Changement climatique et risques Temps de lecture 5 min
Une bourse ERC pour évaluer les limites thermiques des communautés lacustres
Chercheur au sein du département AQUA, Arnaud Sentis reçoit une bourse Consolidator Grant du Conseil européen de la recherche pour son projet ClimateCountDown. Du phytoplancton aux poissons des lacs, ce projet contribuera à comprendre comment les communautés répondent au changement climatique et à prédire l'avenir de la biodiversité.
Publié le 03 décembre 2024

Avec le réchauffement climatique, les écosystèmes du monde entier font face à une pression croissante. Mais combien de temps leur reste-t-il avant de dépasser leurs limites thermiques ? Cette course contre la montre climatique est au cœur du projet de recherche d’Arnaud Sentis, ClimateCountDown (5 ans ; 2 millions d’euros). Le but ? Comprendre comment les écosystèmes réagiront face à l’augmentation continue des températures. L’objectif de ce projet est triple, il s’agit de :
- comprendre les mécanismes qui influencent les limites thermiques des communautés écologiques ;
- prédire le temps restant avant que ces communautés ne perdent leur marge de sécurité thermique, c’est-à-dire la différence entre le température du milieu et la capacité des communautés à tolérer des températures extrêmes ;
- déterminer si ce compte à rebours peut prédire les impacts du réchauffement sur la biodiversité en termes de taxonomie, de fonctions écologiques et d’interactions entre espèces.

Le programme du Conseil européen de la recherche finance la recherche exploratoire avec pour unique critère l'excellence scientifique. Il permet aux chercheurs et aux chercheuses d'identifier de nouveaux domaines de recherche, tout en reconnaissant le statut et la visibilité des esprits les plus brillants d'Europe. L'objectif ultime est de construire une recherche européenne prête à répondre aux besoins d'une société basée sur la connaissance et à fournir la recherche de pointe nécessaire pour relever les défis mondiaux.
Un projet original et innovant à plusieurs titres.
Les écosystèmes lacustres, sentinelles du changement climatiques
Quand les écosystèmes atteindront-ils leurs limites face au réchauffement climatique ?
Ce projet s’intéresse aux lacs, connus pour réagir rapidement aux variations de température et se concentre sur les espèces d’eau douce (le phytoplancton, dont les diatomées ou les cyanobactéries, le zooplancton telles les daphnies, les macro-invertébrés que sont les crustacés, insectes, mollusques et autres vers, et les poissons) particulièrement vulnérables au réchauffement climatique.
Ces écosystèmes offrent une occasion unique d’étudier des processus locaux, puisque la dispersion des espèces y est plus limitée que dans les milieux terrestres ou marins.
Une approche communautaire
ClimateCountDown met en avant une approche communautaire. En liant la physiologie des espèces individuelles à l’écologie des communautés, il rompt avec des approches classiques qui se concentrent généralement sur des espèces isolées, dont les scientifiques évaluent la vulnérabilité thermique en comparant la température maximale qu’elles peuvent tolérer à celle de leur habitat. L’intérêt est majeur d’autant qu’il s'agit de déterminer comment les limites thermiques, l’évolution, l’acclimatation et les interactions entre espèces façonnent collectivement le compte à rebours climatique des communautés face au réchauffement global.
Côté pratique, ClimateCountDown combinera des données sur la biodiversité des lacs, des expériences semi-naturelles et des modèles mathématiques appliqués aux communautés.
Des perspectives d’envergure
ClimateCountDown apportera des connaissances sans précédent sur la vulnérabilité thermique des écosystèmes. L’ambition ultime est de fournir aux scientifiques, aux décideurs et au grand public un cadre solide pour anticiper les pertes de biodiversité et mieux orienter les efforts de conservation. Face aux bouleversements climatiques, comprendre le fonctionnement des écosystèmes et leur réponse au réchauffement est une étape cruciale pour préserver les richesses naturelles de notre planète.

Mini-CV
40 ans
- Parcours professionnel
Depuis 2018 : Chargé de recherche INRAE, unité Risques, écosystèmes, vulnérabilité, environnement, résilience (Recover), Aix-en-Provence (13)
2017-2018 : Post-doctorat, Station d’écologie théorique et expérimentale (CNRS, univ. Toulouse), Moulis (09)
2015-2017 : Post-doctorat, Centre de recherche sur la biodiversité et l'environnement (CNRS, univ. Toulouse III-Paul Sabatier, Toulouse INP, IRD), Toulouse (31)
2012-2015 : Postdoctorat, univ. de Bohême du Sud, České Budějovice (République tchèque)
- Formation
2012 : Doctorat en écologie, univ. Montréal et univ. Toulouse
2008 : Master en écologie, univ. du Québec à Montréal
- Prix et distinctions
2024 : Prix Jeune chercheur, département des Bouches-du-Rhône
2015 : Prix Jeune chercheur, Société française d’écologie
2011 : Prix d’excellence, univ. Montréal
2011 : Prix d’excellence Marie-Victorin, Institut de recherche en biologie végétale, univ. Montréal.