Agroécologie 2 min

Découverte d’une cible pour le biocontrôle du charançon rouge du palmier

Les palmiers ont une immense importance économique, socioculturelle, touristique et patrimoniale dans le monde entier. De tous les ravageurs qui les infestent, le charançon rouge du palmier, Rhynchophorus ferrugineus, demeure leur principal ennemi. Insecte nuisible de quarantaine, il engendre d'énormes pertes économiques dans la culture du palmier. Des chercheurs d’INRAE et de Sorbonne Université, en collaboration avec des équipes de recherche en Arabie Saoudite et au Royaume-Uni ont identifié le premier récepteur phéromonal du charançon rouge, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour perturber leur agrégation et leur reproduction, mais aussi pour mettre en place des moyens de détection précoce, via le développement de biocapteurs utilisant ce récepteur phéromonal. Ces travaux de recherche ont été publiés le 9 mars 2021 dans la revue Molecular Ecology.

Publié le 08 avril 2021

illustration Découverte d’une cible pour le biocontrôle du charançon rouge du palmier
© INRAE, Didier ROCHAT

Le charançon rouge du palmier, Rhynchophorus ferrugineus, est l’ennemi numéro un des palmiers à travers le monde, causant chaque année la perte de millions d’euros. Au cours des deux dernières décennies, cet insecte a dévasté le palmier dattier en Arabie Saoudite, et on estime que ce ravageur menace environ 6 millions de palmiers dans ce pays. Il est présent dans tous les pays d’Asie, d’Europe du Sud, d’Australie et d’Afrique du Nord. Cet insecte évolue au travers de différentes étapes, dans le microhabitat qu’est le stipe des palmiers, et colonise les palmeraies grâce à une communication chimique sophistiquée incluant un bouquet odorant : la phéromone d’agrégation. Ce signal attire les charançons et facilite ainsi l'orientation vers les palmiers, la colonisation et l'accouplement. L'élucidation des mécanismes de détection de cette phéromone apparait comme une solution dans la lutte contre le charançon rouge.

Des scientifiques d’INRAE et de Sorbonne Université, en collaboration avec des équipes de recherche en Arabie Saoudite et au Royaume-Uni, ont identifié le tout premier récepteur olfactif du charançon rouge des palmiers impliqué dans la détection et la reconnaissance de cette phéromone d’agrégation. Ce récepteur (un des 71 récepteurs olfactifs exprimés dans les antennes du charançon) constitue une cible privilégiée pour le dessin d’agonistes, antagonistes ou bloquants olfactifs, qui permettront le biocontrôle de ce ravageur mondial en perturbant son agrégation et son accouplement. Ce récepteur, à la fois très sensible et spécifique, pourra également être utilisé comme biocapteur pour la mise au point d’une nouvelle génération de nez artificiels capables de détecter très précocement l’arrivée de ce ravageur, et d’anticiper ainsi le déploiement des méthodes de lutte.
 

Référence :
Antony, B., Johny, J., Montagné, N., Jacquin‐Joly, E., Capoduro, R., Cali, K., Persaud, K., Al‐Saleh, M.A. and Pain, A. (2021), Pheromone receptor of the globally invasive quarantine pest of the palm tree, the red palm weevil (Rhynchophorus ferrugineus). Mol Ecol. https://doi.org/10.1111/mec.15874

 

Kimberley CASADORédactrice

Contacts

Emmanuelle JACQUIN-JOLY ChercheuseInstitut d'Ecologie et des Sciences de l'Environnement de Paris (IEES Paris)

Nicolas MONTAGNÉ ChercheurSorbonne Université

Le centre

Le département

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