L’enseignement agricole technique, creusets des liens entre sciences et sociétés pour INRAE
La région Occitanie représente un terrain d’expérimentation novateur en sciences et recherches participatives pour INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Illustration par l’organisation d’une journée de rencontres, le 12 octobre 2023, au lycée agricole de Théza à Perpignan.
Publié le 16 novembre 2023
Une science plus ouverte, plus accessible aux agriculteurs, des étudiants qui contribuent aux recherches, des chercheurs et des enseignants qui partagent leurs connaissances, des communautés qui s’enrichissent mutuellement et construisent ensemble des projets pour répondre aux questionnements issus du terrain : tels sont les objectifs de la journée « Ça coule de source ! » co-organisée avec INRAE le 12 octobre 2023 au lycée agricole de Théza, à Perpignan. « Elle a réuni plus de 80 participants, enseignants, formateurs, chercheurs ou ingénieurs, directeurs d’exploitation agricoles ou d’établissements scolaires publics, privés ou MFR, étudiants en BTS et représentants des collectivités locales, de la Région et de l’Etat (DRAAF, INRAE) », décrit Dominique Desclaux, chercheure INRAE (DipSO et UE DIASCOPE).
La matinée a été consacrée à des témoignages d’enseignants et de chercheurs ayant collaboré dans des projets de sciences et recherches participatives sur la ressource en eau. Ces témoignages ont fait ressortir de fortes motivations à travailler ensemble, pour plusieurs raisons : offrir aux apprenants la possibilité de s’inscrire dans des démarches scientifiques, multiplier les terrains d’expérimentations pour les scientifiques, combiner des dispositifs à visée pédagogique et des protocoles de recherche etc. Des initiatives régionales, telles que la plateforme technologique GH2O, le défi-clé Water Occitanie et le projet EDUC’EAU, ont ainsi été présentées sous forme de capsules vidéos.
« Les échanges ont fait ressortir l’importance et la pertinence des interactions entre les mondes de la recherche et de l’enseignement agricole, pour les acteurs, ainsi que le souhait de développer davantage de projets communs », conclut Anaïs Boury-Esnault, ingénieure INRAE en charge de l’événement (DipSO).
Au-delà des freins, une forte envie de co-construire
Mais les obstacles sont réels, évoqués aussi bien côté Recherche qu’Enseignement : manque de temps, de moyens humains, insuffisance des ressources financières, lourdeur des protocoles, peur de la qualité des résultats obtenus, baisse de motivation au cours du temps, difficultés de valorisation scientifique, contraintes et difficultés à intégrer des projets de recherche. « L’enjeu de cette journée a donc été d’expliciter ces contraintes et d’envisager divers leviers permettant une mise en œuvre sereine de projets de recherche opérationnels », résume Dominique Desclaux.
L’après-midi a été rythmée par sept ateliers thématiques, articulés autour du thème de la ressource en eau, et envisagés comme autant de pistes possibles de recherche de solutions. Dans chaque atelier, les différents acteurs ont pu confronter leurs idées, leurs visions, leurs souhaits, leurs craintes et leurs motivations et déployer une feuille de route, mentionnant les premiers petits pas potentiels à construire ensemble.
Les perspectives de projets communs sont nombreuses : les établissements d’enseignement et de formation technique agricole (publics, privés, MFR) représentent des terrains favorables pour mettre en place des expérimentations en sciences et recherches participatives. Les étudiants entretiennent des liens forts avec des agriculteurs locaux, impliquer les jeunes dans des projets pourraient permettre de les rendre acteurs des changements, tout en transmettant de nouvelles compétences. « L’enjeu en terme de formation, c’est d’avoir des professionnels du monde agricole capables d’intégrer les problématiques scientifiques dans leur quotidien », souligne Florent Guhl, Directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.
Tout au long de la journée, une animation participative a pu parfois désarçonner, mais aussi agréablement surprendre, scientifiques, enseignants et étudiants qui se sont prêtés avec plaisir aux jeux des questions / réponses, des prises de parole sans protocole hiérarchique, dans un partage des connaissances bienveillant et décomplexé. Ce que Dominique Desclaux retiendra de cet événement ? « Des cascades d’ambiances joyeuses et détendues, des bouillonnements de contacts, des jeysers de nouvelles idées, des torrents de belles opportunités pour que les sciences participatives coulent de source via l’enseignement agricole ! ».
La journée de rencontres « Ça coule de source » au lycée de Théza a conforté les uns et les autres de l’indéniable envie et besoin de travailler ensemble. Elle fait suite à une précédente initiative, organisée au lycée agricole Charlemagne de Carcassonne, qui avait accueilli la cérémonie de remise du Prix national des sciences et recherches participatives en 2022. Dominique Desclaux, Yuna Chiffoleau et Marie-Françoise Samson, toutes scientifiques d’INRAE, et leurs partenaires d’Occitanie avaient été récompensés pour leur projet « Des semences à l’assiette : 20 ans de recherches participatives ».
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La journée en images
Ce qu'ils ont retenu...