Agroécologie

Un exemple d'innovation biomimétique : les microfermes

François Léger, ingénieur agronome et membre du comité scientifique de l’exposition, nous livre ses réflexions sur les microfermes, un sujet d’intérêt pour les générations futures.

Publié le 07 septembre 2016 (mis à jour : 18 septembre 2020)

illustration Un exemple d'innovation biomimétique : les microfermes
© INRAE

 Comment expliquez-vous le succès des microfermes ?

Portrait François Léger. Unité de recherche SADAPT (Inra-AgroParisTech)

François Léger : Une microferme, c’est à la fois un projet d’entreprise et un projet de vie, alliant éthique personnelle, sociale et écologique. Concrètement, c’est une ferme installée sur une très petite surface, peu ou pas mécanisée, orientée vers les circuits courts et qui met en œuvre des pratiques agroécologiques. Les microfermes maraichères sont assez courantes. D'autres font de l’élevage, de la viticulture, des céréales, toujours ou presque avec transformation et vente directe (fromages, vins de qualité, paysans boulangers…). C’est un mouvement général au niveau européen et international, dans lequel le Japon est relativement en avance.

Comment expliquez-vous le succès des microfermes ?

F. Léger : Ces projets ont du succès auprès des gens investis dans le même registre de valeurs sociales et écologiques. Ils attirent des municipalités qui y voient un modèle d’agriculture vertueuse ou qui souhaitent remettre du vivant dans la ville, un vivant qui ne soit pas juste des espaces verts mais qui ait également un sens social plus affirmé. En plus, ce type de ferme produit certains services écosystémiques de façon économique, par rapport aux coûts d’entretien d’espaces verts. Par exemple, je travaille actuellement avec l’Office d’HLM de Tours. Celui-ci a un projet de construction de logements sociaux au cœur desquels sera installée une très petite ferme maraîchère. Elle aura pour fonction d’alimenter les habitants et de favoriser la création de liens sociaux. Dans les zones où il y a une forte densification résidentielle, je pense en particulier aux zones périurbaines et littorales, on trouve des espaces qui ne se prêtent plus à l’agriculture que l'on connaît par ailleurs, pour des raisons pratiques (circulation...) ou d’acceptabilité sociale. Les microfermes sont intéressantes pour occuper ces espaces interstitiels, porteurs d’enjeux importants en matière d’urbanisme.

Quelles sont les conditions de réussite de ces microfermes ?

F. Léger : Ceux qui sont satisfaits de leur situation sont toujours parvenus à ancrer leur projet dans un réseau solide, réseau de voisins et d'entraide importante, réseau de consommateurs. Pour des jeunes qui s’installent, il convient de situer leur projet agricole dans un territoire de proximité. Internet peut étendre très utilement cet "espace social" au-delà du local, mais les réseaux virtuels ne suffisent généralement pas. La question du temps d’apprentissage (technique, commercial ou autre) à l’installation est absolument essentielle. Ainsi, pour être efficaces, ces systèmes doivent s'appuyer sur le fonctionnement écologique local, toujours singulier. Pour comprendre l'écosystème de sa ferme, il faut beaucoup d’attention et d'observations, ça ne s'improvise pas. Nombre de gens s’installent avec très peu de moyens et une volonté d’autonomie économique totale. Ils vont beaucoup compter sur l’auto-construction (bâtiment, matériel…), qui peut s’avérer très chronophage. En début de carrière, il faut trouver les bons arbitrages dans l'allocation de son temps à la production, à l'autoconstruction, à la mise en place des circuits commerciaux, mais aussi à l'observation et à l'apprentissage. C'est souvent le plus difficile, et il vaut mieux commencer à cultiver trop petit que trop grand.

Catherine Foucaud-Scheunemann

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François Léger Ingénieur de recherche Sciences pour l'Action et le Développement : Activités, Produits, Territoires

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