Agroécologie 2 min

Le déterminisme génétique de la ponte chez les poules : une clé pour accompagner la transition vers des élevages sans cages

COMMUNIQUE DE PRESSE - Des chercheurs d’INRAE et de Novogen montrent que l’emploi du temps de ponte des poules pondeuses est influencé par des facteurs génétiques. Pour réaliser leurs travaux, parus le 20 mai dans la revue PLOS ONE, ils ont utilisé des nids électroniques pour suivre le rythme de ponte individuel de plus de 2000 poules, élevées en grand groupe au sol et sans cages, pendant 40 semaines. L’influence de la génétique sur le rythme de ponte est une piste prometteuse pour sélectionner des poules pondeuses adaptées aux systèmes d’élevage sans cages et accompagner la fin programmée de l’élevage en cage dans les pays occidentaux.

Publié le 21 mai 2021

illustration Le déterminisme génétique de la ponte chez les poules : une clé pour accompagner la transition vers des élevages sans cages
© Novogen

Quelle poule pond dans le nid, où et à quelle heure?

Savoir quelle poule pond dans le nid, où et à quelle heure : des questions cruciales auxquelles la science doit répondre pour accompagner le développement de systèmes d’élevage sans cage efficients. Des chercheurs d’INRAE, en collaboration avec l’entreprise de sélection Novogen, s’intéressent à ces questions.

Pour y répondre, ils ont suivi le comportement de ponte de plus de 2 000 poules, 1 430 Rhode Island (race pondant des œufs bruns) et 1 008 White Leghorn (race pondant des œufs blancs), élevées au sol pendant 40 semaines. Ces poules ont à leur disposition des nids électroniques qui reconnaissent chacune d’entre elles grâce à une bague à la patte. Le nid électronique enregistre en continu diverses informations qui étaient, jusqu’à présent, impossibles à mesurer sur de grands groupes de poules élevées au sol, comme l’heure de ponte individuelle. Cette information a permis de calculer des caractères de rythme de ponte tels que la moyenne et la variabilité de l’heure de ponte, ou encore le nombre de pauses (arrêt de la ponte durant un ou plusieurs jours) par poule sur toute la période. Résultat : les poules ont en moyenne pondu leurs œufs entre 2h et 3h20 après le lever du soleil et ont fait entre 4 et 8pauses.

Jusqu’à 68% des différences de rythme de ponte sont d’origine génétique !

Ces mesures sur un grand nombre de poules apparentées permettent aux scientifiques d’étudier la variabilité des caractéristiques de ponte : jusqu’à 68% des différences de rythme de ponte sont d’origine génétique ! Et l’utilisation ou non des nids pour pondre est aussi un comportement dont 13 à 26% de la variabilité est influencée par des facteurs génétiques. Une autre habitude des poules à prendre en compte pour assurer une collecte optimale des œufs.

Pour accompagner la transition vers de nouveaux systèmes de production plus durables et respectueux du bien-être animal, il est nécessaire de trouver des alternatives qui garantissent un maintien de la production, tant en qualité qu’en quantité. Pour les sélectionneurs, les nids électroniques permettent de mesurer des caractères de rythme de ponte et d’utilisation des nids dans des conditions d’élevage proches des systèmes de production sans cages. Ces caractères, héritables et bien corrélés à la production d’œufs, pourraient donc être exploités dans les programmes de sélection pour améliorer la ponte dans le nid pour ces systèmes sans cages.

Ces premiers résultats ouvrent la voie à la sélection de poules évoluant librement dans de grands groupes tout en garantissant l’efficience de la ponte dans les nids. Des études complémentaires sont nécessaires pour identifier les régions du génome et les gènes qui gouvernent l’expression de ces nouveaux caractères.

Référence
Becot L, Bedere N, Burlot T, Coton J, Le Roy P (2021) Nest acceptance, clutch, and oviposition traits are promising selection criteria to improve egg production in cage-free system. PLOS ONE 16(5): e0251037. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0251037

 

En savoir plus

Agroécologie

Plus les poules ont de pépins, moins en ont leurs poussins

COMMUNIQUE DE PRESSE - Dans le cadre de l’élevage de volailles destinées à la consommation de viande, appelés aussi poulets de chair, la sélection génétique sur la croissance musculaire a conduit à des problèmes de santé liés notamment au surpoids, à l’accumulation de graisse et au stress. Une équipe d’INRAE, en collaboration avec la société INDENA, a étudié l’intérêt d’ajouter des extraits de pépins de raisin dans l’aliment des poules reproductrices, mères des futurs poulets de chair. Leurs résultats, publiés dans MICROORGANISMS et PLOS ONE, montrent que ce complément améliore l’équilibre du microbiote intestinal des poules, réduit leur production de graisse et améliore la qualité de leurs œufs, ainsi que la croissance et la viabilité des poussins qui en sont issus.

05 août 2020

Alimentation, santé globale

Consommation spontanée d’huiles essentielles : un effet bénéfique durable pour les poussins

COMMUNICATION PRESSE - Dès éclosion, les poussins d’élevage peuvent être soumis à différents facteurs de stress qui affectent leur bien-être et leur santé. Par leurs multiples propriétés médicinales et antibactériennes, les huiles essentielles peuvent être un moyen de préserver la santé des poussins, et de diminuer l’usage d'antibiotiques. Dans une précédente étude, des scientifiques INRAE avaient montré que les poussins choisissaient spontanément de consommer des huiles essentielles mises à disposition quand ils avaient subi des conditions stressantes à l’éclosion. Dans cette nouvelle étude, ils ont étudié les conséquences à long-terme du stress à l’éclosion et cherché à connaître les effets de la consommation, par les poussins, d’huiles essentielles disponibles en accès libre. Leurs résultats montrent que le stress post-éclosion modifie de façon durable l’expression de certains gènes et que l'ingestion spontanée d’huiles essentielles a un effet bénéfique en atténuant ces modifications ou en les compensant. Leur étude est publiée le 26 novembre dans Scientific Reports.

30 novembre 2020

Alimentation, santé globale

Poulets en plein air : dis-moi comment tu raisonnes, je saurai comment tu explores

COMMUNIQUE DE PRESSE - Au sein d’un élevage en plein air de poulets de chair, certains animaux explorent beaucoup le parcours extérieur alors que d’autres l’explorent très peu. Des chercheurs d’INRAE et de ISA Lille - Yncréa Hauts-de-France révèlent que cette différence de comportement est associée à des capacités cognitives distinctes. Pour la première fois, ils montrent que - de manière contre-intuitive - les poulets qui explorent le moins le parcours traitent les informations de leur environnement avec plus d’attention, ce qui se traduit par une plus forte inhibition comportementale. Publiés dans Biology Letters le 22 janvier 2020, ces résultats mettent en évidence l’importance d’étudier les capacités cognitives des animaux d’élevage pour mieux comprendre leur comportement dans différentes situations et à terme concevoir des élevages encore plus adaptés et ainsi, plus respectueux du bien-être animal.

22 janvier 2020