Alimentation, santé globale 8 min

Une plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire

Améliorer la surveillance sanitaire de la chaîne alimentaire, telle est l’ambition de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (plateforme SCA). Depuis 2018, ce dispositif, porté par INRAE et 13 autres partenaires publics et privés, étudie l’ensemble des dangers biologiques et chimiques susceptibles de contaminer les denrées alimentaires et de présenter un risque pour l’être humain.

Publié le 08 octobre 2020 (mis à jour : 26 octobre 2023)

illustration Une plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire
© INRAE, Bertrand NICOLAS

Qu’ils soient d’origine animale ou végétale, les aliments peuvent véhiculer des microorganismes pathogènes tels que des virus, bactéries ou encore parasites, responsables d’intoxications chez l’être humain. Nos denrées sont également susceptibles d’abriter une grande diversité de composés chimiques (additifs, pesticides, polluants industriels, emballages) ou de substances d’origine naturelle, telles que les éléments-traces métalliques, les toxines de plantes, d’algues ou de champignons.

Face à ces risques sanitaires, les Etats généraux de l’alimentation de 2017 préconisaient de renforcer le dispositif national de surveillance et de prévention sanitaire. Concrétisant cette volonté, INRAE et 13 partenaires se sont associés en juillet 2018 au travers d’une convention-cadre pour créer la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (SCA).  

Un espace collaboratif multipartenarial pluridisciplinaire dédié à la surveillance de la chaîne alimentaire

La plateforme SCA offre un espace de concertation, pour l’ensemble des acteurs privés et publics, visant à améliorer la cohérence des actions de surveillance sanitaire de la chaîne alimentaire, et d’en optimiser les coûts. À cette fin, elle fournit aux gestionnaires1 de dispositifs de surveillance un appui méthodologique et technique.

Par d’exemple, des travaux ont ainsi été lancés sur 2 pathogènes : les salmonelles, responsables de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) et les Escherichia coli, productrices de shigatoxines (STEC), susceptibles d’entraîner des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) chez l’enfant.

Surveillance du cadmium dans la chaine alimentaire

Le tabac est la principale source d’exposition au cadmium mais pour les non-fumeurs, l’exposition est à 90 % d’origine alimentaire.

La plateforme SCA surveille également les contaminants chimiques dans la chaine alimentaire. Un premier groupe de travail a été constitué en 2020 pour réaliser un état des lieux de la surveillance du cadmium en France. Le cadmium est un élément-trace métallique naturellement présent dans les sols et qui peut se retrouver dans notre alimentation.
Le groupe, copiloté par INRAE2 et l’ACTA et composé de 15 membres (autorités, professionnels, agences sanitaires, instituts de recherche et instituts techniques), a rendu en octobre 2023 le bilan de ses travaux.  11 dispositifs de surveillance se sont portés volontaires pour partager leurs données de surveillance du cadmium collectées entre 2010 et 2019. La mutualisation de ces différents jeux de données a permis d’obtenir une base recensant près de 75 000 résultats d’analyse, issus de la surveillance publique et privée, couvrant l’alimentation humaine (82 %) et animale (18 %). Les résultats montrent qu’en 10 ans, les concentrations

en cadmium sont restées stables pour l’ensemble des aliments évalués, sauf pour le blé dur pour lequel on observe une baisse significative. Les concentrations les plus élevées sont observées dans les abats, les mollusques bivalves, les graines de tournesol et le cacao en poudre. Les aliments les moins contaminés sont la viande issue des animaux d’élevage, les chairs de certains poissons (cabillaud, truite, merlu), le miel, les fruits, le lait et les boissons alcoolisées. 
Le groupe de travail a également émis 18 recommandations pour améliorer le système de surveillance du cadmium dans la chaine alimentaire, notamment pour améliorer la qualité des échantillonnages, des méthodes, des données récoltées et des collaborations entre dispositifs de surveillance.

Consultez le rapport
 

Dans le domaine des contaminants chimiques, des réflexions sur la priorisation des dangers sont menées, et un premier groupe de travail a été constitué sur la problématique du cadmium dans les aliments. Ce groupe de travail associant des opérateurs publics et privés, a été initié au printemps 2020 afin de réaliser un état des lieux de la surveillance du cadmium en France et de proposer des recommandations visant à optimiser les dispositifs de surveillance existant. Le rôle de la plateforme SCA est ainsi de permettre aux organismes concernés par la surveillance du cadmium de mettre en commun leurs données et stratégies, afin de mener une réflexion commune sur cette problématique à tous les maillons de la chaine alimentaire et dans les différentes filières pour réduire la contamination des denrées – et par cascade l’exposition des populations.

Considérant l’interconnexion forte entre la santé publique, la santé animale et l’environnement, ainsi que la nécessité de mieux appréhender ces problématiques dans une démarche « One Health », la plateforme SCA s’est associée à 2 autres dispositifs d’épidémiosurveillance : la plateforme santé animale (ESA) préexistante, et la plateforme santé végétale (ESV), dont la création était concomitante à celle de SCA. Ce regroupement permet de mutualiser les ressources, les réflexions méthodologiques et collaborer sur des thématiques communes.

L’institut au cœur des travaux d’épidémiosurveillance

Présent dans les comités de pilotage, les équipes de coordination ainsi que les équipes opérationnelles, INRAE est fortement impliqué aux côtés de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) et de l’Anses dans les 3 plateformes, favorisant leur coopération. L’institut apporte son appui scientifique en missionnant des épidémiologistes, statisticiens, informaticiens, auxquels se joignent des chercheurs qui participent aux groupes de travail. Au sein de la plateforme SCA, tous les sujets en lien avec les dangers chimiques sont portés par INRAE via le Laberca, une unité mixte de recherche spécialisée dans la caractérisation de l’exposome chimique humain.

Un site web dédié aux acteurs de la sécurité sanitaire des aliments

Le site web de la plateforme permet de mieux porter à connaissance les travaux conduits qu’il s’agisse des dangers biologiques ou chimiques liés à l’alimentation ou encore sur la qualité des données de surveillance. A lire : des bulletins de veille sanitaire internationale bimensuels mettant en perspective les évènements sanitaires récents, des avis, des bilans et des études issues des agences sanitaires nationales et internationales.  A ces bulletins s’ajoutent des analyses thématiques appelées « Points Sur » qui offrent des focus plus développés sur des sujets d’actualité.  

 Consulter le site web de la plateforme SCA

1. On parle ici des services de l’État en charge de la surveillance officielle de la chaîne alimentaire, ainsi que les partenaires privés qui réalisent des autocontrôles de leurs produits.

2. Les unités ISPA (Interaction sol plantes atmosphère) et UNH (unité de nutrition humaine) ont contribué à l’élaboration des recommandations émises dans le rapport. L’équipe opérationnelle INRAE de la plateforme SCA basée au Laberca (UMR Oniris/INRAE 1329) a apporté son appui dans l’exploitation des données collectées.



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