Société et territoires 3 min

Des collégiens dans la tête des animaux

Après la rentrée scolaire, les questions de médiation scientifique auprès du jeune public sont à l’honneur. L’occasion de revenir sur un projet mené avec le collège André Bauchant de Château-Renault en Indre-et-Loire, où des élèves ont pu découvrir les neurosciences et la recherche sur le comportement animal à INRAE Val de Loire… Et de participer !

Publié le 28 septembre 2023

illustration Des collégiens dans la tête des animaux
© Laurent Cario

Connaître le cerveau des animaux pour mieux comprendre leurs comportements était l’enjeu du projet Neuro2Co (2017-2022) soutenu par la région Centre-Val de Loire et porté par des partenaires académiques (U1253 Inserm, LIFAT Université de Tours, NeuroSpin CEA et INRAE), de médiation et de formation (Centre·Sciences, la Maison pour la science Val de Loire) et des partenaires non académiques (Zooparc de Beauval, Beauval Nature, Communauté de communes du Castelrenaudais). L’originalité de ce projet a été de travailler en mode Recherche Action Participative (1) avec le collège André Bauchant de Château-Renault, et l’implication forte de trois professeurs, Mathieu Charrier (SVT), Frédéric Chaumont (Physique-Chimie) et Eric Ravaud (Technologie).

L’objectif scientifique était de décrire l’organisation anatomique d’encéphales à partir d’images acquises par résonance magnétique (IRM). Pour cela, l’étape cruciale est la délimitation des structures cérébrales, ce qui s’appelle la segmentation. C’est dans cette étape que les élèves du collège André Bauchant ont été impliqué.es.

L’intérêt de faire appel à des opérateurs naïfs est qu’ils ne délimitent que ce qu’ils voient sans être influencés par leurs connaissances, contrairement aux neuroanatomistes expert.es qui connaissent tellement la neuroanatomie qu’ils perçoivent l’existence de la structure sans réellement la voir. Ce travail de segmentation a été réalisé lors des ateliers Ciboulot conjointement animés toutes les semaines par les professeurs, les partenaires du projet et Marine Siwiaszczyk, doctorante sur le projet (2). Ces ateliers et les nombreuses visites réalisées dans les locaux des partenaires ont été l’occasion pour les collégien.nes de s’approprier les questions de recherche et les approches utilisées en neurobiologie. Cette montée en compétences s’est traduite par la création de robot-cailles, la réalisation et l’animation d’ateliers scientifiques par les collégiens à destination du jeune public. Enfin, ce projet a aussi été l’occasion d’accroître les interactions avec le grand public et les autres élèves du collège lors de ciné-débat organisés par Laurent Cario et Centre Sciences au cinéma Le Balzac à Château-Renault, et d’offrir des formations aux professeur.es de collèges en partenariat avec la Maison pour la science.

Cette démarche, même si elle n’a pas permis d’atteindre tous les objectifs scientifiques (4) a été d’une richesse exceptionnelle pour l’ensemble des participant.es, scientifiques ou non. Elle a notamment montré combien les jeunes adolescent.es étaient passioné.es par les neurosciences des comportements des animaux. Les scientifiques ont aussi pu constater l’aisance des jeunes à faire le lien entre les connaissances partagées et leurs propres expériences d’adolescents et d’adolescentes (exemple des émotions, des comportements sociaux, du genre, de la puberté…). L’ensemble des partenaires a donc souhaité poursuivre et a soumis le projet CoCerACoCo à l’appel à projet de l’ANR SAPS.

L’objectif scientifique est toujours de mieux connaître l’encéphale des animaux pour mieux comprendre leurs comportements adaptatifs, avec l’hypothèse que les comportements adaptatifs ont co-évolué avec l’organisation morphoanatomique de l’encéphale. Et dans ce projet, l’ambition est d’étendre les démarches inspirées des sciences participatives à plusieurs collèges de Tours et ses environs

 

Références :

1. Chevalier et Buckles, 2019, Participatory Action Research Theory and Methods for Engaged Inquiry https://doi.org/10.4324/9781351033268

2. Thèse de M. Siwiaszczyk. Plasticité anatomique des régions cérébrales associées aux comportements. https://hal.science/tel-03834670

3. M. Siwiaszczyk, R. Yebga Hot, M. Morisse, L. Calandreau, D. A. Barrière, J. Beaujoin, B. Mulot, F. Andersson, C. Poupon, S. A. Love, E. Chaillou (2021-10-21). Selection of high-trait emotivity affects the volume of sensory and emotional-related brain regions in male Japanese quails. https://hal.inrae.fr/hal-03595578

4. https://novae.hub.inrae.fr/les-articles-parus/les-numeros-speciaux/sciences-et-recherches-participatives-a-inrae/art14-ns-srp-2021 (p62)

 

Pour aller plus loin :

Sur Echosciences : https://www.echosciences-centre-valdeloire.fr/communautes/un-cerveau-dans-toutes-les-tetes

M. Siwiaszczyk, S. A. Love, E. Chaillou (2022) « Baa, Baa »: Can sheep talk to each other? 2022 Frontiers for Young Minds. Neuroscience and psychology. doi: 10.3389/frym.2022.703514

3G. Ubiema, M. Siwiaszczyk, C. Parias, R. Bresso, C. Hay, B. Mulot, S. A. Love, E. Chaillou. 2022 The use and impact of auditory stimulation in animals. 2022 Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science. Vol. 9 Methods to assess the effects of sensory stimulations on wellness. doi:10.46298/jimis.9971

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