Biodiversité 3 min

Qui a mangé mes chenilles ? Appel aux écoles pour un projet de science participative

Des scientifiques de l’Inra, et de huit pays européens, lancent un appel aux élèves et enseignants pour contribuer à un vaste projet de science participative. Ce projet vise à affiner la connaissance du rôle des prédateurs sur le contrôle des dégâts d’insectes sur les arbres à l’échelle continentale. L’enjeu est important, car les insectes herbivores peuvent causer des dégâts considérables et entrainer des retards de croissance, voire la mort des arbres. Du Portugal à la Suède, les chercheurs se sont associés pour cacher au printemps prochain des centaines de fausses chenilles en pâte à modeler dans des chênes. Les traces de dents, de bec ou de mandibules leur révéleront l’activité des prédateurs de ces chenilles.

Publié le 15 septembre 2017

illustration Qui a mangé mes chenilles ? Appel aux écoles pour un projet de science participative
© INRAE

En Europe, le chêne est l’une des essences qui abritent la plus grande diversité d’insectes herbivores. Ceux-ci ne mangent généralement qu’une petite partie des feuilles, mais si cela se reproduit chaque année, les chênes s’affaiblissent et leur croissance ralentit. Les attaques massives de ravageurs comme la spongieuse ou la chenille processionnaire peuvent même épuiser les chênes au point de les tuer, s’ils sont également affectés par d’autres facteurs de stress, notamment la sécheresse.

L’ennemi de mon ennemi est mon ami

Les chênes ne sont pas sans défense pour autant : ils produisent des substances répulsives ou toxiques dans leurs feuilles. Et surtout, les insectes herbivores figurent au menu de nombreux prédateurs : oiseaux, insectes carnivores, araignées et mammifères. L’arbre est ainsi protégé par les ennemis de ses ennemis, c’est ce que l’on appelle une cascade trophique.

Les scientifiques s’interrogent sur le devenir de cette cascade trophique face aux changements climatiques. Avec l’augmentation des températures, les insectes seront actifs plus tôt au printemps ou en été, et plus tard en automne. Or, les scientifiques ont depuis longtemps constaté que les insectes herbivores causent davantage de dommages dans les régions chaudes que dans les régions froides. L’impact des insectes herbivores sur les chênes pourrait alors se renforcer non seulement au sud, mais aussi au nord de l’Europe. A moins que leurs défenses n’augmentent également.

Sous la direction de Bastien Castagneyrol, écologue au laboratoire Biodiversité, gènes et communautés (UMR BIOGECO / Inra-université de Bordeaux), des scientifiques de huit pays ont lancé un grand projet afin de documenter l’infestation des chênes par les nuisibles ainsi que leur système de défense à travers toutes les zones climatiques européennes. « Nous souhaitons pouvoir observer autant de fausses chenilles que possible. C’est pourquoi la participation d’enseignantes et d’enseignants avec leurs élèves nous permettra d’inclure beaucoup plus de chênes dans notre étude et donnera donc plus de poids aux résultats », explique Martin Gossner, entomologiste à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL, Suisse) et responsable de ce projet pour la Suisse. 

Une méthode facile à mettre en œuvre

Bricoler et installer des chenilles en pâte à modeler: un jeu d'enfant © Inra, Bastien Castagneyrol

Pour contribuer au projet, les élèves fabriqueront des chenilles en pâte à modeler et fil de fer, qu’ils fixeront au printemps 2018 sur un chêne pédonculé (Quercus robur) à proximité de leur école. En attaquant ces leurres, les prédateurs laisseront des traces de bec, de dents ou de mandibules.

Après deux semaines, puis après un mois, les élèves compteront et photographieront les traces des prédateurs. Par ailleurs, ils enverront quelques feuilles au responsable du projet en France, pour analyse de leur composition chimique et de l’ampleur de l’attaque par les insectes.

Avec l’aide des élèves de différents pays, il sera donc possible de comparer les défenses chimiques, les attaques des insectes et les actions des prédateurs indépendamment du climat, et ceci du sud au nord de l’Europe.

Pour choisir de manière fiable les chênes pédonculés qui seront utilisés au printemps 2018, il est préférable de les identifier en automne, avant la chute des feuilles. C’est pourquoi les enseignants intéressés sont invités à contacter dès à présent les responsables du projet.

Participez au projet !
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Bastien Castagneyrol Unité mixte de recherche « Biodiversité, Gènes et Communautés » BIOGECO (INRAE-Université de Bordeaux)

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