Alimentation, santé globale Temps de lecture 4 min
L’Amibiote : la nouvelle alliée de votre microbiote
Depuis le 1er octobre, une petite nouvelle a fait son arrivée sur le marché de la boulangerie : l’Amibiote. Fruit de plusieurs années de recherches, cette baguette inédite contient des fibres végétales rigoureusement sélectionnées pour leurs effets bénéfiques sur le microbiote.
Publié le 28 février 2020

Une croûte légèrement dorée et croustillante, une mie fondante, une odeur de pain tout juste sorti du four… A vue de nez, l’Amibiote ressemble à toutes les baguettes que l’on trouve sur les étals des boulangeries. La croûte ne faisant pas la baguette, ce qu’elle contient lui confère de nombreux atouts nutritionnels et la distingue de ses voisines de rayon. Sa principale spécificité : les fibres végétales qui la composent. Alors qu’un pain blanc classique renferme essentiellement de l’amidon et de la cellulose, 7 fibres végétales, solubles et insolubles, constituent l’Amibiote (voir encadré ci-dessous).
Elles sont issues de plusieurs années de recherches menées par Joël Doré, directeur de recherche à l’unité Micalis (Microbiologie de l'Alimentation au Service de la Santé) et directeur scientifique de l’unité MétaGénoPolis1au centre Île-de-France – Jouy-en-Josas de l’INRAE. Cette « super-baguette », développée en partenariat avec la société Bridor, doit ainsi permettre d’enrichir l’apport en fibres des consommateurs en qualité comme en quantité2. L’Amibiote apporte 11 grammes de fibres pour 100 grammes de pain (dont plus de 50% sous forme soluble), contre 4 grammes pour une baguette traditionnelle.
L’Amibiote a obtenu un A sur l’échelle du Nutri-Score
11 grammes de fibres pour 100 grammes de pain
Cette petite nouvelle possède une autre aptitude : la patience. Elle a fermenté lentement grâce à du levain. Cette croissance contrôlée ainsi que sa composition lui confèrent des qualités nutritionnelles. Bonne élève, l’Amibiote a obtenu un A sur l’échelle du Nutri-Score3. En baguette fiable, elle ne se contente pas de promesses de vente. Pour s’assurer de ses effets sur la santé humaine elle a été soumise à des tests4. Ils démontrent qu’un apport de 150 grammes de ce pain multifibres contribue à la qualité du microbiote intestinal (voir encadré ci-dessous).
« La consommation de fibres variées est un moyen fiable de jouer sur le microbiote et de favoriser le développement de diverses bactéries », précise Joël Doré. Dans le même temps, ses qualités nutritionnelles ont été mises en exergue : diminution du taux de cholestérol et amélioration de la sensibilité à l’insuline. Le mécanisme qui amène à ce résultat n’a pas encore été décrit. Le directeur de recherche souligne cependant que l’action positive du beta-glucane, contenu dans l’Amibiote, sur la régulation du cholestérol est largement documentée, il émet l’hypothèse que la richesse en fibres, en agissant sur le microbiote, potentialise cet effet. Forte de sa croûte craquante et de ses bons résultats l’Amibiote fait ainsi la fierté de Joël Doré, « offert au plus grand nombre, un tel produit dont les effets sur la santé ont été prouvés permet d’espérer un réel impact sociétal ! ».
1 MétaGénoPolis : dispositif unique en Europe, qui rassemble 4 plateformes innovantes au service de la communauté médicale, scientifique et industrielle pour étudier le microbiote.
2 Le programme national de nutrition santé recommande de consommer 30 grammes de fibres par jour.
3 Nutri-Score : ce système de notation des aliments a pour objectif de faciliter la compréhension des valeurs énergétiques et nutritionnelles. Grâce à une lettre et une couleur allant de vert/lettre A (la meilleure note) à rouge/lettre E (la plus mauvaise), il informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits.
4 Etude menée sur 40 volontaire par le CRNH ( Centre de Recherche en Nutrition Humaine Rhône-Alpes) en partenariat avec l’INRAE. Le CRNH a étudié les impacts sur la santé et Métagénopolis les effets sur le microbiote.

Les fibres végétales : le superpouvoir de l’Amibiote
Les fibres végétales, solubles et insolubles, qui constituent l’Amibiote forment son principal atout. D’une part, au moins la moitié d’entre elles sont solubles et ces fibres, essentielles pour le bon fonctionnement de notre microbiote, sont généralement consommées en trop petite quantité, d’autre part, pour leur diversité. L’inuline, la pectine, le son d’avoine, le son de blé micronisé, la dextrine de blé, la gomme de caroube et le flocon d’avoine, représentent les grandes familles de fibres végétales. Cette hétérogénéité, en offrant une nourriture variée, encourage une plus grande diversité de bactéries consommatrices de fibres dans notre microbiote. Un microbiote riche et varié qui bénéficie à notre santé ; « lorsque l’on favorise les bactéries qui dégradent les fibres, on oriente le métabolisme des microbes vers la production de molécules qui jouent sur la santé de la paroi intestinale, ou encore sur l’immunité », note le chercheur. La pluralité des fibres végétales apportées par l’Amibiote profite à notre microbiote et plus largement à notre santé.
En savoir plus : les fibres prébiotiques
Le microbiote, un rôle central pour la santé humaine
Plus de 100 000 milliards de bactéries évoluent dans nos intestins. Ce monde de bactéries possède 25 fois plus de gènes que le génome humain. Il est l’interface entre les aliments et le corps humain. Ce que l’on nomme le microbiote intestinal joue un rôle majeur sur notre digestion mais aussi sur notre santé de manière générale, certains parlent même d'un deuxième cerveau au cœur de notre ventre. Si on lui attribue avant tout un rôle de protecteur, ses dérèglements seraient aussi associés à de nombreuses maladies, inflammatoires, métaboliques ou neurologiques. Ces bactéries affectent notre inflammation, notre appétit, et même notre humeur. Des altérations de cet écosystème complexe semblent être associées à des maladies chroniques, des chercheurs établissent des liens entre détériorations du microbiote et obésité, diabète, allergie, voire même anxiété, dépression, autisme. Pour rester équilibré le microbiote a besoin d’être bien nourri et soigné.
En savoir plus : Bien nourrir son microbiote
Joël Doré : le spécialiste de votre microbiote
Joël Doré est titulaire d’un DEA de physiologie animale appliquée. C'est à l'occasion de son stage de DEA, en 1983, qu'il commence à travailler à INRAE. Depuis ses débuts à l’INRAE, il y a 36 ans, il se consacre au microbiote intestinal, d’abord celui des animaux, puis, depuis 25 ans, à celui des humains. En 1992, il a déposé son premier projet européen. En 2010 il devient directeur adjoint de l’institut Micalis. Depuis 2012 il est le directeur scientifique de MétaGenoPolis au centre Île-de-France – Jouy-en-Josas de l’INRAE, une plateforme unique de recherches spécialisée dans l’étude du microbiote à l’aide des outils de la génomique.
Pour aller plus loin :
https://www.micalis.fr/
http://www.mgps.eu/index.php?id=accueil