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Gérer durablement les forêts

Préserver le potentiel des forêts

Publié le 21 mars 2025

Comment préserver le potentiel des forêts ?

Les défis pour les forêts françaises et européennes sont multiples : contribuer à l’atténuation du changement climatique et à la neutralité carbone, s’adapter aux conséquences du changement climatique et répondre aux besoins de la société en matériaux et énergies renouvelables, tout en préservant leur biodiversité et leur contribution aux services écosystémiques.

Les aléas qui affectent les forêts, qu’il s’agisse d’extrêmes climatiques, d’invasions biologiques, de maladies ou ravageurs, ou encore d’incendies, se combinent, se renforcent et se répètent avec des impacts multiples sur la santé et la production des forêts. 

Ces aléas vont jusqu’à remettre en cause l’importance du puits de carbone forestier qui est indispensable pour l’atténuation du changement climatique et l’atteinte de la neutralité carbone. 

Quelles recherches pour quelles solutions ?

Il s’agit pour la recherche d’éclairer les gestionnaires pour accompagner l’adaptation des forêts alors que les changements en cours sont inédits en termes de rapidité et d’intensité, tout en maintenant la capacité des forêts à répondre aux besoins de la société. 

Avec ses partenaires, INRAE contribue à approfondir les connaissances sur les écosystèmes forestiers et à améliorer la prévention des risques. Les recherches visent aussi à permettre l’identification et la mise en œuvre d’options de gestion innovantes qui répondent simultanément à la diversité des situations, tout en intégrant les compromis et synergies entre options et services rendus. 
Les actions s’étendent au-delà de l’Europe, notamment via l’initiative One Forest Vision.

Exemple 1 : ClimEssences oriente le choix des essences forestières en fonction du climat

En France, les cycles sylvicoles s’étendent de 35 ans pour la pineraie d’Aquitaine à 200 ans pour les chênaies de prestige. Jusqu’à récemment, l’expérience locale permettait de connaître ces cycles et le choix des essences à replanter pour dynamiser une forêt. L’évolution climatique impose désormais de compléter cette connaissance par une description méthodique des liens entre les espèces et le climat actuel ou futur. C’est ce que propose le site internet ClimEssences à travers 149 fiches-espèces détaillant 37 critères directement utiles aux praticiens et un modèle permettant d’identifier la compatibilité des espèces envisagées avec leur aire de répartition en fonction de différents scénarios climatiques. Développé et diffusé avec la participation d’INRAE, ce site est mis à disposition des instituts, collectivités territoriales, forestiers mais aussi des entreprises d’approvisionnement en graines et plants.

Exemple 2 : La télédétection pour le suivi à grande échelle du dépérissement des épicéas

En France, les attaques de scolytes sur les épicéas deviennent de plus en plus préoccupantes. Localiser et quantifier les mortalités sur de grandes surfaces peuplées d’épicéas nécessite le recours à la télédétection dont les acquisitions rapides, précises et économes complètent les remontées de terrain. Les images du satellite Sentinel-2 permettent d’avoir un suivi régulier sur la teneur en eau du couvert végétal, principal indicateur du dépérissement précoce des conifères. Grâce à la chaine de traitement ForDead, mise au point par INRAE en 2021 dans l’unité TETIS (Territoires, environnement, télédétection et informations spatiales), ces données ont permis de cartographier les dégâts dans les régions fortement impactées en 2019. Aujourd’hui, un tiers de l’Hexagone est couvert par cette méthode. Trois fois par an, un panorama global des dégâts causés par les scolytes est dressé, un document essentiel pour cadrer les surfaces à reconstituer et calibrer les enveloppes budgétaires.

Aujourd’hui, un tiers de l’Hexagone est couvert par cette méthode

Exemple 3 : Reboisement : délimiter le travail du sol

Grâce aux réseaux expérimentaux PILOTE et ALTER dans lesquels des parcelles forestières sont suivies depuis plus de 10 ans, les chercheurs d’INRAE ont montré que la préparation du sol avant plantation est déterminante dans la réussite du reboisement forestier. En cas d’étés secs, tels qu’on peut les imaginer de plus en plus fréquents, travailler intensément le sol à l’aide d’outils mécanisés permet d’atteindre des taux de survie de 80 %, un an après la plantation, contre 50 % si le sol n’est pas travaillé. Cette préparation mécanisée générant toutefois des lessivages, tassements du sol et déstockages de carbone, l’unité Silva de Nancy conseille de limiter le travail à un rayon de 50 cm autour du jeune plant. Cette façon de ménager l’arbre et le sol est désormais portée auprès des praticiens forestiers lors de formations, journées d’échanges techniques ou de démonstrations.

Exemple 4 : Une grille pour faire décoller les sites de compensation

Tout aménagement du territoire génère inéluctablement des pertes de biodiversité que les aménageurs sont dans l’obligation de compenser. Une des solutions consiste à faire appel à un site naturel de compensation, restauration et renaturation (SNCRR). Depuis 2024, un outil élaboré par l’unité LESSEM permet d’analyser les chances de succès des projets de compensation de façon transparente et efficace. Il repose sur une grille de 34 critères établie pour évaluer la pertinence écologique de ces projets. L’état initial du site et le potentiel de gain écologique sont 2 des critères essentiels. Cette grille a été reprise dans les décrets de la loi Industrie verte, lui donnant une valeur juridique de standard national. Plus d’une centaine de personnes des services de l’État (Dreal, DDT, OFB, etc.) ont été formées à son utilisation et le LESSEM accompagne 
5 potentiels porteurs de projet en 2024. 

Outils et moyens

4 projets majeurs 

pour aider à une gestion durable des forêts : 

  • FunDivEurope a examiné 200 forêts dans 6 pays européens : plus elles sont diversifiées, plus elles rendent de services écosystémiques.
  • I-Maestro a évalué dans 4 pays européens l’impact de cette diversification sur la résilience des forêts.
  • MixForChange étudie les services rendus par plus d’1 million d’arbres de par le monde.
  • B4EST a étudié les bases génétiques de la réponse au climat pour 8 espèces majeures.

1 initiative internationale : One Forest Vision 

pour la surveillance de la dégradation des forêts tropicales humides
(stocks de carbone, biodiversité...)

1 Prix spécial du jury 

remis lors des Étoiles de l’Europe pour le projet GenTree grâce auquel 4 750 arbres ont été géoréférencés et caractérisés (génotype, phénotype) dans un dispositif unique

30 ans d’étude 

sur 4 plantations de chênes sessiles qui montrent leur formidable adaptation aux variations climatiques

1 infrastructure nationale de recherche 

pour la gestion adaptative des forêts coordonnée par INRAE, IN-SYLVA France 

1 400 feuillus plantés 

sur le site expérimental de Saint-Mitre-les-Remparts pour définir des stratégies d’adaptation des forêts méditerranéennes