Alimentation, santé globale Temps de lecture 5 min
Julie Reveillaud, lauréate ERC " Starting Grant " 2020
Spécialiste des interactions entre animaux, bactéries et virus, Julie Reveillaud a été sélectionnée pour recevoir la prestigieuse bourse Starting Grant 2020 du Conseil européen de la recherche - ERC. D’un montant de 1,5 million d’euros sur cinq ans, cette dotation lui permettra d’intensifier ses travaux sur les interactions entre les communautés bactériennes, dont la bactérie intracellulaire Wolbachia et ses éléments génétiques mobiles, et les agents pathogènes viraux chez le moustique, dans une perspective de santé publique, à savoir développer des moyens alternatifs de lutte contre les agents pathogènes transmis par les insectes.
Publié le 03 septembre 2020

Chargée de recherche INRAE, Julie Reveillaud travaille depuis plusieurs années sur les interactions entre animaux, bactéries et virus. Qu’il s’agisse des éponges marines, des crevettes hydrothermales ou des moustiques et de leurs relations avec les communautés bactériennes qu’ils hébergent, ce sont, commente Julie « des questions similaires, les mêmes outils mais des modèles différents ».
Forte des compétences pluridisciplinaires qu’elle a construites au fil des ans dans ce domaine, Julie Reveillaud explore désormais les interactions, et les mécanismes sous-jacents, entre la bactérie Wolbachia - une bactérie intracellulaire infectant plus de 70 % des insectes et capable d’influencer la transmission par ces derniers d’agents pathogènes comme le virus du Nil occidental - les autres communautés de bactéries présentes, et leur hôte, le moustique commun, Culex pipiens. Dans une récente étude, elle a identifié, avec ses partenaires, un nouvel élément génétique mobile de type plasmide chez cette bactérie, pWCP (en anglais, Plasmid of Wolbachia in Culex pipiens).
Aujourd’hui, elle est l’heureuse lauréate d’une bourse Starting Grant pour son projet RosaLind (en anglais, Ecogenomics of mosquito-microbe symbiosis for novel control strategies of infectious diseases).
RosaLind, vers de nouvelles stratégies de contrôle des maladies infectieuses
Dans un premier temps, ce projet consistera à étudier, à grande échelle, la variabilité génétique des souches bactériennes de Wolbachia, et de leurs éléments génétiques mobiles, hébergées chez des moustiques naturellement infectés et collectés de par le monde. Il s’agira également de comprendre s’il y a un lien entre la densité de bactéries abritées par chaque individu et la protection qu’elles peuvent potentiellement offrir contre la transmission d’agents pathogènes viraux. Dans un deuxième temps, des moustiques seront infectés artificiellement avec des virus pathogènes. La présence de symbiontes sera analysée à l’échelle des différents organes de l’insecte (ovaires, tube digestif…) et le rôle de ces symbiontes dans la transmission de l’infection virale sera évaluée.
Enfin, le projet se focalisera sur le plasmide de Wolbachia chez Culex pipiens, pWCP. L’étude de ce plasmide, et notamment de ses capacités d’expression et de transformation pourrait permettre de mettre au point de nouveaux outils pour étudier de manière approfondie Wolbachia et de proposer, à terme, des stratégies innovantes de lutte biologique contre les agents pathogènes transmis pas les moustiques.
On a tout pour faire de belles découvertes
A chaque étape de ce projet, mêlant allègrement biologie, informatique et mathématiques, Julie Reveillaud mobilisera les outils originaux de l’écogénomique, au service de l’étude des communautés microbiennes.
Une ERC Starting Grant pour stimuler des projets d’excellence
Donner envie aux autres
Grâce à ces moyens conséquents, Julie Réveillaud pourra rassembler des forces autour d’une problématique de santé publique importante pour l’explorer de façon originale et inscrire ses travaux dans le long terme tout en développant son équipe. Elle pourra également poursuivre les nombreuses collaborations internationales qu’elle a nouées jusque-là autour de ses travaux.
Les financements ERC Starting Grant récompensent des jeunes chercheurs de toutes nationalités à un stade précoce de leur carrière. Délivrées sur le seul critère de l’excellence, ces bourses facilitent l’intégration d’un scientifique dans un laboratoire membre de l’Union européenne ou d’un pays associé. Dans le cadre de cette nouvelle édition, 436 lauréats de l’appel à projets Starting Grant ont été récompensés dont 38 pour la France.
Depuis 2016 Chargée de recherche INRAE, Montpellier (FR)
2015 – 2016 Post-doctorante Laboratoire de Microbiologie des environnements extrêmes (CNRS, Ifremer, Univ. Bretagne occidentale), Brest (FR)
2011-2014 Post-doctorante, Laboratoire de Biologie marine (MBL), Woods Hole (US)
2004-2006 Assistante de recherche, Univ. Gand (BE)
2011 Doctorat, Univ. Gand (BE)
2004 Master Biotechnologie et bioinformatique, Univ. Wageningen (NL)
2003 Master Ingénierie des bioprocess, Univ. Montpellier (FR)
1999 Licence Sciences de la vie, Univ. Paris 6 (FR)