Agroécologie 3 min

Une ancienne expérimentation du site de Versailles sort des cartons

Lors du tri de la bibliothèque de l’unité ÉcoSys*, des anciens documents contenant des données d’un observatoire d’arbres, dont certaines espèces fruitières, témoignent de l’existence dans les années 1929 d’un jardin expérimental sur le site INRAE de Versailles.

Publié le 14 juillet 2021

illustration Une ancienne expérimentation du site de Versailles sort des cartons
© INRAE

 

Le déménagement des Unités de Grignon vers Saclay est en préparation, avec un travail important de tri dans les bibliothèques. Marina Pavlidès, documentaliste, repère 3 boîtes d’archives « Données phénologiques » dans sa bibliothèque de l’UMR ÉcoSys Grignon (ancienne bibliothèque Bioclimatologie de Versailles). De multiples données d’époques et d’origines variées y avaient été successivement archivées par les chercheurs de l’Unité Bioclimatologie de Versailles. L’ensemble de ces données a été transmis à l’Unité AgroClim d’Avignon, en charge de la gestion et diffusion de ce type de données dans le cadre du Réseau TEMPO. Parmi celles-ci, ont été repérés des cahiers manuscrits remplis de notes, chiffres et observations datant de 1930, correspondant à des relevés phénologiques d’un jardin expérimental qui était situé à Versailles sur l’actuel site INRAE.

Un peu d'histoire...

Avant INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, 2020…), il y avait l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique, 1946-2019), mais auparavant, il y avait l’IRA1 (Institut des recherches agronomiques, 1921-1934) regroupant 88 stations régionales et départementales dont le CNRA (Centre National de Recherches Agronomiques) situé à Versailles.  Les premiers bâtiments voient le jour en 1924 au lieu-dit " l'Etoile de Choisy " située dans le parc du Château de Versailles. Ce site créé après la 1ère guerre mondiale comprenait à l'origine, cinq stations intitulées alors : entomologie et zoologie des vertébrés nuisibles ou utiles, phytopathologie et parasitologie végétale, génétique et malherbologie, chimie et microbiologie des sols, physique et météorologie agricole.

Un jardin expérimental

D’après les sources historiques, ce jardin aurait été mis en place vers 1929 d’après les premières données. Ce jardin aurait été créé par le professeur Vital Ducomet2 (professeur à l'École Nationale d'Agriculture de Grignon). Il créa probablement ce jardin suite à l’appel faite par les chercheurs de la Royal Meteorological Society, lesquels avaient publié un article en 1924 dans la revue Nature3 incitant les scientifiques du monde à mettre en place de jardins permettant d’observer la phénologie d’un groupe d’espèces communes. L’idée était de pouvoir à terme mieux comprendre et représenter le fonctionnement des différents agroécosystèmes. Les observations de ce jardin ont commencé en 1929 et elles se sont poursuivies jusqu’à la fin des années 1970.

Par ailleurs, ces archives ont mis aussi en lumière d’autres données d’une expérimentation concernant plusieurs variétés des espèces fruitières (Prunus, Poiriers et Pommiers) qui a dû avoir lieu dans les années 1940.

Toutes ces données recueillies par les chercheurs de cette époque représentent des informations précieuses. Un travail important de retranscription de ces notes manuscrites a été réalisé par le Réseau TEMPO, réseau national d’observatoires de la phénologie de l’ensemble du règne vivant (espèces végétales et animales, exploitées et sauvages). Ces informations comparées à celles actuelles pourront donner, entre autres, l’incidence de l’évolution du climat sur le développement de ces espèces.

Quelques archives récupérées de la bibliothèque de l’UMR ÉcoSys :

 

Spectre phénologique à Versailles en 1931 Date de floraison des pommiers et poiriers

Photographie aérienne (IGNF) du CNRA de Versailles en 1933

   

Parcelles en rouge : Verger d’expèrience

 

Parcelles En vert : Station centrale de zoologie agricole :  Jardin d’essais

 

parcelles En jaune : Jardin phénologique

1 Chronique du Centre de Recherche de Versailles, Sous la direction de Frantz Rapilly, Président du Centre de Recherches de Versailles de 1985 à 1996. Les presses de Royer (1996)

2 Société météorologique de France. Auteur du texte. Ducomet V., La Météorologie : revue mensuelle de météorologie et de physique du globe et Annuaire de la Société météorologique de France. 1930.1   Société météorologique de France. Auteur du texte. Ducomet V., La Météorologie : revue mensuelle de météorologie et de physique du globe et Annuaire de la Société météorologique de France. 1930.

3 Clark, J., Margary, I. & Marshall, R. International Co-operation in Phenological Research. Nature 114, 607–608 (1924). https://doi.org/10.1038/114607a0

4 https://geobon.org/ebvs/what-are-ebvs/

Ripoche, Cécile; Garcia de Cortazar Atauri, Iñaki, 2021, "Historical Phenology Data from Versailles Research Center, INRAE, TEMPO network", https://doi.org/10.15454/P27LDX, Portail Data INRAE, V1

ÉcoSys : Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes, UMR INRAE / AgroParisTech

 

EN SAVOIR PLUS :  Qu’est-ce que la Phénologie ?

La phénologie est l’étude de l’occurrence d’événements périodiques en relation avec les variations saisonnières du climat.

Un événement phénologique, encore appelé stade phénologique, est par exemple : la floraison, la coloration des feuilles à l’automne, l’arrivée des oiseaux migrateurs, la période de reproduction, l’émergence des stades adultes chez les insectes, etc… Par ailleurs, la phénologie fait partie des variables essentielles de la biodiversité4.

Depuis 2017, un réseau national d’observatoires de la phénologie, le Réseau TEMPO, a été mis en place avec l’objectif de regrouper, gérer et diffuser les données de phénologie observées chaque année par différents organismes de recherche (comme INRAE), les interprofessions, mais aussi dans le cadre de programmes de sciences participatives (l’Observatoire des Saisons et Phenoclim CREA). TEMPO a comme mission de comprendre et prédire comment le changement climatique impacte la phénologie des organismes vivants et les conséquences en termes de productivité des systèmes, survie et répartition des populations. L’Unité de Service AgroClim (unité du département AgroEcoSystem situé au Centre PACA), a comme mission d’étudier les impacts du climat sur les agroécosystèmes et d’accompagner la définition des stratégies d’adaptation en s’appuyant sur des services basés sur les données simples ou élaborées et les outils développés. C’est dans le cadre de ces missions qu’AgroClim est l’un des animateurs du Réseau TEMPO.

Sites

Remerciement à Cécile Ripoche, technicienne en contrat occasionnel à AgroClim, qui a réalisé cet imposant travail de saisie et vérification des données.

 

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