Bioéconomie 3 min

Réconcilier le développement des villes avec leur environnement

Se développer en harmonie avec son environnement plutôt qu’à ses dépens : un défi pour les villes qu’une économie plus frugale, fondée sur l’utilisation durable des ressources du vivant et la valorisation des déchets organiques peut aider à relever. Les recherches d’INRAE sont mobilisées pour repenser production, transformation, recyclage, intégration dans les territoires et accompagnement des transitions. Cette transformation doit rendre les villes plus résilientes face aux chocs et aux crises tout en assurant un développement durable* dans leurs territoires d’impact.

Publié le 02 juillet 2020

illustration Réconcilier le développement des villes avec leur environnement
© AdobeStock

D’ici 2050, près de sept personnes sur dix devraient vivre en zone urbaine

Actuellement, plus de la moitié de la population mondiale réside en ville. D’ici 2050, ce sont près de sept personnes sur dix qui devraient vivre en zone urbaine selon l’ONU, avec le développement de très grandes métropoles. La tendance à l’urbanisation, au Nord comme au Sud se traduit par une densification de l’habitat et des activités. Cela pose des défis considérables en matière de gestion des déchets et des eaux usées, d’approvisionnement en aliments mais aussi en eau, énergie, et matériaux.  Au sein des villes s’ajoutent aussi les problèmes croissants de congestion et de pollutions qui affectent la santé et le bien-être de leurs habitants. Avec le changement climatique, les villes seront soumises à des pressions et des risques croissants, comme les disponibilités en eau potable, la gestion des évènements climatiques extrêmes, voire même, à plus long terme, des risques de ruptures d’approvisionnement alimentaire ou énergétique. Des enjeux déjà très présents dans les réflexions de la communauté internationale et à l’échelle de l’Union européenne, que la crise sanitaire de la Covid-19 a remis en évidence pour chacun d’entre nous. 

Sobriété des consommations, moindre impact sur l’environnement, meilleure qualité de vie

Comment atteindre la neutralité carbone des villes d'ici 2050 ?

Les villes sont également les principaux territoires émetteurs de gaz à effet de serre. Un nombre croissant d’entre elles dans le monde, comme Paris, se sont engagées à la neutralité carbone d’ici 2050. Dans ce but, elles repensent l’intégralité de leur aménagement et de leur politique sous cet angle, en prenant aussi en compte les attentes des citadins et des habitants des territoires autour des villes qui réclament l’amélioration équitable de leur cadre et qualité de vie. Elles souhaitent devenir plus sobres, mobilisant recyclage des déchets urbains et des eaux usées, réduction de la demande énergétique et recours croissant à des énergies renouvelables comme le biogaz. Elles font évoluer leur architecture et leurs plans d’urbanisme et d’extension urbaine pour faciliter les mobilités et mieux tirer parti des écosystèmes urbains et des matériaux issus de la biomasse. Certaines villes s’investissent aussi dans des projets alimentaires territoriaux, pour diminuer leurs empreintes environnementales et améliorer le bien-être des habitants.

Une transition des villes connectée aux territoires qui contribuent à leur approvisionnement

Une large gamme de ces réponses repose sur la bioéconomie et l’économie circulaire, et s’inscrit dans les stratégies européennes et françaises correspondantes. INRAE est un acteur reconnu dans ces recherches qui doivent mobiliser encore davantage des approches intégrées et interdisciplinaires  pour permettre une transformation très profonde des villes. Les transitions bioéconomiques des villes doivent être évaluées à l’aune de plusieurs critères (économiques, sociaux et environnementaux) et à différentes échelles. Elles nécessitent des innovations technologiques mais aussi socio-économiques et organisationnelles. Les transformations ne concerneront pas que les territoires urbains mais aussi les espaces péri-urbains, soumis aux multiples pressions des villes, et au-delà, les zones agricoles et rurales qui contribuent à leur approvisionnement (ce qu’on appelle souvent l’hinterland des villes) et qui subissent leurs impacts, par exemple en terme de pollution, de concurrence sur la disponibilité en eau, ou d’espace pour accueillir les déchets et effluents urbains.  La dynamique démographique des villes, l’évolution de leurs modes de consommation et de transport, les choix faits en matière de gestion des déchets, d’eau, d’énergie, influencent ainsi en retour le devenir des systèmes sylvo-agricoles, des écosystèmes naturels et la dynamique socio-économique de ces territoires. C’est dans cette analyse croisant territoires urbains et territoires d’impact des villes que se situent essentiellement les apports d’INRAE.

BETTER : des recherches pour une bioéconomie pour les territoires urbains

Transition bioéconomique des villes

Les besoins de connaissances et d’innovations sont donc massifs, car il faut pouvoir proposer et évaluer des solutions qui répondent aux contraintes spécifiques des territoires urbains et qui intègrent les problématiques des territoires sous influence directe ou indirecte des choix faits par les zones urbaines. Le métaprogramme BETTER « Bioéconomie pour les territoires urbains » a été lancé en avril 2020 par INRAE pour que la recherche investisse ces enjeux et lève les verrous scientifiques sur la transition bioéconomique des villes. L’objectif est triple : aider les villes à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, à contribuer aux objectifs de développement durable, et à être plus résilientes face aux chocs induits par le changement climatique ou d’autres crises.  Les recherches conduites dans le cadre de ce métaprogramme seront articulées autour des trois axes suivants :

  • Améliorer la circularité des flux et le recyclage des matières premières, produits, déchets, nutriments et ressources (en eau et énergie) au sein des territoires urbains et entre villes et campagnes, en garantissant une sécurité sanitaire et environnementale optimale.
  • Évaluer le potentiel et les conditions de développement d’une économie davantage biosourcée (alimentation, matériaux, énergie) adaptée aux besoins et contraintes des territoires urbains ;
  • Comprendre, évaluer et accompagner les transitions bioéconomiques dans les territoires urbains et leurs zones d’influence et d’impact.

Ces recherches mobilisent de nombreux partenariats, scientifiques, mais également avec les acteurs économiques et territoriaux. Une première étape est de financer le montage de consortia scientifiques pluridisciplinaires. Ces consortia ciblent spécifiquement les unités de recherche INRAE mais peuvent intégrer d’autres partenaires. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé pour une réponse avant le 30 septembre. Vous pouvez écrire à better@inrae.fr pour plus d’informations.

* Au sens de sa définition par par les Nations-Unies dans les Objectifs du Développement Durable

Nicole LadetRédactrice

Contacts

Sophie Thoyer Responsable du métaprogramme Better

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