Une bactérie capable de diminuer la douleur viscérale

Le stress ou l’anxiété exacerbent les douleurs viscérales, notamment celles rencontrées par les personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable. Jusqu’à présent, le traitement symptomatique de la douleur était peu satisfaisant. Il est donc important d’apporter de nouvelles solutions thérapeutiques. En agissant sur l’axe microbiote-intestin-cerveau, certaines bactéries lactiques probiotiques sont capables de diminuer la douleur viscérale. En effet, elles peuvent synthétiser, par des mécanismes de décarboxylation, des neuromédiateurs qui diminuent l’hypersensibilité viscérale.

En étudiant une collection de plus de 150 lactocoques, des scientifiques de Toulouse Biotechnology Institute et du laboratoire Toxalim ont démontré, dans un modèle préclinique, que certaines souches de Lactococcus lactis administrées par voie orale ont un effet anti-douleur viscérale très intéressant. En effet, ces bactéries particulières peuvent produire en quantité importante un neuromédiateur inhibiteur du système nerveux central : l’acide y-aminobutyrique ou GABA. « Cette molécule a montré son efficacité pour prévenir et traiter les douleurs viscérales », explique Muriel Cocaign-Bousquet, chercheuse INRAE à TBI. Les bactéries de l’espèce L. lactis sont considérées comme non pathogènes (generally recognized as safe) et sont largement utilisées dans l’industrie agroalimentaire pour la fabrication de produits laitiers.

Un effet antidouleur confirmé

« Lors de nos études, nous avons administré quotidiennement la souche de L. lactis par voie orale pendant 10 jours. Et il a été démontré, pour la première fois, que cette bactérie exerce sur un modèle préclinique de stress aigu, des effets significatifs contre l’hypersensibilité viscérale grâce à sa capacité à produire des niveaux importants de GABA », partage Muriel Cocaign-Bousquet.

Cette découverte ouvre des perspectives prometteuses dans la prévention ou le traitement des douleurs viscérales. Un brevet a été déposé pour protéger l’utilisation de souches de L. lactis. Les scientifiques poursuivent leurs travaux communs pour mieux comprendre les mécanismes de l’effet antinociceptif de ces bactéries hyperproductrices de GABA.