Agroécologie 2 min

Les porcelets en élevage biologique ont-ils besoin d'une supplémentation en fer?

En élevage conventionnel, les porcelets nouveaux nés reçoivent une supplémentation en fer pour éviter tout risque d’anémie. En élevage biologique, cette pratique n’est pas systématique. Des chercheuses INRAE ont réalisé une étude sur le statut en fer des porcelets élevés dans des élevages biologiques français en plein air et en bâtiment. Leurs résultats montrent qu’une supplémentation en fer est nécessaire uniquement pour ceux élevés en bâtiment.

Publié le 06 septembre 2021

illustration Les porcelets en élevage biologique ont-ils besoin d'une supplémentation en fer?
© A. Prunier - INRAE

Les porcelets naissent avec des réserves de fer très faibles et le lait maternel ne couvre pas leurs besoins très élevés liés à une croissance rapide. Pour éviter tout risque de carence, les éleveurs administrent aux porcelets une dose de fer dans les premiers jours qui suivent la naissance, la plupart du temps sous forme d'injection intramusculaire. Cette supplémentation permet de répondre à leurs besoins jusqu’au sevrage. Ensuite, les animaux trouvent le fer nécessaire dans l’aliment solide qui leur est distribué. En élevage biologique, l'utilisation de médicaments est limitée au strict minimum et la question de l'injection de fer, considérée par certains comme un médicament, pose question.

Des chercheuses INRAE ont examiné le statut en fer de porcelets au sevrage dans des élevages biologiques français et l’ont analysé au regard des pratiques des éleveurs en matière de supplémentation en fer. Cette étude a été réalisée au printemps 2019 dans 20 élevages, 11 en plein air et 10 en bâtiment. Un seul élevage en plein air a apporté une supplémentation en fer à ses animaux. Sur les 10 élevages en bâtiment, 7 ont administré une dose de 200 mg de fer aux porcelets (dose la plus fréquemment utilisée dans les élevages conventionnels), 1 a administré 100 mg, 1 a adaministré 400 mg et 1 n’a pas administré de dose de fer.

Une supplémentation en fer uniquement en bâtiments

Les résultats sanguins de 606 porcelets (moitié mâles et moitié femelles) prélevés aux alentours du sevrage ont été analysés. Comparés aux porcelets élevés en bâtiment et supplémentés en fer, les porcelets élevés en plein air et n’ayant pas reçu d’injection de fer présentaient une concentration supérieure en hémoglobine sanguine (118 vs 105 ± 2 g / L, P <0,001) et un volume de globules rouges plus élevé (60 contre 56 fl). Dans la seule ferme où les porcelets élevés en bâtiment n’avaient pas reçu de supplémentation en fer, la concentration en hémoglobine et le volume de globules rouges étaient faibles (81 ± 3 g / L d'hémoglobine et 48 ± 1 fl respectivement), suggérant une carence en fer. Les résultats montrent également que le statut en fer des porcelets nés de truies primipares était inférieur à celui des porcelets issus de mères multipares (108 vs 114 ± 1 g / L d'hémoglobine, P <0,001).

Cette étude démontre que les porcelets élevés en plein air peuvent trouver une quantité suffisante de fer dans leur environnement naturel, probablement en ingérant de la terre. Une supplémentation en fer est donc inutile, contrairement aux porcs élevés en bâtiments pour qui elle est nécessaire afin d’éviter l'anémie.

Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet CoreOrganic Cofund POWER « Assurer le bien-être et la résilience des porcs biologiques ». 
Auteurs : Elodie Merlot et Armelle Prunier - UMR Pegase & Maud Pauwels & Catherine Belloc - UMR BioEpAR

En savoir plus

Agroécologie

MOOC Bien-être des animaux d'élevage

Ce MOOC a été conçu par une équipe pédagogique regroupant des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des vétérinaires spécialistes du bien-être des animaux d’élevage. Il est structuré en trois modules : "comprendre" qui pose les bases théoriques, "évaluer" qui propose des éléments utilisables sur le terrain, et "améliorer" qui présente quelques solutions.

01 décembre 2019

La science au service de l’amélioration génétique des ruminants

COMMUNIQUE DE PRESSE - Philippe Mauguin, Président directeur général de l’Inra et Michel Cetre, Président de l’union de Coopératives agricoles ALLICE (sélection génétique et reproduction des ruminants) et de la SAS APIS-GENE (financement et valorisation de la recherche) ont renouvelé leur engagement par la signature de deux accords-cadre le jeudi 25 juillet 2019 autour d’un objectif commun : adapter l’élevage français aux multiples défis qu’il doit relever.

Living Lab Lapins : un projet innovant pour le bien-être animal

Les attentes sociétales sont de plus en plus fortes concernant le bien-être animal dans l’élevage, tandis que la consommation de viande cunicole baisse. Pour permettre à la filière de faire face à cette situation, le projet 3L coordonné par le laboratoire Génétique Physiologie et Systèmes d'Elevage (GENPHYSE) vise à proposer des innovations en utilisant la méthode du living lab : mettre les acteurs, consommateurs, producteurs au cœur du processus de recherche.

27 janvier 2023