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Thierry Caquet, un insatiable curieux de nature
Actuellement Directeur scientifique Environnement de l’Inra, devenu INRAE depuis le 1er janvier 2020, Thierry Caquet s’intéresse depuis bien des années à la diversité du vivant. Qu’il s’agisse, comme à ses débuts des milieux aquatiques ou plus largement, de l’environnement, il n’a cessé d’étendre ses champs d’intérêt et de compétences tandis qu’il s’investit de plus en plus dans la stratégie de l’Institut.
Publié le 19 avril 2019
Depuis le 1er janvier 2020, Thierry Caquet est directeur scientifique Environnement du nouvel institut INRAE, fruit de la fusion entre l’Inra et Irstea. Il nous livre ses ambitions pour les années qui viennent : Face au changement climatique et à ses manifestations déjà sensibles, INRAE a un rôle clé à jouer, avec l’ensemble de ses partenaires, dans la conception et l’accompagnement des transitions nécessaires. Des compromis devront être trouvés, en privilégiant l’agilité et l’adaptabilité des systèmes et en favorisant les approches intersectorielles. Il s’agit de poursuivre l’appui à la transition agroécologique des agricultures et notre contribution à l’évolution de l’ensemble des systèmes alimentaires, afin de favoriser les transitions vers des systèmes plus durables et favorables à la santé végétale, animale et humaine, comme à celle des écosystèmes. Par ailleurs, INRAE possède de nombreux atouts pour être un acteur de référence dans le domaine des risques, en allant jusqu’à leur gestion. Il s’agit notamment de développer l’étude des risques multiples. Enfin, la biodiversité et les services écosystémiques seront des piliers des transitions en permettant de répondre à plusieurs enjeux dont l’adaptation aux changements globaux (notamment climatiques), avec une attention particulière portée à la conservation des ressources ainsi qu’à une meilleure utilisation des régulations naturelles et au développement de solutions fondées sur la nature.
Scientifique, technique, intellectuelle... la curiosité, c’est ce qui anime Thierry Caquet depuis son enfance. Son domaine de prédilection : le vivant. Ses sources d’inspiration : les livres qu’il collectionne et conserve précieusement depuis toujours, son environnement sur lequel il porte un regard éternellement intéressé, les collègues qu’il croise à l’occasion ou qu’il côtoie au quotidien et avec lesquels il a à cœur d’échanger et de partager.
La fascination de la diversité du vivant
Un fil rouge qu’il ne cesse de dérouler au service de l’Inra.
Dès le début de ses études universitaires, Thierry se passionne pour l’écologie, s’intéressant plus particulièrement aux milieux aquatiques. Ce sont les ouvrages scientifiques et la rencontre avec des enseignants-chercheurs passionnés qui l’influencent, plus que le bassin dans le jardin de la maison familiale ! Il va enchaîner les diplômes jusqu’à obtenir un doctorat d'Écologie générale. C’est l’époque où l’écotoxicologie pointe son nez tandis que les questions sur l’usage et l’impact des pesticides émergent sur la place publique. Au cours de sa thèse, loin déjà de l’étude en laboratoire des relations doses-réponses, il évalue l'intérêt d’utiliser des mésocosmes, des écosystèmes expérimentaux qu’il creuse et aménage lui-même, pour étudier les conséquences de la présence accidentelle d’insecticides utilisés en protection des cultures dans les écosystèmes d’eau stagnante. Mares, étangs, marais et autres, ces milieux que l’on dit lentiques, sont nombreux dans les paysages agricoles où ils constituent des hauts lieux de biodiversité.
Fidèle à son goût pour la transmission, s’il se voyait bien prof ’de sciences nat’ alors qu’il était au collège, c’est finalement dans l’enseignement universitaire qu’il s’engage. Il garde de cette période de très bons souvenirs, liés notamment aux nombreux stages de terrain au cœur de la Bretagne qui deviendra par la suite son lieu de vie. Une décennie plus tard, un peu frustré de ne pouvoir mener de front enseignement et recherche avec la même intensité, il fait une première expérience d’immersion à l’Inra où il est accueilli pendant deux ans en délégation à Rennes. Nouvelles activités, nouvel environnement, Thierry Caquet se projette alors avec enthousiasme dans un quotidien qu’il affectionne et qui mêle écologie aquatique, écotoxicologie… et mésocosmes.
Le nouveau millénaire est le moment pour Thierry Caquet de tourner définitivement la page universitaire et de rejoindre l’Inra. En 2001, il est recruté en qualité de Chargé de recherches dans ce qui est aujourd’hui l’unité de recherche Ecologie et santé des écosystèmes (Inra, AgroCampusOuest). S’il s’intéresse d’abord aux effets des pesticides à différents niveaux d'organisation biologique (de l'individu à la communauté), Thierry recentre progressivement ses activités sur un seul niveau, celui des communautés d'invertébrés. Il associe l’analyse de la diversité des espèces avec des approches sur les processus qui sont à la base du fonctionnement des écosystèmes et délaisse progressivement les mésocosmes de ses débuts pour travailler directement dans les milieux naturels.
C’est aussi pour lui le temps d’assoir ses compétences et de partager son expertise. Membre de différents conseils scientifiques, comités, groupes de travail et autres commissions avant même d’avoir intégré l’Inra, il s’implique progressivement dans plusieurs instances des partenaires publics de l’Inra sur des questions qui vont de la connaissance de la biodiversité aux produits phytosanitaires, notamment en lien avec les programmes de recherche du Ministère de l’écologie ou ceux du plan Ecophyto piloté par le Ministère de l’agriculture et de l'alimentation. Il découvre l’interdisciplinarité et prend pied dans des communautés qui lui étaient jusque-là moins familières comme celle des sciences agronomiques. En 2005, il contribue à l’expertise scientifique collective Pesticides, agriculture et environnement. Réalisée par l'Inra et le Cemagref (aujourd'hui Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture), à la demande du Ministère de l'agriculture et de la pêche et du Ministère de l'écologie et du développement durable, elle a marqué, à sa manière, la façon dont l’Institut aborde la question de la protection des cultures.
On n’a jamais fini d’apprendre, ni de découvrir
Les années passent, devenu directeur de recherches, Thierry Caquet se voit proposer par son chef de département Jean-Marc Guehl de rejoindre l’équipe de direction du département scientifique Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques- EFPA de l’Inra en tant que chef de département adjoint. Ce sera pour Thierry l’occasion de s’impliquer dans la gestion d’un collectif de grande ampleur et de voir « de l’intérieur » la programmation et la gestion la recherche. Au gré des visites d’unité et des concours, il s’enrichit au contact de collègues passionnés. Il aura d’ailleurs souvent l’impression de reprendre ses études, qu’il s’agisse de biologie évolutive, d’écophysiologie ou de sciences forestières !
Au service du collectif
En 2013, il prend les commandes du département EFPA, conscient de la confiance que lui accorde ainsi l’Inra. C’est avec plaisir qu’en qualité de chef de département il en assure le pilotage scientifique, plébiscitant une gouvernance collégiale à l’image d’une valeur qui lui tient à cœur, la confiance. Avec l’appui de ses collègues chefs de département adjoints et de l’équipe administrative nichée dans la forêt de Champenoux, c’est une période intense, pleine de défis et d’élargissement des responsabilités. L’année suivante, il endosse la responsabilité de la direction du Métaprogramme Adaptation de l’agriculture et de la forêt au changement climatique - Accaf de l'Inra. L’occasion de s’intéresser, encore et toujours, à des choses nouvelles tout en embrassant des perspectives plus larges sur fond de changement climatique et d’enjeux globaux.
Je ne vois pas le temps passer
Les années s’enchaînent à toute vitesse. Plus le temps, pour ce passionné d’histoire de l’aviation, de s’évader aux commandes d’un avion léger !
Thierry devient directeur scientifique Environnement de l’Inra en 2017. Changement de public, changement de dimensions, bien conscient des responsabilités qui lui incombent vis-à-vis de l’Institut, Thierry a le sentiment d’être utile, participant à la mise en place et à la définition de la stratégie de l’Inra notamment dans le cadre du Collège de direction. S’il a l’impression d’avoir su saisir les opportunités qui se présentaient à lui ou qu’il a provoquées, il n’en oublie pas pour autant celles et ceux qui ont marqué son parcours ou le jalonnent encore. « De belles rencontres » aime-t-il à répéter.
Pas de nostalgie non plus lorsqu’il considère les quasi 20 années de vie professionnelle qu’il a consacrées à des missions collectives dans le domaine de l’expertise en appui aux politiques publiques au service de l’environnement mais la conviction que beaucoup reste à faire.
55 ans
- Parcours
Depuis 2017 Directeur scientifique Environnement de l’Inra
2014-2017 Directeur du métaprogramme Adaptation de l’agriculture et de la forêt au changement climatique de l’Inra
2013-2017 Chef de département Ecologie des forêts, prairies et milieux aquatiques - EFPA de l'Inra
2008-2013 Chef de département adjoint EFPA.
Depuis 2007 Directeur de recherche - Inra
2001 Chargé de recherche - Inra
1994-2000 Maître de conférences – Univ. Paris-Sud
1990 Attaché temporaire d'enseignement et de recherche – Univ. Paris-Sud.
- Formation
2011 Ecole pratique du Management de la recherche agronomique
2000 Habilitation à diriger des recherches (HDR) – Univ. Paris-Sud
1990 Doctorat d'Écologie générale – Univ. Paris-Sud
1986 DEA Écologie générale, Option Écologie des communautés aquatiques – ENS, INA-PG, Univ. Paris-Sud
1985 Maîtrise de Biologie des organismes et des populations – Univ. Paris-Sud
1984 Licence de Biologie des organismes – Univ. Paris-Sud
1983 DEUG B, Sciences de la nature et de la vie – Univ. Paris-Sud.
Loin d’un inventaire à la Prévert, la longue liste des partenaires de l’Inra ou de programmes de recherche auxquels Thierry Caquet est associé, est savamment rythmée par trois maitres mots que sont biodiversité, environnement et pesticides. Il est ainsi membre du…
Conseil scientifique de l’Agence française de la biodiversité - AFB (depuis 2017) ; l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie - Ademe (depuis 2017) ; l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques - Onema (2008-2016).
Comité de pilotage scientifique de l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement - AllEnvi (depuis 2017).
Conseil scientifique et technique de l’Institut national de l'information géographique et forestière - IGN (depuis 2017).
Conseil d’administration de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité – FRB (depuis 2017).
Groupe de travail Phytopharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail - Anses (2016-2018).
Conseil d’orientation scientifique et technique de l’Association de coordination technique agricole - ACTA (depuis 2013).
Commission scientifique spécialisée de la Direction des risques chroniques de l’Institut national de l'environnement industriel et des risques - Ineris (2012-2018).
Groupe thématique Risques environnementaux, naturels et écotoxiques - AllEnvi (depuis 2010).
Groupe Inter-Alliances Toxicologie et écotoxicologie - AllEnvi-Aviesan (depuis 2010).
Comité scientifique d’orientation Recherche/Innovation du plan Ecophyto II - Ministère de l’agriculture et de l'alimentation (2016-2019).
Groupe d'experts Recherche de l'Axe 3 du plan Ecophyto - Ministère de l’agriculture et de l'alimentation (2010-2015).
Conseil scientifique du Programme national de recherche sur les Perturbateurs endocriniens - Ministère de l'Ecologie (depuis 2004) ; du Programme Pesticides Evaluation et réduction des risques liés à l'utilisation des pesticides - Ministère de l'Ecologie (1999-2015) ; du Programme national d'Écotoxicologie - Ministère de l'Ecologie (2002-2008) ; de l’Action thématique Fonctionnement et dynamique de la biosphère continentale : processus, échanges de matières et d'énergie du Programme national Ecosphère continentale : processus et modélisation - Agence nationale de la recherche (2003-2005).
Comité de pilotage de l'Appel à projets Contaminants, environnement, santé - ANR (2010-2013).
Comité mixte de Coopération universitaire franco-tunisien (2001-2005).