Agroécologie 5 min
Abhishek Chatterjee, explorateur des sens des insectes
Recruté sur concours INRAE en 2020, Abhishek Chatterjee intègre l’Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris (iEES-Paris) comme chargé de recherche avec 15 ans d’expérience, des Etats-Unis à l’Autriche en passant par Paris-Saclay. Son objectif : comprendre les mécanismes neuronaux permettant aux insectes de percevoir des signaux extérieurs, notamment odorants, et d’y réagir. A la clé, une gestion plus durable et ciblée des insectes nuisibles.
Publié le 16 août 2021
ECOSENS, un laboratoire au cœur des interactions entre l’insecte et son environnement
Abhishek Chatterjee, jeune chercheur indien déjà bien expérimenté, se réjouit de sa récente arrivée à INRAE. Les raisons derrière sa candidature étaient nombreuses : l’excellence d’INRAE, la possibilité de facilement traduire sa recherche fondamentale en applications concrètes, mais aussi l’engagement d’INRAE, à travers son label « HR excellence in research » reçu de la Commission européenne, à garantir un équilibre sain entre vie professionnelle et vie personnelle.
Autant d’atouts qui ont pesé dans le choix d’Abhishek Chatterjee, qui se définit autant comme un neuroscientifique que comme un père immigré, de rejoindre à Versailles le département d’écologie sensorielle ECOSENS de l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (iEES-Paris). « iEES-Paris a pour objectifs d’analyser et modéliser l’organisation, le fonctionnement et l’évolution des systèmes environnementaux », détaille en anglais ce francophile anglophone. Plus particulièrement, ECOSENS utilise des modèles insectes pour mieux comprendre les mécanismes de la communication olfactive entre les organismes vivants et leur environnement.
Décoder les sens des insectes pour mieux les tromper
Depuis son arrivée à INRAE, Abhishek Chatterjee s’investit plus spécifiquement dans trois projets : décrire comment les informations chimiosensorielles sont intégrées par les différents circuits neuronaux, déterminer de quelle manière les insectes interprètent les molécules constitutives d’un mélange d’odeurs et comment d’autres signaux sensoriels peuvent altérer cette perception olfactive, et enfin définir les mécanismes de transduction du signal phéromonal lors de sa détection par les récepteurs olfactifs chez les insectes nuisibles.
Ce sont des travaux très propices aux applications concrètes, notamment dans le domaine du contrôle des insectes ravageurs. « Une meilleure compréhension de la détection par les insectes de signaux chimiques mélangés, dans des conditions proches du milieu naturel, optimisera les méthodes de lutte basées sur l’utilisation de molécules olfactives. Ce type de stratégies de biocontrôle donnent lieu à des actions ciblées très efficaces qui protègent les cultures tout en limitant l’usage de pesticides », s’enthousiasme Abhishek Chatterjee. Mais à ses yeux, ces travaux permettent surtout de créer du savoir, et de renforcer les liens entre pays par des collaborations internationales.
Une voie toute tracée pour un enfant perfectionniste adepte de la contradiction
C’est dans cette ferveur sincère pour la production de connaissances que se manifeste le cœur de la motivation d’Abhishek Chatterjee. « Enfant, j’avais un fort esprit de contradiction grâce auquel j’ai découvert le superpouvoir des arguments objectifs et irréfutables. Je ressentais un sentiment d’inachevé dès que je n’arrivais pas à comprendre à fond ce qui m’entourait », se souvient le neuroscientifique. Une exigence qui le pousse tout naturellement vers des études scientifiques.
Durant son master de biophysique à Calcutta, il passe deux mois dans le laboratoire du célèbre Obaid Siddiqi, neurogénéticien à l’origine de découvertes capitales dans la compréhension du goût et de l’odorat : une courte expérience au goût de révélation. Désormais captivé par la neurogénétique, il effectue sa thèse de 2006 à 2011 à la Texas Agricultural and Mechanical University dans l’équipe de Paul Hardin, fameux découvreur du rôle du gène period dans le maintien d’un rythme circadien dans les cellules animales. Puis de 2011 à 2020, Abhishek Chatterjee enchaîne les post-docs : un an à l’Institute of molecular pathology de Vienne, puis 8 ans à l’Institut des neurosciences de Paris-Saclay.
Du haut de ses 15 ans d’expérience internationale, le nouveau chargé de recherche INRAE garde intacte l’étincelle de sa passion. Une flamme qui ne semble pas prête de faiblir : « découvrir de nouvelles connaissances est un sentiment réjouissant, comme écarter le voile qui cachait la réalité à mes yeux », s’exalte Abhishek Chatterjee.
MINI-CV Depuis 2020 Chargé de recherche, INRAE, département EcoSens, iEES-Paris, France |