Alimentation, santé globale 3 min

Vers une solution pour soulager les coliques du nourrisson

Les troubles fonctionnels intestinaux provoquent des douleurs abdominales. Ils peuvent survenir dès le plus jeune âge avec les redoutées coliques du nourrisson. Des scientifiques du laboratoire Toxicologie Alimentaire (INRAE-ENVT-INP-Purpan-UT3 Paul Sabatier) du centre INRAE Occitanie-Toulouse ont montré que certains éléments (oligosaccharides) du lait maternel diminuaient ces douleurs. Ces travaux sont publiés dans The Journal of Nutritional Biochemistry, depuis septembre 2021.

Publié le 21 février 2022

illustration Vers une solution pour soulager les coliques du nourrisson
© INRAE

 

13% des nourrissons touchés dans le monde

 

Beaucoup de nourrissons souffrent de coliques, sources de douleurs abdominales causant des pleurs prolongés et difficiles à calmer. Les traitements actuels sont peu satisfaisants pour les soulager. Ces coliques font partie des troubles fonctionnels intestinaux. Un dysfonctionnement des interactions entre le microbiote, l’intestin et le cerveau serait responsable de ces troubles.

 

Le lait maternel reste le meilleur aliment pour assurer le bon développement et la croissance du nourrisson. Au-delà des apports nutritionnels, sa composition contribue à l’implantation du microbiote intestinal, à l’éducation du système immunitaire et à la mise en place des fonctions cognitives du nourrisson. Parmi tous les composants, des éléments du lait maternel humain, appelés oligosaccharides et spécifiques à notre espèce, jouent un rôle important dans ces fonctions. Leurs teneurs et compositions varient d’une mère à l’autre et tout au long de l’allaitement. L’équipe spécialisée en Neuro-Gastroentérologie et Nutrition du laboratoire Toxicologie Alimentaire (ToxAlim), du centre INRAE Occitanie-Toulouse, s’est penchée sur les effets de ces différentes combinaisons d’oligosaccharides et a remarqué que certaines étaient plus intéressantes pour diminuer les douleurs abdominales. Ceci laisse envisager, à terme, des solutions pour le traitement symptomatique de ces coliques chez les nourrissons.

« Par cette étude, nous avons cherché à mieux comprendre le rôle des oligosaccharides du lait humain sur cette hypersensibilité viscérale », explique Hélène Eutamène, enseignante à l’INP-Purpan et chercheuse au laboratoire Toxalim.

Améliorer les interactions microbiote/intestin/cerveau

Pour mieux comprendre l’impact de ces différentes combinaisons, les scientifiques ont soumis des souris à des stress, qui produisent les mêmes symptômes de douleurs abdominales. Ils ont montré que certaines combinaisons spécifiques d’oligosaccharides diminuaient les douleurs induites par le stress. La supplémentation avec ces oligosaccharides particuliers réduit également l’altération de la diversité du microbiote, induite par le stress. De plus, cet apport augmente les taux de sérotonine, une hormone qui agit sur la gestion des humeurs et de la motricité digestive. Au contraire, chez les souris stressées non supplémentées, on observe une diminution des taux de sérotonine et une augmentation d’un neurotransmetteur impliqué dans la transmission de la douleur abdominale.

« Cette étude confirme la capacité des oligosaccharides du lait maternel humain à moduler la communication entre le microbiote, l’intestin et le cerveau, et surtout à atténuer la douleur viscérale », souligne Hélène Eutamène.

 Des études précliniques seront nécessaires pour affiner les résultats de cette étude sur le soulagement des coliques des nourrissons et plus largement sur les troubles gastro-intestinaux et le syndrome du côlon irritable.

Référence complète de la publication

Laurent Ferrier, Hélène Eutamène, Léa Siegwald, Andrea M. Marquard, Valerie Tondereau, Julien Chevalier, Guillaume E. Jacot, Laurent Favre, Vassilia Theodorou, Maria Vicario, Andreas Rytz, Gabriela Bergonzelli, Clara L. Garcia-Rodenas, Human milk oligosaccharides alleviate stress-induced visceral hypersensitivity and associated microbiota dysbiosis, The Journal of Nutritional Biochemistry, Volume 99, 2022, 108865, ISSN 0955-2863,
https://doi.org/10.1016/j.jnutbio.2021.108865.

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