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Des anticorps de surveillance à distance du microbiote

COMMUNIQUE DE PRESSE - Un programme collaboratif français mené par des médecins regroupés au sein de l’AP-HP à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière et à l’hôpital Saint-Louis, associant des chercheurs de Sorbonne Université, de l’Université Paris Diderot de l’Inserm, de l’Inra met en évidence la présence d’anticorps circulants dirigés contre le microbiote intestinal. Les chercheurs montrent pour la première fois que le microbiote des sujets sains n’est pas tenu à l’écart des anticorps circulants dans le sang par la barrière intestinale. Bien au contraire, certains anticorps IgG du sang reconnaissent aussi bien le microbiote que les anticorps IgA digestifs. La réponse IgG est augmentée chez certains patients déficitaires en IgA, et ces IgG pourraient donc être utilisés dans le cadre de transfert passif d’anticorps au pouvoir anti-microbien renforcé. Ces résultats aux implications thérapeutiques potentielles sont publiés dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology (JACI).

Publié le 21 décembre 2018

illustration Des anticorps de surveillance à distance du microbiote
© INRAE

Les immunoglobulines thérapeutiques polyvalentes humaines à usage intraveineux (IVIG) sont purifiées et concentrées à partir du plasma de nombreux donneurs sains différents. Ces onéreuses préparations sont largement utilisées dans le monde entier pour supplémenter les défenses de patients souffrant de déficit en anticorps, mais également chez d’autres patients atteints de certaines pathologies auto-immunes.

Les auteurs de l’article scientifique ont constaté la présence dans le sang circulant de sujets sains d’anticorps IgG dirigés contre des bactéries à priori innocentes (non pathogènes). Les patients déficitaires en anticorps digestifs IgA1présentent une augmentation de ces immunoglobulines IgG2dites « anti-microbiote circulantes ». Ces dernières pourraient donc constituer une deuxième ligne de défense en cas de fuite éventuelle de bactéries à travers la barrière intestinale. 

Chez les patients déficitaires en IgA, les IgG circulantes sont donc mieux « entrainées » à contenir le microbiote que chez les sujets sains. En conséquence, les chercheurs suggèrent que les pools d’immunoglobulines thérapeutiques devraient être enrichis avec des IgG provenant de patients atteints de déficit en IgA, afin de proposer des IVIG de deuxième génération à pouvoir anti-microbien renforcé. 

Il s’agit d’un concept original permettant à terme d’envisager la compensation du déficit immunitaire de certains patients avec les anticorps produits par d’autres patients. Deux demandes de dépôt de brevet ont été déposées avec l’aide d’Inserm Transfert.

1 Les immunoglobulines A (IgA) forment une barrière empêchant la plupart des pathogènes de se lier aux cellules des muqueuses et de l'épiderme.
2 Les immunoglobulines G (IgG) constituent 75 à 80 % de nos anticorps circulants. Elles protègent l'organisme contre les bactéries, les virus, et certaines toxines présentes dans le sang ou la lymphe.

 

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