Agroécologie 2 min
Renforcer le lien entre cultures et élevage pour améliorer la durabilité des exploitations
Au sein d’une même exploitation, plus les activités de culture et d’élevage sont liées, meilleures sont les performances économiques et environnementales. Les chercheurs de l’UMR Bagap à Rennes ont proposé une méthodologie pour évaluer ce niveau d’intégration.
Publié le 06 septembre 2021
Une exploitation agricole avec des cultures et de l’élevage peut mettre en place un cycle vertueux : les cultures fournissent de l’alimentation au troupeau dont les déjections amenderont la culture suivante. Mais ces interactions peuvent être plus ou moins fortes selon les exploitations. « Pour évaluer le niveau d'intégration des activités entre elles, nous avons construit un outil basé sur 10 indicateurs concernant l'autosuffisance alimentaire, l'autonomie en fertilisants et l'utilisation des terres. Puis, nous avons testé ce critère vis-à-vis des performances économiques et environnementales d’exploitations conventionnelles et biologiques, explique Gilles Martel, de l’UMR Bagap. 1 190 exploitations ont ainsi été analysées ». Elles ont alors été réparties au sein de trois niveaux d'intégration : faible, moyen et élevé. 85% des exploitations biologiques ont un niveau d’intégration fort. En moyenne, les exploitations bio ont un plus fort niveau d’intégration que les fermes conventionnelles. Un fort niveau d’intégration se traduit par une bonne autonomie alimentaire, moins d’achats de fertilisants ainsi qu’une part importante des surfaces destinées à l’alimentation du troupeau, ce qui est cohérent avec le cahier des charges de l’agriculture biologique (interdiction du recours aux pesticides et engrais de synthèse, coût élevé des aliments AB). Mais quand l’exploitation achète des fourrages ou des concentrés pour alimenter le troupeau, le niveau d’intégration sera plus faible, même en agriculture biologique. Un niveau d’intégration fort est possible dans les 5 productions étudiées (bovins lait, bovins viande, ovins viande, ovins lait et caprins lait).
Un plus pour les performances
Plus le niveau d’intégration augmente, meilleures sont les performances environnementales, mesurées sur trois critères (bilan azoté, indique de fréquence des traitements et consommation de fuel) et plus les performances économiques sont robustes. En effet, l’intégration des activités d’élevage et de cultures les rendent moins sensibles aux événements extérieurs comme une variation des cours ou un aléa climatique. Logiquement, les indicateurs de maitrise des intrants sont améliorés. Ce qui se ressent sur les indicateurs d’efficacité économique comme l’Excédent Brut d’Exploitation sur produit brut ou le bénéfice dégagé par l’exploitation sur ses ventes. Sur ces critères, les exploitations biologiques ont de meilleures performances que les exploitations conventionnelles, notamment car elles ont recours à moins d’intrants.
Par contre, le résultat courant par unité de main d’œuvre est indépendant du niveau de couplage. « Cet indicateur du niveau d’intégration nous aidera à suivre la mise en place et l’intérêt des changements dans les pratiques agricoles, souligne Gilles Martel. Il pourra aussi nous aider à identifier des exploitations avec des pratiques innovantes ».