Agroécologie 2 min

L’avenir de l’herbe en discussion

350 personnes, agriculteurs, professionnels, chercheurs et étudiants étaient rassemblées jeudi 24 septembre à l’Herbipôle, sur le site de Laqueuille (63), autour de la problématique de l’herbe.

Publié le 07 octobre 2020

illustration L’avenir de l’herbe en discussion
© INRAE

La question de l’herbe est un sujet d’actualité dans les zones d’élevage : elle devient label de qualité pour les aliments viande ou fromage ainsi que pour la filière, mais dans le même temps, la gestion de l’élevage et de la ressource herbe est difficile à cause d’aléas nombreux : climatiques, nuisibles, économiques, sanitaires… Comment diminuer la vulnérabilité des systèmes aux aléas ? Comment profiter de la résilience des systèmes ? Autant de sujets qui ont pu faire l’objet de présentations et d’échanges lors de la journée organisée en partenariat sur le site INRAE de Laqueuille (Chambres d’agricultures du Puy de Dôme et du Cantal, EDE Puy de Dôme, INRAE). Quel rôle pour la recherche, qu’elle soit publique ou émanant des partenaires techniques et de conseil ? Fournir des éléments objectifs pour éclairer et aider non seulement la profession mais aussi les décideurs publics dans leurs choix.

Préoccupation climatique

L’herbe est la principale ressource alimentaire de l’élevage en montagne et cette ressource tout autant que l’élevage fait l’objet d’investissements importants. Parfois l’autonomie est remise en cause par les sécheresses et le manque fourrager qui en résulte.

Diverse actions de communication et de développement portées par les différents acteurs du territoire – comme les « journées de l’herbe »-  visent à aider les éleveurs à anticiper le changement climatique, en amorçant des changements adaptatifs au niveau de la gestion des parcelles et des troupeaux, à l’aide de pistes et de solutions élaborées conjointement par les chercheurs, les agriculteurs et les professionnels pour le territoire du Massif central.

S’adapter à une tendance ne mobilise pas les mêmes leviers que la réduction de la vulnérabilité à une forte variabilité inter annuelle ou la résistance à un évènement extrême.

Par exemple, pour la phase de mise à l’herbe au printemps, on peut osciller entre « sortir trop tôt » ou « sortir trop tard », avec des enjeux comme la préparation du pâturage et de la transition alimentaire des animaux, la programmation de la prophylaxie ou des mises en lutte des animaux, ou sur le court terme gérer l’ordre de passage des parcelles et la sortie des animaux. Tout repose sur l’adaptation, avec 3 mots clés : prévoir, anticiper, réactivité. Il est aussi important de prévoir et anticiper des solutions de repli à court et moyen terme sur la disponibilité des ressources ou les besoins des animaux.

Lors du colloque, « l’herbe face aux aléas », des outils nouveaux ont été présentés pour réduire la vulnérabilité des systèmes, comme le Diagnostic multifonctionnel des prairies ou DIAM (*), avec des témoignages d’éleveurs. Cet outil vise à préserver voire améliorer les ressources fourragères disponibles, diminuer la vulnérabilité de ces ressources. Tout repose sur le diagnostic floristique précis et l’évaluation du potentiel de chaque prairie. Après un DIAM, des éleveurs se disent ainsi « étonnés » de la variabilité de leurs prairies, en trouvant une douzaine de types différents de prairies à la suite du diagnostic, alors qu’ils ne croyaient au départ en avoir que 5. D’autres prennent conscience de l’importante de gérer au mieux cette ressource, suivant ses potentialités, par exemple pour générer des appoints de stocks qui seront d’un grand secours lors d’épisodes de sécheresse. Dans ce même registre, d’autres présentations sur les opportunités d’utiliser l’arbre et la haie, ont pu donner des clés pour valoriser les arbres des exploitations, tant sur le plan fourrager, que pour l’utilisation de bois de plaquette (litière) ou encore pour le mieux-être offert aux animaux lors des canicules (ombre).

Des ateliers pour échanger

Les ateliers de ces « Journées de l’herbe » ont permis de faire le point sur les travaux de recherche, les avancées des connaissances des dernières années, et d’applications en cours.

Ils permettaient en effet d’observer et d’échanger sur différents sujets clés du système d’élevage : les techniques de cultures des prairies, la valorisation de l’herbe, l’opportunité des haies et des arbres, la gestion raisonnée des campagnols terrestres en prairie…

Ce qui ressort d’un certain nombre de travaux, c’est que les actions individuelles des éleveurs ont des impacts sur l’ensemble des processus écologiques des prairies, que ce soit à l’échelle locale (intra parcelle) ou plus globale (le paysage). Par ailleurs, l’herbe se cultive, s’entretien, se fertilise, mais chaque type de prairie nécessite des besoins différents (au risque de les dégrader) et a des potentialités différentes. Il est également envisageable d’agréger des indicateurs « agroécologiques », à l’échelle d’une exploitation ou d’un territoire, avec au final, toujours en relation avec le produit et le terroir, une communication positive, répondant aux attentes des consommateurs, et une plus-value. Quant à la lutte contre les campagnols terrestres en prairie, elle est en train de se ré-organiser, avec de nouvelles stratégies élaborées au regard des nouvelles connaissances acquises ces dernières années. La surveillance est au cœur du dispositif, avec une nouvelle appli mobile de signalement (repérer et localiser les premiers foyers est important pour avoir un coup d’avance). Des exemples de lutte réussies montrent combien les solutions doivent être adaptées à chaque situation d’une part, et envisagées de façon collective d’autre part.

 

Vous pouvez retrouver la documentation de cette journée sur ce site : https://extranet-puy-de-dome.chambres-agriculture.fr/hdnm/#c1079451

* Vous souhaitez réaliser un diagnostic multifonctionnel de votre exploitation ? Nous vous invitons à vous rapprocher de votre Chambre d’Agriculture (Ardèche, Aveyron, Cantal, Haute-Loire, Lozère, Puy-de-Dôme). Informations et téléchargements sur ce site : https://www.sidam-massifcentral.fr/developpement/aeole/

 

brebis à l'étable et fourrage disposé de part et d'autre de l'allée centrale pour alimenter les parcs

 

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