émis par l’urine et les glandes abdominales sont différents et que leur production dépend du sexe mais surtout de la période de l’année. Ces travaux permettent d’envisager le développement de nouvelles stratégies de lutte plus respectueuses de l’animal et de l’environnement.

18 décembre 2019