Société et territoires 3 min
Des algorithmes pour limiter les maladies respiratoires bovines
Après avoir identifié la composition des lots de jeunes bovins et leur distance de trajet comme des facteurs augmentant les risques de développer des maladies respiratoires durant l’engraissement, l’unité BIOEPAR a développé des outils d’aide à la décision pour optimiser ces facteurs et limiter ces risques
Publié le 09 avril 2021
Les maladies respiratoires touchent particulièrement les jeunes bovins au début de la période d’engraissement, avec des conséquences sanitaires comme économiques. Afin de proposer aux éleveurs engraisseurs des alternatives aux antibiotiques, l’unité BIOEPAR, qui travaille à l’interface entre la médecine vétérinaire et la modélisation épidémiologique, a étudié les facteurs liés à la gestion logistique de ces animaux. La plupart des cas surviennent dans les semaines qui suivent le transfert des animaux depuis les éleveurs "naisseurs" vers des centres d’engraissement. Des intermédiaires gèrent ces transferts, en rassemblant les bovins achetés aux naisseurs dans des centres de tri. Ils sont alors rassemblés en lots et vendus aux éleveurs "engraisseurs".
A partir d’un jeu de données fourni par la coopérative Ter’Elvage, l’unité de recherche a d’abord identifié trois facteurs favorisant les maladies respiratoires bovines : le manque de vaccination chez le naisseur, la distance de transfert des animaux et le mélange dans un même lot d’animaux provenant de différents naisseurs. L'homogénéité de poids dans les lots, un critère souvent pris en compte par les engraisseurs, n’en faisait en revanche pas partie.
Pour améliorer la gestion des jeunes bovins, l’unité BIOEPAR a alors mis au point deux algorithmes. Le premier permet d’optimiser les trajets entre naisseurs et engraisseurs, en choisissant le centre de tri minimisant les distances parcourues. Un test sur des données fournies par Ter’Elevage a montré une diminution de 18 % des trajets les plus longs. Le deuxième algorithme propose des compositions de lots minimisant le mélange d’animaux issus de naisseurs différents. Il a été estimé à partir des mêmes données qu’il pourrait diminuer de 35 % le nombre de jeunes bovins développant des symptômes durant l’engraissement.
Ces outils d’aide à la décision, disponibles publiquement, permettront aux acteurs de la filière bovine de diminuer le nombre de cas parmi les jeunes bovins qu’ils mettent en lot. A terme, ils pourront diminuer le besoin des éleveurs engraisseurs de recourir aux antibiotiques.
Le code des algorithmes développés, un poster explicatif ainsi que les articles scientifiques associés expliquant leur fonctionnement et leur test plus en détail, sont tous disponibles en libre accès sur le site regroupant tous les logiciels produits par l’unité BIOEPAR : https://bioepar.org/bioepar/index.php/fr/contenu-optimisation-des-lots-fr . Ces outils ont été testés sur des données de terrain fournies par la coopérative Ter’Elevage, mais peuvent être utilisés sur n’importe quel jeu de données, ensemble ou séparément. |
Partenaires : cette étude a été menée par l’unité BIOEPAR, en collaboration avec l’unité MaIAGE et en partenariat avec Terrena Innovation.
Financement : cette étude a été financée grâce au projet PSDR 4 Grand Ouest "Sant’Innov", financé par INRAE et les régions Bretagne, Normandie, Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire.
Publications associées
• Herve, L., Bareille, N., Cornette, B., Loiseau, P., & Assié, S. (2020). To what extent does the composition of batches formed at the sorting facility influence the subsequent growth performance of young beef bulls? A French observational study. Preventive veterinary medicine, 176, 104936. http://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2020.104936
• Morel-Journel, T., Vergu, E., Mercier, J. B., Bareille, N., & Ezanno, P. (2021). Selecting sorting centres to avoid long distance transport of weaned beef calves. Scientific reports, 11(1), 1-10. http://doi.org/10.1038/s41598-020-79844-4
• Morel-Journel, T., Assié, S., Vergu, E., Mercier, J. B., Bonnet-Beaugrand, F., & Ezanno, P. (2021). Minimizing the number of origins in batches of weaned calves to reduce their risks of developing bovine respiratory diseases. Veterinary research, 52(1), 1-12. http://doi.org/10.1186/s13567-020-00872-z