Fonte des glaces : quelles conséquences ?
Les glaciers, ces énormes réserves d'eau douce planétaires, sont en péril. En cause ? Le réchauffement climatique, qui accélère la fonte des glaces depuis une trentaine d'année. De multiples conséquences, de l'accès à une ressource vitale aux risques d'inondation et de perte de la biodiversité, sont à prévoir. Zoom sur ces géants rocheux, de leur formation à la menace de leur potentielle disparition.
Publié le 07 novembre 2024
Le regard rivé sur son écran d’ordinateur, Mylène Bonnefoy-Demongeot analyse les mesures de fonte prises sur le glacier Blanc quelques jours plus tôt. Et le constat est désolant. Pour cette glaciologue, il n’y a pas de doute : partout dans le monde, les glaciers fondent inexorablement. Et cela n’est pas sans conséquences sur la biodiversité, la ressource en eau et la sécurité des êtres humains.
Avant même d’ouvrir son tableau Excel, l’ingénieure d’étude en cartographie des risques naturels à l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE) se doute déjà de ce qu’elle va constater, compte tenu des précipitations neigeuses de cette année. C’est la deuxième année la plus enneigée qu’ils aient connue sur ce glacier en 25 ans de mesures.
Avec ses collègues, elle perce la glace et y enfonce 5 perches colorées de 2 mètres. La plus enfoncée est rouge ; la plus haute est bleue. Grâce à ce code couleur, les glaciologues évaluent la fonte de la glace.
« On mesure l’émergence des balises entre l’an dernier et cette année. La différence de valeur nous permet d’avoir un premier bilan pour chaque balise. De façon globale, on remarque que, cette année, le glacier Blanc est légèrement en positif. C’est de bon augure par rapport à 2022 et 2023 où il y a eu une sécheresse hivernale et des chaleurs très intenses en été, donc un niveau de fonte record. »
Un premier bilan plutôt rassurant, que Mylène Bonnefoy-Demongeot nuance très vite.
« C’est un résultat provisoire. Il faudra attendre les dernières mesures entre mi-septembre et début octobre, à la fin de la période de fonte, pour produire une évaluation définitive pour l’année. Là, on constatera si la fonte s’est accélérée ou arrêtée en septembre. »
Terrain glissant
Un résultat négatif n’aurait d’ailleurs rien de surprenant puisque le front recule de 30 mètres par an depuis déjà une trentaine d’années. Est-ce une spécificité du glacier Blanc ? Loin de là.
« Les glaciers ont tendance à fondre sur l’ensemble de la planète. Ce n’est pas que dans les Alpes ; c’est une tendance globale due au changement climatique », alerte l’ingénieure.
Et cette fonte peut avoir des conséquences dramatiques.
Lorsqu’un glacier fond, la moraine – cet amas de débris de roches qui se trouve entre le rocher et la glace – n’est plus soutenue. Le terrain de montagne devient alors instable, mettant en danger les randonneurs et entraînant des risques de chute de pierre et de glissements de terrain.
Des lacs glaciaires pourraient alors faire leur apparition sur ces mêmes terrains instables. Les berges de ces lacs risquent alors de céder et de provoquer des inondations, avec des conséquences humaines, économiques et sociales majeures.
Sans glacier, pas d’eau douce ?
Les glaciers constituent une grande partie des réserves d’eau douce de la planète. L’hiver, il neige, ce qui réalimente en eau solide les glaciers. L’été, une partie de ce stock de neige ainsi qu’une partie de la glace fondent. Cette fonte régule le débit d’eau tout au long de l’année et permet d’alimenter les réserves des bassins versants, notamment en période d’étiage (le moment où un cours d’eau atteint son niveau le plus bas).
Si les glaciers venaient à disparaître, le débit d’eau serait progressivement réduit, avec une seule issue possible : ces lacs, fleuves et rivières risqueraient de s’assécher, privant de nombreuses personnes de cette ressource vitale.
Un grand merci à Mylène Bonnefoy-Demongeot pour le temps accordé et la vulgarisation des recherches du centre INRAE Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes.