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Dépendance alimentaire et dénutrition des personnes âgées : le lien se précise

Les personnes âgées ayant besoin d’une aide pour cuisiner ou faire leurs courses présentent un risque nutritionnel plus élevé. Bien que le lien de causalité ne soit pas établi, c’est un signal d’alerte pour les aidants et institutions spécialisées. Alors que deux enquêtes impliquant des chercheurs INRAE suggèrent ce lien, ces résultats pourraient aider à développer des stratégies de formation des aidants, de dépistage et de lutte contre la dénutrition des personnes âgées dépendantes.

Publié le 08 novembre 2021

illustration Dépendance alimentaire et dénutrition des personnes âgées : le lien se précise
© pixabay

Avec l’âge, il se peut que des diminutions physiques ou cognitives apparaissent. Elles peuvent conduire la personne âgée à déléguer tout ou partie de ses activités quotidiennes à un tiers : aidant, service d’aide à la personne, institution. 

On parle de « dépendance culinaire » lorsqu’une personne âgée ne peut plus faire ses courses et/ou cuisiner. Cette dépendance culinaire constitue un moment de rupture dans la vie de cette personne, susceptible de bouleverser son rapport à l’alimentation. Elle est confrontée aux pratiques culinaires, aux habitudes alimentaires, aux connaissances nutritionnelles, voire aux préférences alimentaires des personnes en charge de la nourrir. Ces changements cristallisent progressivement de nouvelles pratiques alimentaires, parfois en rupture avec les habitudes et préférences de la personne âgée, ce qui peut entraîner des déséquilibres alimentaires, aboutissant à une dénutrition.
Deux enquêtes ont été menées pour déterminer la prévalence de dénutrition chez des personnes dépendantes d’un tiers pour leur alimentation. 

La première enquête, menée en 2011 auprès de 559 français âgés de 65 ans et plus, montre une forte association entre dépendance culinaire et risque nutritionnel : près de la moitié des personnes bénéficiant d’une aide pour leur repas sont à risque de dénutrition, ou dénutries, contre seulement 4% chez les personnes autonomes et 12% chez les personnes bénéficiant d’une aide sans rapport avec l’alimentation. 

D’après la seconde enquête, qui concernait 319 français âgés de 65 ans et plus, cette prévalence varie légèrement selon le type d’aide : 46% chez les personnes avec aide-ménagère, 60% chez les bénéficiaires d’un portage de repas et 69% en institution. Des analyses croisées réalisées sur les données collectées montrent que la catégorie de dépendance, des symptômes dépressifs et le statut cognitif sont des déterminants indépendants du risque nutritionnel.

Si ces résultats ne permettent pas de conclure au lien de causalité entre dépendance et dénutrition, ils soulignent l’importance pour les structures d’aide de former les aidants à la problématique de la dénutrition et de développer des stratégies permettant de dépister et lutter contre la dénutrition auprès de leurs bénéficiaires âgés.

 

Références
Van Wymelbeke-Delannoy V, Maître I, Salle A, Lesourd B, Bailly N, Sulmont-Rossé C. Prevalence of malnutrition risk among older French adults with culinary dependence. Age Ageing. 2021 Oct 20:afab208. doi: 10.1093/ageing/afab208.

 

Kimberley Casado / Claire Gaudout

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Claire Sulmont-RosseCentre des Sciences du Goût et de l'Alimentation

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