Agroécologie 5 min

La combinaison des paramètres de la qualité d’une prairie permanente diffère selon l’altitude et la conduite

Cette étude montre l’influence de l’environnement sur l’évolution du stade de maturité des graminées ainsi que sur la qualité nutritive du fourrage produit.

Publié le 25 novembre 2021

illustration La combinaison des paramètres de la qualité d’une prairie permanente diffère selon l’altitude et la conduite
© INRAE

La compréhension des facteurs influençant la valeur nutritive des fourrages est indispensable pour qu’ils répondent mieux aux besoins nutritionnels des animaux et ainsi éviter les déséquilibres alimentaires.

L'objectif de cette étude était de comparer l'évolution au cours du premier cycle de végétation du stade de maturité*, de la composition chimique et de la valeur nutritive de six graminées pérennes tempérées que l'on trouve communément dans les prairies permanentes, dans 3 environnements de culture contrastés.

Le stade de maturité floral (développement de l’épi (MSW)), la composition chimique (teneur en minéraux, en azote (N)), en parois cellulaires (NDF), en lignocellulose (ADF), et la digestibilité in vitro de la matière sèche (DMS-pc) ont été mesurés sur des cultivars des six espèces de graminées pérennes : fléole des prés, ray-grass anglais, dactyle, fétuque ovine, fétuque rouge et vulpin des prés. L'étude a été réalisée durant deux années consécutives et sur trois sites répartis le long d'un gradient altitudinal (de 350 à 1100 m d’altitude). Sur chaque parcelle expérimentale, des échantillons ont été prélevés 11 fois au cours du premier cycle de végétation.

La dynamique d’évolution de tous les paramètres mesurés pour 6 ces espèces différait selon l'environnement (évolution asynchrone). Pour une somme de températures équivalente (en °C), le MSW est retardé à Clermont-Ferrand (350 m ; note de MSW de 2,37 (début montaison**)) par rapport à Saint-Genès-Champanelle (850 m ; note de 2,97 (fin montaison)) et Laqueuille (LA ; 1100 m ; note de 3,02 (fin montaison)). Par conséquent, les teneurs en NDF et ADF étaient plus faibles et la DMS-pc était plus élevée dans les cultivars prélevés à Clermont (575 g/kg de MS, 287 g/kg de MS et 0,64 respectivement) que dans ceux de Saint-Genès (653 g/kg de MS, 349 g/kg de MS et 0,51 respectivement) et Laqueuille (653 g/kg de MS, 343 g/kg de MS et 0,52 respectivement). La DMSpc moyenne des cultivars de fléole des prés (0,60), de ray-grass anglais (0,63) et de dactyle (0,59) était plus élevée que celle de la fétuque ovine (0,47), de la fétuque rouge (0,53) et du vulpin des prés (0,51).

L'environnement influence l’évolution du stade de maturité et la qualité des graminées pérennes. Ainsi, pour une même somme de température, les graminées cultivées à Clermont, site caractérisé par une basse altitude, présentent des stades de maturité moins développés et une qualité nutritive supérieure à celles cultivées à Saint-Genès et Laqueuille, caractérisées respectivement par des moyennes et hautes altitudes. Une partie de cet effet environnemental pourrait être expliquée par les pratiques réalisées sur les parcelles.

Ces résultats sont importants pour affiner les conseils aux agriculteurs en tenant compte des conditions locales. Des travaux complémentaires restent nécessaires pour identifier les pratiques qui pourraient permettre de prédire, voire d’orienter la valeur nutritive des fourrages en interaction avec l’environnement. Ce travail fournit également des données de base pour des recherches plus approfondies sur la complémentarité des espèces en fonction de l'environnement dans les prairies. Enfin, ces résultats pourraient aider au choix des espèces végétales les plus appropriées pour la restauration des prairies dégradées en fonction de leur adaptation à l'environnement, dans une optique de cohabitation multi espèces.

* Les stades de maturité des plantes (différents degrés dans chaque stade) ou les phases de développement considérés ont été : végétatif, montaison, épiaison, floraison et fructification.

** La montaison, appelée aussi montée à graine, est un stade dans le cycle annuel d'une plante à graines. C'est un processus d'allongement des espaces entre-nœuds de la tige dressée florifère.

Sylvie Andrérédactrice

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