illustration Francesco Accatino, au service des agroécosystèmes
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Agroécologie 5 min

Francesco Accatino, au service des agroécosystèmes

Chargé de recherche INRAE, F. Accatino travaille sur la durabilité des systèmes agricoles en lien avec leurs perceptions sociales. Une expertise, mêlant modélisation et approches semi-quantitatives, qui s’affirme au sein de l’Institut à la faveur des nombreux projets et expériences que le jeune scientifique compte à son actif.

Publié le 19 juillet 2021

Milan, son théâtre d’opéra, son exposition universelle… et son Ecole polytechnique dont est diplômé Francesco Accatino, désormais chercheur au sein de l’UMR Sciences pour l’action et le développement : activités, produits, territoires - SADAPT (INRAE, AgroParisTech). Une carrière qui se construit aujourd’hui à Paris après de nombreux voyages, rencontres et expériences.

Quand les voyages forment la jeunesse

Titulaire d’un master en Ingénierie environnementale de l’Institut polytechnique de Milan (IT), F. Accatino débute sans attendre une thèse portant sur la modélisation des écosystèmes. Conjuguant, entre autres, mathématique et écologie, il va alors s’intéresser aux savanes tropicales et plus précisément à la dynamique de la végétation tropicale et subtropicale au travers d’une approche de modélisation.

Pour ajouter à ses compétences, il passera d’abord quelques mois à l’Université de Göttingen (DE) puis se rendra en Afrique du Sud où, au plus près de son objet d’étude, il travaillera à l’université du Kwa-Zulu Natal. L’occasion pour lui de joindre l’utile à l’agréable et de découvrir les richesses de l’Afrique du Sud, entre Swaziland et Mozambique, du Drakensberg à Durban sans oublier les Big Five (lion, éléphant, léopard, buffle, rhinocéros) et d’autres trésors de la flore sud-africaine.

C’est ensuite au Canada, à l’Université du Western Ontario qu’il travaillera… en été tandis qu’il passera les mois d’hiver en Italie où il continue d’enseigner l’hydrobiologie environnementale. Echappant ainsi, comme il l’avoue lui-même, à la rigueur des hivers canadiens, il en profite pour donner une dimension sociétale à ses travaux sur la dynamique des écosystèmes. C’est ainsi que F. Accatino développe un modèle socio-écologique qui simule la dynamique des paysages dans le cadre de différents scénarios de politique des zones humides.

Services écosystémiques et agroécosystèmes, en route pour de nouvelles aventures

C’est depuis le Canada, d’un coup d’avion, que F. Accatino viendra en France passer les concours Inra, devenu depuis INRAE, pour être recruté, en décembre 2015, comme Chargé de recherche au sein de l’UMR SADAPT. Peu à voir avec les grands espaces de l’Afrique du Sud ou de l’Amérique du Nord mais F. Accatino est ravi de poser ses valises en région parisienne ! 

Modéliser pour répondre à des questions scientifiques, simuler des scénarios futurs et planifier des stratégies de gestion

Nouvelle fonction, nouveau thème de recherche. En pratique, F. Accatino s’intéresse désormais à l’écologie fonctionnelle et aborde la modélisation des antagonismes et des synergies entre services écosystémiques dans les agroécosystèmes européens afin d’en renforcer la viabilité et la résilience.
Il élabore notamment un cadre de modélisation multi-échelle afin de gérer les compromis et synergies entre les services tout en explorant les tendances futures relatives à ces services et à la biodiversité dans les écosystèmes agricoles (systèmes d'élevage et cultures).

Depuis 2018, Francesco contribue aux travaux de l’Institut de convergence CLAND – Changement climatique et usage des terres au sein duquel il poursuit ses activités autour des arbitrages entre services écosystemiques à grande échelle, en considérant aussi production agricole et émissions de gaz à effet de serre. 

Simuler, optimiser… modéliser mais pas que

Au fil des ans, « parce qu’il y a des éléments de durabilité qui ne sont pas vraiment modélisables ou pas totalement quantifiables » Francesco a su mélanger modélisation dynamique et méthodes semi-qualitatives, qu’il s’agisse d’analyses de résultats de sondages, d’ateliers participatifs ou de travaux à propos d’indicateurs pour mesurer la durabilité des systèmes agricoles. Cette évolution, elle se perçoit au travers des nombreux projets européens qu’il porte ou auxquels il participe ou qu’il propose aux étudiants dont il encadre la formation.

Ainsi, Animal future - Guider les systèmes de production animale actuels vers un futur durable (EU, 2017-2020) vise à améliorer la durabilité des systèmes d’élevage en évaluant les pratiques innovantes relatives aux aspects environnementaux, économiques et sociétaux de la durabilité. Porté initialement par Muriel Tichit, Animal Future est un beau challenge pour celui qui considère comme « un honneur de poursuivre le travail auquel Muriel tenait tant ». Muriel, qu’il considère comme son maître à penser, celle à qui il doit d’avoir si aisément pris pied dans les thématiques liées à l’élevage à l’échelle territoriale et qu’il évoque avec beaucoup de regret et d’émotion.

Le projet Sure-Farm - Vers des systèmes agricoles européens résilients et durables  (EU 2017-2021) a pour objectif d’analyser, d’évaluer et d’améliorer la résilience et la durabilité des exploitations et des systèmes agricoles dans l’Union européenne. Côté pile, dans le cadre d’une thèse de doctorat qu’il contribue à encadrer, Francesco guide un jeune étudiant dans la modélisation des systèmes agricoles et leurs composantes (cultures, élevages et flux d’azote), à l’échelle de la petite région agricole et la capacité de résilience des systèmes à la baisse progressive de la disponibilité en engrais azotés ; côté face, il travaille notamment sur la reformulation des informations qualitatives relatives aux études de cas français réalisées en Auvergne. Au cœur du Bourbonnais, marqué par l’exportation historique de bétail vers… l’Italie, lui et ses collègues italiens de l’Université de Padoue ont rapidement trouvé un intérêt à comparer, entre autres, les pratiques d’élevage et les perceptions de part et d’autre de la frontière !

C’est encore le projet MIXED - Développement multi-acteurs et transdisciplinaire de systèmes mixtes d’agriculture et d’agroforesterie efficaces et résilients (EU, 2020-2024) dans lequel Francesco encadre les travaux consacrés à l’intégration entre bétail et cultures à l’échelle du paysage.

 « Toutes ces années m’ont permis de mûrir mon projet, la modélisation en est une composante utile qu’il faut combiner avec d’autres choses, en abandonnant (un peu) le formalisme théorique pour aller vers des éléments plus pratiques » concède-t-il avec recul.

Travailler avec des étudiants, une très grande source de satisfaction

Francesco a vite su mettre sa réflexion en pratique. Il a déjà confié à un étudiant niveau Master l’analyse des indicateurs de durabilité utilisés dans la littérature pour voir comment ceux-ci sont définis. « Si les indicateurs sur la partie environnement sont peu nombreux et homogènes, ceux qui définissent les aspects sociaux sont définis très différemment » commente Francesco. Avec un autre étudiant et plusieurs collègues, partant du constat que le monde de l’élevage et la société civile dialoguent peu, il a choisi d’analyser les campagnes de communication du monde l’élevage (langage, arguments, messages…).

Tout cela sans cesser d’évoluer : il passe ainsi de l’élevage aux systèmes mixtes qui associent les cultures ; à la durabilité des systèmes, il associe la résilience des territoires… tandis qu’il se sent pousser des ailes, s’intéressant à l’autosuffisance alimentaire dans différentes régions de Chine sur fond d’élevage.

Des projets longuement réfléchis qui font que depuis deux ans Francesco coordonne l’axe transversal de recherche de son unité sur la durabilité des systèmes agricoles tout en continuant à conforter son expertise dans le monde scientifique. Un début de carrière qui s’annonce prometteur.

 

En savoir plus

- Accatino F. et al. 2019. Trade-offs and synergies between livestock production and other ecosystem services. Agricultural Systems, 168, 58.
- Li Y. et al. 2021. Spatial distribution and driving factors determining local food and feed self-sufficiency in the eastern regions of China. Food and Energy Security, 00 :e296
- Pinsard C. et al. 2021. Robustness to import decline of three types of European farming systems assessed with a dynamic nitrogen flow model. In press.

 

 

Catherine Foucaud-ScheunemannRédactrice

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