Changement climatique et risques 3 min

10 thèses européennes pour protéger les écosystèmes contre les résidus de médicaments et les résistances aux antibiotiques

COMMUNIQUE DE PRESSE REGIONAL - Le projet international Pharm-ERA vise à améliorer la surveillance et l'évaluation des risques environnementaux liés aux substances pharmaceutiques, à la résistance aux antibiotiques et aux agents pathogènes dans les milieux terrestres et aquatiques. Financé par la Commission Européenne et coordonné par Stéphane Pesce et Chloé Bonnineau, chercheurs en écotoxicologie microbienne à INRAE, ce projet d’une durée de 4 ans s’appuiera sur 10 projets de doctorat. Les 15 partenaires mobilisés, issus de 8 pays européens, se réunissent à Villeurbanne du 25 au 29 novembre pour le lancement du projet.

Publié le 21 novembre 2024

© INRAE

« Les antibiotiques, c'est pas automatique », tout le monde connait ce slogan visant à réduire le recours trop systématique aux antibiotiques. La surconsommation de ces substances et de l’ensemble des médicaments en médecine humaine et animale est responsable d’une pollution généralisée de nos écosystèmes terrestres et aquatiques. Une étude publiée en 2022 (1), réalisée à l’échelle mondiale et impliquant INRAE, a par exemple démontré la présence de résidus de médicaments dans l’ensemble des 258 rivières suivies, réparties dans une centaine de pays sur les cinq continents. Les sources principales de cette pollution sont, d’une part, les rejets de stations de traitement des eaux usées, qui collectent les résidus de médicaments présents dans nos selles et nos urines et, d’autre part, l’épandage sur les sols agricoles de fumier et lisier, utilisés comme engrais.

Au-delà des risques écologiques…

Cette contamination chimique n’est pas sans effet sur la santé des écosystèmes car elle contribue au déclin de la biodiversité et perturbe le fonctionnement écologique des sols et des cours d’eau. Mais au-delà des risques écologiques, la santé humaine et animale est également menacée.

En effet, face à cette pollution, les microorganismes présents dans l’environnement s’adaptent et leur résistance à ces substances ne cesse d’augmenter. Nos écosystèmes sont donc devenus des sources de bactéries résistantes aux antibiotiques, incluant certaines potentiellement responsables de maladies, auxquelles les hommes et les animaux sont exposés. De ce fait, des antibiotiques classiques deviennent inopérants et certaines infections banales, comme les infections urinaires, finissent par nécessiter des soins intensifs en milieu hospitalier faute de traitement antibiotique efficace. Dans le monde, on estime qu’environ 5 millions de décès annuels sont dus à des infections par des bactéries résistantes aux antibiotiques. La France n’est pas épargnée et les estimations actuelles prévoient que plus de 230000 personnes mourront des suites de l’antibiorésistance dans notre pays d’ici 2050 (2).

Les objectifs du projet

Mesurer la contamination des écosystèmes terrestres et aquatiques par les résidus de médicaments, prédire et évaluer les risques et effets écologiques qui en découlent, et comprendre comment celle-ci contribue au développement et à la dissémination des bactéries résistantes aux antibiotiques et qui présentent un risque pour la santé humaine et animale font partie des objectifs du projet Pharm-ERA.

Disciplines scientifiques couvertes par les 10 projets de thèse

Avec 10 projets de doctorat couvrant des disciplines scientifiques telles que la chimie environnementale, l’écotoxicologie, l’écologie microbienne, la biologie moléculaire et la modélisation, Pharm-ERA entend développer des méthodes et solutions innovantes pour améliorer les stratégies de surveillance, d’évaluation et de prévention des risques associés à la contamination des écosytèmes par les résidus de médicaments et les bactéries résistantes aux antibiotiques. Il vise également à informer et sensibiliser différents décideurs et le grand public à ce propos. Enfin, à travers la formation de 10 jeunes Docteurs présentant des profils internationaux, interdisciplinaire et intersectoriels, il ambitionne de fournir à l’Union Européenne des experts scientifiques de haut niveau, qui contribueront à façonner et mettre en œuvre les stratégies de demain visant à assurer la durabilité de nos écosystèmes et préserver la santé et le bien-être des hommes et des animaux.

Sources et références

(1) Une première étude mondiale pour évaluer l’étendue de la pollution médicamenteuse des rivièresJohn L. Wilkinson et al. Pharmaceutical pollution of the world’s rivers. PNAS February 22, 2022 119 (8) e2113947119; https://doi.org/10.1073/pnas.2113947119

(2) Chiffres et explications disponibles sur le site du ministère de la santé et de l’accès aux soins

Les données du projet
Pharm-ERA – https://pharm-era.hub.inrae.fr/
Coordination du projet
- Coordinateur : Stéphane Pesce, unité de recherche RiverLy (Lyon-Villeurbanne) 
- Responsable scientifique : Chloé Bonnineau, unité de recherche EABX (Bordeaux-Cestas) 
- Gestionnaire de projet : Emilie Egea, unité de recherche RiverLy (Lyon-Villeurbanne)
Programme de l’Union Européenne - Actions Marie Skłodowska-Curie (MSCA) 
- Contribution financière : 2,6 millions d’euros 
- Recrutement : 10 contrats doctoraux 
- Dates : 2024-2028

Les 15 partenaires du projet
Organismes bénéficiaires 
- Académiques : INRAE (France) ; UFZ (Allemagne) ; UVIC, CEAB-CSIC, IDAEA-CSIC (Espagne) ; UGOT (Suède) ; UTH (Grèce) 
- Non académiques : KREATiS (France) ; AEIFORIA (Italie)
Partenaires associés 
- Académique : CNRS (France) 
- Non académiques : Fondation evertéa (France) ; NATURALEA (Espagne) ; SMALLOMICS (Grèce) ; AquaBioTECH (Malte) ; Centre Ecotox (Suisse)

 

cp-regional_pharm-era_221124.pdfpdf - 784.90 KB

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