Des ressources génétiques pour davantage de prairies au bénéfice d’une alimentation plus saine et d’un environnement préservé
Une aide de l’Union européenne, dans le cadre du programme FEDER, a permis de moderniser et d’équiper le Centre de ressources génétiques de l’unité de recherche pluridisciplinaire prairies et plantes fourragères. Cette aide permet ainsi de renouveler la diversité semée des prairies temporaires destinées à être intégrées dans les rotations agricoles. Cette diversité végétale sera un atout majeur pour la préservation de l’environnement et la qualité de l’alimentation humaine dans un contexte de changement climatique.
Publié le 18 décembre 2023
La Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole de France. La qualité de l’environnement, autant que celle de l’alimentation, contribuent à la bonne santé et au bien-être des populations humaines. Différentes études montrent que l’amélioration de la qualité des produits agricoles et l’impact de l’agriculture sur l’environnement sont interdépendants et qu’ils ne peuvent être traités séparément et sans prendre en compte les contraintes de changement du climat.
L’élevage à l’herbe : bon pour l’assiette et la planète
La viande et le lait des ruminants élevés à l’herbe ont une très bonne valeur nutritionnelle, offrent les plus fortes teneurs en acides gras essentiels non synthétisés par les humains et le meilleur équilibre pour la santé humaine entre ces différents acides gras.
Les prairies, qu’elles soient temporaires ou implantées pour plusieurs années, ont un impact positif sur l’environnement. Les prairies temporaires nécessitent très peu ou pas de produits phytosanitaires et peu d’engrais chimique azoté, en particulier quand elles sont pâturées ou qu’elles contiennent des légumineuses. Les prairies implantées pour plusieurs années contribuent à enrichir les sols en matière organique et constituent un habitat privilégié pour la biodiversité locale animale et végétale.
L’élevage de ruminants principalement nourris à l’herbe conduirait à une production de viande et de produits laitiers tout à fait suffisante pour satisfaire les besoins nutritionnels humains. La consommation de protéines en France est ainsi de 1,4 g/kg de poids corporel alors que les besoins ne sont que de 0,8 g/kg (AFSSA, 2007). De plus, la proportion de protéines animales est d’environ 2/3 des apports alors qu’elle devrait idéalement se situer autour de 50%.
Des mélanges végétaux optimisant les services écosystémiques des prairies
La transition d’un élevage intensif des ruminants vers un élevage plus respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs et consommatrices, passe donc par la réintroduction de prairies temporaires dans les rotations de cultures annuelles. Mais ces prairies devront satisfaire des exigences fortes sur la rentabilité économique des élevages, la qualité de la viande et du lait et les services environnementaux. Pour cela, les prairies doivent offrir une diversité d’espèces végétales. L’équilibre entre graminées et légumineuses est particulièrement important. Il est également indispensable d’exploiter au mieux la diversité génétique de chaque espèce végétale afin de faciliter le maintien des différentes espèces. Les services agrosystémiques offerts par les prairies et leurs impacts sur la qualité des produits carnées et laitiers et sur l’environnement, sont ainsi liés à la conception et à la création de mélanges de semences fourragères de haute technicité.
Une vaste collection des plantes de prairies
L’Unité de Recherche Pluridisciplinaire Prairies et Plantes Fourragères (UR P3F) du centre INRAE Nouvelle-Aquitaine-Poitiers, allie des compétences en génétique et écophysiologie végétales pour concevoir et créer des mélanges de semences fourragères. Elle explore une vaste gamme de diversité génétique au sein de chaque espèce de ces mélanges, de façon à pouvoir sélectionner les types génétiques les plus adaptés. Pour cela, elle s’est dotée depuis plusieurs années d’un Centre de ressources génétiques qui maintient de vastes collections de diversité génétique pour les différentes espèces des prairies. Ces collections comprennent un échantillonnage de la diversité naturelle des espèces qui sont maintenues sous forme de lots de semences conservés au froid qui doivent être régénérés régulièrement. Etudier le comportement au champ de ces ressources génétiques (photo), simuler différentes sécheresses plus ou moins intenses, identifier au sein de chaque espèce les gènes impliqués dans la morphologie et la phénologie des plantes, les interactions entre plantes et l’adaptation environnementale : ces travaux conduisent à concevoir des méthodes de sélection optimisées pour créer des variétés visant à répondre aux divers services attendus des prairies. Ces recherches sont conduites en partenariat avec l’entreprise régionale de sélection végétale Cérience, accueillie sur une plateforme d’innovation variétale de l’UR P3F.
La rénovation du Centre de ressources génétiques
Pour faire face aux nouveaux enjeux des prairies, l’UR P3F a considérablement développé ses activités autour des ressources génétiques au cours des années 2010. Les collections se sont beaucoup enrichies (plus de 1000 accessions). Il était devenu nécessaire de réorganiser les infrastructures hébergeant les activités de manipulation et de conservation des ressources génétiques et de se doter d’équipements permettant d’analyser une grande quantité d’échantillons.
Un bâtiment de 300 m² a été restructuré de façon à pouvoir gérer de manière efficace des collections de grande taille et accueillir de nouvelles collections utiles aux recherches de l’unité. Les espaces conditionnement, contrôle des lots de semence, sortie d’échantillon et préparation aux analyse de la qualité fourragère ont été redistribués afin d’optimiser leur positionnement respectif, augmenter la capacité de conditionnement/préparation des lots de semence et améliorer les conditions de travail. Les performances énergétiques du bâtiment ont également été améliorées dans le cadre de ces travaux.
De nouveaux équipements ont permis de faire face à l’augmentation de la taille des collections :
- batteuse à épis
- broyeur haut débit d’échantillons de fourrage
- compresseur à vis pour l’alimentation en air sec du broyeur haut débit et des équipements de battage
- deux étuves pour le séchage des échantillons de graines et de fourrages
Financement dans le cadre du Fonds européen de développement régional (FEDER)
L’Union européenne a financé la rénovation du Centre de ressources génétiques et l’achat d’équipements, dans le cadre du Fonds européen de développement régional. Le FEDER vise à promouvoir la cohésion économique, sociale et territoriale entre les régions européennes. Pour ce faire, il investit dans des projets et des initiatives qui favorisent le développement économique, la création d'emplois, l'innovation, la transition énergétique, l'amélioration des infrastructures et la préservation du patrimoine culturel.
Coût total : 823 000 €
Aide FEDER : 493 000 €