Biodiversité 6 min

La production d’œstrogènes par l’ovaire fœtal est indispensable pour constituer le stock d’ovocytes

L’inactivation du gène de l’aromatase chez le lapin démontre le rôle fondamental des œstrogènes dans l’établissement du stock de cellules germinales dans l’ovaire fœtal .

Publié le 17 novembre 2021

illustration La production d’œstrogènes par l’ovaire fœtal est indispensable pour constituer le stock d’ovocytes
© INRAE

Le rôle majeur joué par les œstrogènes dans la différenciation du sexe et le fonctionnement de l’ovaire chez les mammifères est connu depuis longtemps. On connait beaucoup moins bien le rôle de la production précoce d’œstrogènes qui est observée dans l’ovaire fœtal chez certaines espèces (dont l’humain ou le lapin). Des résultats anciens avaient permis d’émettre l’hypothèse selon laquelle ces œstrogènes pourraient agir sur la différenciation de l’ovaire dès le stade fœtal ; cependant, cette hypothèse n’a jamais été validée faute de modèle animal adéquat, la souris n’étant pas concernée par cette production précoce d’œstrogènes.

Les chercheurs de l’UMR BREED ont généré une lignée de lapins dépourvus de toute synthèse d’œstrogènes, suite à l’introduction d’une mutation STOP dans le gène CYP19A1 codant pour l’aromatase, l’enzyme de synthèse des œstrogènes. Cette étude décrit le phénotype des gonades femelles au cours de leur différenciation, depuis le stade « gonade indifférenciée » chez le fœtus jusque chez l’adulte.

Des analyses histologiques, immunohistologiques et transcriptomiques montrent qu’en absence totale de production d’œstrogènes, la gonade fœtale de la petite femelle se différencie en un ovaire. Mais cet ovaire ne se différencie pas normalement : il est atrophié et on assiste à une réduction progressive du nombre de cellules germinales, qui se traduit à la puberté par l’absence définitive de réserve ovarienne (stock de follicules primordiaux capables de régénérer les grands follicules à antrum). L'ovulation n'a jamais lieu.

Ces travaux apportent la première démonstration du rôle indispensable des œstrogènes pour constituer cette réserve ovarienne chez une espèce de mammifère autre que la souris De plus, ils soulignent l’importance des régulations autocrines au sein de la gonade fœtale, suggérant que l’exposition in utero à des molécules anti-oestrogéniques (perturbateurs endocriniens ou autres facteurs environnementaux) pourrait altérer la fertilité de l’individu à naître, en réduisant définitivement sa capacité de production d'ovocytes.

Sylvie André

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Geneviève Jolivet Contact scientifiqueBiologie de la Reproduction, Environnement, Epigénétique, et Développement

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