illustration  Le goût pour la recherche de Camille Meslin-Auclair, jeune chercheuse
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Biodiversité 3 min

Le goût pour la recherche de Camille Meslin-Auclair, jeune chercheuse

La carrière scientifique de Camille Meslin-Auclair débute en 2004 avec l’obtention de son DUT Génie Biologique à l’Université de Caen. Douze ans plus tard, elle intègre l’Inra au sein de l’unité iEES Paris (Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris) comme chargée de recherche. La jeune chercheuse étudie principalement les récepteurs gustatifs des Noctuelles, des papillons ravageurs de cultures, afin de développer par la suite des solutions de biocontrôle efficaces et durables.

Publié le 21 juin 2018

Etudier le système sensoriel des insectes

Comprendre les mécanismes de la chimioréception chez les insectes.

Camille Meslin-Auclair, recrutée en 2016 par le département Santé des Plantes et Environnement (SPE) de l’Inra, est chargée de recherche dans l’unité iEES Paris (Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris) au sein de l’équipe Chimioréception et adaptation. Les objectifs généraux de cette équipe sont de mieux comprendre les mécanismes généraux des premières étapes de la chimioréception chez les insectes. L’équipe met en oeuvre un ensemble unique d’approches et dispose de savoir-faire complémentaires alliant bioinformatique, génomique fonctionnelle, génétique moléculaire, biochimie, physico-chimie, neuroanatomie, imagerie, électrophysiologie, éthologie et modélisation. Les objets d’étude sont des espèces d’insectes installées ou invasives, d’intérêt en protection des cultures (noctuelles), en santé humaine (punaises hématophages), ou d’intérêt d’un point de vue évolutif (lépidoptères diurnes) ou académique (drosophile).

Le projet de recherche de la jeune chercheuse vise à identifier les gènes clé ayant joué un rôle dans l’adaptation du système sensoriel des insectes ravageurs. Pour cela, elle utilise des approches impliquant la génomique comparative, les analyses évolutives et les analyses à haut-débit telles que la transcriptomique. L’ensemble des résultats de ces analyses sont ensuite minutieusement étudiés afin d’identifier des gènes candidats pour des études fonctionnelles, afin de révéler de nouvelles cibles moléculaires pour le biocontrôle de ces ravageurs.

De Caen à Pittsburgh et de Pieris rapae à Spodoptera littoralis

Camille Meslin-Auclair débute son parcours scientifique en 2004 avec un DUT Génie Biologique obtenu à l’Université de Caen. Elle poursuit ensuite ses études avec une Licence Science de la Vie, toujours à l’Université de Caen et un Master Biologie de la Reproduction à l’Université de Tours. Elle découvre l’Inra, lors de ses stages de Master, dans l’unité de Physiologie de la Reproduction et des Comportements. Unité dans laquelle elle va également effectuer sa thèse de 2008 à 2011 sur l’évolution des gènes impliqués dans la reproduction chez les Vertébrés. Camille Meslin-Auclair part ensuite 4 ans en post-doctorat dans un laboratoire de l’Université de Pittsburgh aux Etats-Unis où elle utilise comme modèle la Piéride de la Rave (Lépidoptère, Pieris rapae) pour interpréter les divergences moléculaires des protéines impliquées dans la reproduction et leurs impacts physiologiques.

La jeune chercheuse évolue depuis plus de dix ans dans le domaine des sciences du vivant, et indique pour celles et ceux qui souhaiteraient suivre la même voie que la curiosité et la rigueur sont, selon elle, deux qualités fondamentales pour être un scientifique. La curiosité parce qu’elle permet d’élargir ses horizons, de développer de nouvelles idées, d’intégrer de nouveaux concepts. La rigueur parce qu’elle est essentielle dans ce métier pour assurer la qualité et la fiabilité des résultats.

Camille Meslin-Auclair est aujourd’hui parfaitement intégrée dans son laboratoire où elle participe à quatre projets financés par l’Agence Nationale de la Recherche. Elle porte également elle-même un projet sur la thématique « Gustation » qui a obtenu un financement de la part du département SPE, ce qui lui permettra d’acquérir des données préliminaires pour le montage d’un projet plus ambitieux dans les années à venir. La jeune chercheuse souhaiterait développer également au sein de son laboratoire des analyses populationnelles sur l’espèce modèle Spodoptera littoralis.

Analyser les récepteurs gustatifs des Noctuelles

Le projet de recherche de Camille Meslin-Auclair concerne l’analyse évolutive des récepteurs gustatifs des Noctuelles, une famille de Lépidoptères qui compte parmi ses membres de nombreux ravageurs de cultures. Ces papillons sont particulièrement menaçants car nombre d’entre eux sont extrêmement polyphages, chaque espèce pouvant coloniser plus de 100 plantes hôtes différentes. Ce succès écologique repose notamment sur leur faculté à percevoir une large gamme de molécules émises dans leur environnement, notamment par les plantes. Au niveau moléculaire, certaines de ces molécules sont détectées par les récepteurs gustatifs (GR), des protéines majoritairement exprimées dans la membrane des neurones des organes gustatifs des insectes.

La gustation est donc une cible potentielle pour le développement de stratégies de lutte contre ces insectes. Cependant, bien que de plus en plus de récepteurs gustatifs soient identifiés, il existe très peu de récepteurs pour lesquels les ligands sont connus. Or, étant donné le nombre conséquent de gènes dans les répertoires de GR chez les noctuelles, il est important de prioriser une liste de gènes candidats à tester par la suite d’un point de vue fonctionnel. Ce projet a pour but d’établir une telle liste à l’aide d’une approche intégrée combinant analyses évolutives et analyses d’expression génique. 

Ce projet permettra de poser des bases solides pour un projet plus ambitieux d’identification de la fonction des GR les plus pertinents par rapport aux traits de vie de ces insectes.

 

Arnaud RIDELRédacteur

Contacts

Camille MESLIN-AUCLAIR Institut d'Ecologie et des Sciences de l'Environnement de Paris

Le département