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Pois chiches, millet ou courge : la restauration collective peut-elle populariser les cultures « mineures » ?

ARTICLE REDIGE AVEC THE CONVERSATION - Moins cultivées et consommées, les pois chiches, le millet ou la courge sont des cultures dites mineures. Elles sont pourtant moins demandeuses en engrais et en pesticides et présentent des apports nutritionnels intéressants à intégrer à notre alimentation, en particulier dans la restauration collective et pourquoi pas les cantines scolaires. Guillaume Martin, chercheur INRAE au laboratoire Agroécologie, Innovations et Territoires (AGIR) du centre INRAE Occitanie-Toulouse nous explique.

Publié le 16 septembre 2024

illustration Pois chiches, millet ou courge : la restauration collective peut-elle populariser les cultures « mineures » ?
© Freepik

En France, 83 % des surfaces cultivées sont occupées par cinq cultures seulement : blé, orge, maïs, colza et tournesol. Cette prédominance d’une poignée de végétaux ne permet pas de réduire efficacement notre dépendance aux pesticides et aux engrais minéraux.

Parmi les solutions existantes pour diversifier notre agriculture, connaissez-vous les cultures mineures, à savoir celles qui comptent moins de 20 000 hectares en France ? C’est le cas du pois chiche, du pois carré ou de la courge, qui pourraient si on les développait davantage, remettre de la diversité dans nos paysages et améliorer la durabilité de notre agriculture.

En effet, une plus grande diversité d’espèces cultivées permet de rompre le cycle des adventices, des maladies et des ravageurs, de limiter leur occurrence et donc l’utilisation de pesticides. En outre, quand les nouvelles cultures sont des légumineuses ou d’autres cultures peu exigeantes en nutriments (par exemple, le millet), elles ne nécessitent pas ou peu d’engrais azotés.

Pour l’heure, malheureusement, un verrouillage sociotechnique contraint le déploiement à grande échelle de ces cultures mineures. Mais la restauration collective pourrait jouer un rôle de levier.

Des cultures boudées par le secteur et les consommateurs

Si ces cultures mineures peinent à se faire une place, c’est que l’ensemble du secteur agricole (recherche agronomique, formation et accompagnement à la production, sélection variétale et production de semences, production agricole, collecte, transformation et distribution des produits) est en effet organisé autour de quelques cultures.

Les sélectionneurs ont abandonné les cultures mineures faute d’un marché suffisant, empêchant tout progrès génétique à large échelle. Les agriculteurs, tout comme les conseillers qui les accompagnent, n’ont souvent pas été formés et n’ont pas la coutume et les repères pour les cultiver.

Quant aux organismes stockeurs comme les coopératives, ils collectent rarement de petites quantités car ils privilégient les économies d’échelle. Les consommateurs, enfin, n’ont pas non plus l’habitude de les acheter, les cuisiner et de les manger.

La restauration collective, levier puissant ?

Nous l’avons montré dans un précédent article, il est possible d’engager un mouvement vers la durabilité quel que soit le modèle de restaurant collectif, de quelques dizaines de repas par jour à plusieurs milliers, en cuisine sur place ou en cuisine centrale.

Cela passe notamment par des pratiques d’approvisionnement plus durables, tant sur la gamme que sur le mode de production des ingrédients achetés. Alors, certes, la restauration collective avec ses 3,5 milliards de repas par an ne sauvera pas l’agriculture française, mais elle peut être un formidable levier pour développer les cultures mineures dans les champs et dans les assiettes.

Il faut pour cela que les cultures mineures sélectionnées aient des intérêts agronomiques et environnementaux, sans générer trop de contraintes de travail pour les agriculteurs et les cuisiniers, et sans perturber la texture et le goût des plats pour les convives.

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Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original publié le 12 septembre 2024.

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