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Prévention des noyades : face à l’océan, aiguisons notre perception du risque

ARTICLE REDIGÉ AVEC THE CONVERSATION – Au cœur de la période estivale, la baignade en eaux vives est une activité prisée des populations locales et saisonnières. Bien que de véritables bénéfices existent sur notre condition physique ou notre moral, la baignade peut aussi être associée à certains risques, aléas pouvant mener à des accidents. Comment assurer la sécurité des plages ? Comment sensibiliser le public ? Jeoffrey Dehez, chercheur en économie des loisirs et environnement, et Sandrine Lyser, ingénieure d’études en statistique, au sein de l’unité de recherche Environnement, Territoires en Transition, Infrastructures, Sociétés (ETTIS) du centre INRAE Nouvelle-Aquitaine Bordeaux, proposent quelques explications.

Publié le 06 août 2024

illustration Prévention des noyades : face à l’océan, aiguisons notre perception du risque
© INRAE, Jeoffroy DEHEZ

Cet été encore, les plages seront une destination privilégiée des Français. Une aspiration légitime, compte tenu des bienfaits pour la santé humaine que procure l’immersion, ou même la simple proximité de la mer et des plans d’eau. Ces bénéfices portent aussi bien sur notre condition physique que sur notre moral, au point notamment d’aider des personnes à se remettre plus rapidement de blessures ou de maladies graves.

Toutefois, il ne faut pas oublier que se baigner en eaux vives n’est pas quelque chose d’anodin : cette pratique expose à des aléas qui peuvent conduire à des accidents, voire à des noyades. La littérature scientifique sur la sécurité des plages (« beach safety » en anglais) attribue souvent ces accidents à une méconnaissance par les baigneurs des risques qu’ils courent, lesquels seraient, a priori, sous-estimés.

Qu’en est-il sur le littoral français et plus particulièrement sur la façade atlantique ? Nous avons dernièrement publié un article scientifique qui tente d’apporter quelques réponses.

Sur le littoral atlantique, courants d’arrachement et vagues de bord

La dernière enquête de Santé publique France révèle que la plupart des noyades les plus graves ont eu lieu dans le milieu naturel : 45 % se produisent en mer, 23 % dans les cours d’eau et 17 % dans les plans d’eau.

À l’océan, deux des principaux aléas auxquels s’exposent les baigneurs sont les courants d’arrachement (parmi eux, les fameux « courants de baïne » dans le Sud-Ouest) et les vagues de bord (« shore break » en anglais).

Les courants d’arrachement sont des courants intenses et étroits dirigés vers le large et induits par le déferlement des vagues. En Nouvelle-Aquitaine, ils sont à l’origine de la majorité des noyades. Le problème est que ces phénomènes ne sont pas toujours faciles à déceler. Ils sont généralement plus intenses à marée basse qu’à pleine mer et peuvent se révéler assez forts, même par houle de petite taille.

Les vagues de « shore break » cassent à proximité du rivage, avec violence. À l’inverse des courants d’arrachement, ces vagues sont très visibles, parfois spectaculaires. Aujourd’hui, de telles vagues de bord sont responsables de blessures potentiellement très graves avec notamment des traumatismes sévères de la colonne vertébrale (rachis).

Prévention et surveillance ne suffisent pas toujours

Pour tenter de réduire les accidents et les noyades, les sauveteurs définissent des zones de baignade surveillées (délimitées par des drapeaux rectangulaires jaunes et rouges), là où ils estiment que les dangers sont les plus faibles. Ces zones peuvent être déplacées au cours de la journée en fonction des conditions météo.

La couleur de la flamme hissée au poste de secours est un autre signal de la dangerosité de la mer. Les trois couleurs sont le vert (baignade surveillée sans danger apparent), le jaune (baignade surveillée, mais avec un danger limité) et le rouge (baignade interdite). En Nouvelle-Aquitaine, des campagnes de sensibilisation sont également reconduites chaque saison.

En dépit des mesures de sécurité et de cette communication, les sauveteurs interviennent encore très souvent à l’océan, sauvant de nombreuses vies. Le problème est que nous avons tous une vision bien personnelle de ce qui nous pensons être dangereux et de ce qui ne le serait pas. De plus, cette vision ne coïncide pas nécessairement avec celle qu’en ont les professionnels de la sécurité](https://psycnet.apa.org/record/2006-11691-004).

 

L'article complet sur le site THE CONVERSATION.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original publié le 30 juillet 2024.

 

Coline VerneauResponsable communicationSDAR

Contacts

Jeoffrey DehezEnvironnement, Territoires en Transition, Infrastructures, Sociétés (ETTIS)

Sandrine LyserEnvironnement, Territoires en Transition, Infrastructures, Sociétés (ETTIS)

Le centre

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