Biodiversité 3 min
La recherche internationale mobilisée pour concevoir les forêts de demain
Les forêts cristallisent aujourd’hui des enjeux économiques et écologiques majeurs qui interpellent les sylviculteurs, les industriels, mais aussi les citoyens. Au-delà de leur fonction principale de production de bois, elles jouent un rôle prépondérant dans le maintien de la biodiversité, la régulation des cycles de l’eau et du carbone, la protection des sols, ou l’atténuation des effets du changement climatique notamment en stockant du carbone. Les recherches sur la génétique des arbres apportent des éléments de réponse à ces enjeux globaux et locaux. La conférence IUFRO 2016, organisée à Arcachon par un pôle de référence mondiale en recherche forestière, réunit plus de 250 chercheurs issus de 35 pays pour renforcer le partage de connaissances et proposer des solutions innovantes répondant aux attentes de la filière.
Publié le 30 mai 2016
Enjeux planétaires et défis locaux
À l’échelle mondiale, les forêts et terres boisées couvrent 4 milliards d’hectares (ha), soit 30% des terres émergées. On estime qu’elles renferment 50% de la biodiversité terrestre. Les forêts de plantation ne représentent qu’un pourcentage modeste de cette surface (7%) mais 50% de la production de bois. En France métropolitaine, le taux de boisement est de 30% soit environ 16,7 millions ha. Cette surface a pratiquement doublé depuis la moitié du 19ème siècle¹. Au sein de la région Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes (ALPC), les forêts sont géographiquement structurantes et s’étendent sur 2,8 millions d’hectares, soit 34% du territoire régional². La région abrite, notamment dans les Landes de Gascogne, une des plus importantes forêts plantées d’Europe occidentale, constituée à plus de 80 % de pin maritime. Si ces forêts structurent les paysages, elles composent également une ressource valorisée par l’industrie et créatrice d’emplois. Avec près de 57 000 emplois en 2015 dans le secteur foret-bois-papier, la région ALPC fournit plus du quart de la production française de bois.
Les forêts sont au cœur de trois transitions majeures :
> Climatique. Les écosystèmes forestiers se trouvent face à de profonds changements et risques induits par les effets chroniques et brutaux du changement climatique ;
> Énergétique. Le développement des énergies renouvelables, qui va mobiliser davantage de biomasse forestière, va générer une compétition pour la ressource vis-à-vis des autres usages ;
> Écologique. Comment favoriser l’écoconstruction et l’utilisation accrue de matériaux biosourcés dont le bois constitue une composante majeure ?
Le secteur forêt-bois est confronté au double défi du maintien, voire de l’augmentation de la production de bois, et de l’adaptation à la menace du changement climatique. Les ressources génétiques et les connaissances acquises sur le fonctionnement du génome des arbres, constitue un des leviers pour faire face à ces enjeux et permettre aux forêts de continuer à assurer durablement la gamme des services qu’elles rendent à la société.
La génétique et la génomique pour répondre aux enjeux des forêts de demain
La génétique est une discipline qui s’intéresse aux caractères transmissibles de génération en génération. Elle a connu, ces dernières années, une véritable révolution grâce à l’avènement de nouvelles technologies de séquençage et de génotypage à haut débit, qui permettent d’analyser la structure, la fonction et de l’évolution des génomes des organismes vivants. Cette nouvelle discipline de la biologie moderne, la génomique, produit des connaissances utiles pour répondre aux enjeux du 21ème siècle de la filière forêt-bois : demande croissante de bois, adaptation des essences/variétés aux effets du changement climatique et aux menaces accrues des maladies et bioagresseurs. Depuis 2006, et le premier séquençage du génome d’un arbre forestier, le peuplier, l’évolution des méthodes et outils d’analyse du génome ont d’ores et déjà permis de faire progresser les connaissances sur les mécanismes moléculaires impliqués dans la croissance et le développement des arbres, et leurs réponses aux perturbations environnementales. À l’horizon 2025, les recherches en génomique forestière amélioreront la compréhension des mécanismes d’adaptation et d’évolution des arbres. Elles permettront également de mettre en œuvre des stratégies innovantes pour accélérer l’amélioration génétique des arbres, ainsi que la caractérisation et la mise en place d’actions de préservation des ressources génétiques, garantes de la capacité d’adaptation des forêts naturelles et de plantations.