illustration Pascal Farcy, la culture de l’agroécologie
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Agroécologie 5 min

Pascal Farcy, la culture de l’agroécologie

Chef de culture dans l’Unité expérimentale d’Epoisses, Pascal Farcy travaille en lien étroit avec les unités de recherche de proximité sans oublier des partenariats et collaborations multiples et diversifiés. Production intégrée, agroécologie, réduction des pesticides… sont les maîtres mots de son activité quotidienne sur fond d’innovation. Explications.

Publié le 29 juillet 2022

Fils d’agriculteur, originaire du Val de Saône, Pascal Farcy intègre l’Inra, devenu depuis INRAE, en 2004. Direction le centre de recherche Bourgogne - Franche-Comté. « J’avais à charge de conduire le système de culture en protection intégrée de cultures contre les adventices (systèmes PIC-adventices) destiné à définir et tester cinq systèmes de culture dans le but (déjà) de réduire l’usage des herbicides », détaille-t-il. « Même si je n’avais pas participé à sa conception, je me suis vite approprié les règles de décision et les pratiques à mettre en œuvre, accompagné par mes collègues. Les demandes de visites sur cet essai se sont multipliées et j’ai été chargé de sa communication auprès du monde agricole (agriculteurs, techniciens, étudiants…). Ces échanges, qui ont élargi mes connaissances, m’ont souvent confronté aux problématiques soulevées par les visiteurs ».

Un peu de vocabulaire

Né dans les années 1980, l’expérimentation système est un concept d’expérimentation destiné à concevoir des systèmes agricoles innovants qui répondent à de nombreux critères : environnementaux (diminution des intrants, préservation de l’eau, du sol, réduction des gaz à effet de serre, maintien de la biodiversité...), mais aussi économiques et sociaux (impact sur l’organisation du travail). 
L’expérimentation système s’appuie largement sur la modélisation. Elle permet de tester au champ la faisabilité technique et la cohérence agronomique des systèmes de culture les plus prometteurs et d’évaluer leurs résultats agronomiques et techniques, ainsi que leurs performances socio-économiques et environnementales. 

De cultures à chef de culture

A la faveur d’une promotion, Pascal Farcy devient chef de culture, remplaçant son collègue, parti en retraite. « C’était pour moi l’opportunité de mettre à profit mon expérience. En prenant ce poste, je conservais la conduite de l’essai PIC-adventices ainsi que les activités qui lui étaient liées », complète-t-il.

« En pratique, la fonction de chef de culture est associée à celle de chef d’équipe : nous sommes une petite équipe, trois personnes au total. Mes collègues mettent en œuvre toutes les pratiques agronomiques sur les 51 parcelles que compte l’unité mais n’interviennent pas sur les microparcelles destinées aux essais analytiques. J’ai toujours été attentif à ce qu’ils soient impliqués dans la réflexion et l’organisation du travail au quotidien. Chacun est référent sur plusieurs pratiques mais reste polyvalent. Récemment, avec la mise en place du projet CA-SYS, la complexité des différents systèmes de culture m’a conduit à faire évoluer la programmation des travaux de culture. Il m’a fallu convertir un ensemble de corps de décisions en un planning opérationnel qui puisse être suivi par l’équipe et adapté en fonction des conditions météorologiques. La traçabilité de toutes les interventions constitue également un point de vigilance. »

Innovation, quand tu nous tiens…

« En 2007, l’introduction de l’agriculture de conservation des sols (ACS) sur un des cinq systèmes de l’essai PIC-adventices est, sans aucun doute, la pratique agronomique la plus innovante que j’ai accompagnée », concède Pascal après un petit temps de réflexion. Cette démarche était originale. A l’époque, peu de dispositifs expérimentaux étudiaient des systèmes de culture en ACS.  Je la mettais moi-même en œuvre sur mon exploitation puisque j’avais conservé une petite activité agricole à côté de mon travail. »

« Plus tard, en 2017, j’ai apporté mon expertise d’expérimentateur aux groupes de travail (acteurs de la recherche, du développement, de l’expérimentation et du monde agricole) sollicités pour concevoir un ensemble de règles de décisions qui allaient être appliquées sur la nouvelle plateforme expérimentale CA-SYS. Toujours dans le même esprit, j’ai participé au développement de techniques alternatives à l’usage des produits phytosanitaires, en contribuant notamment au Guide simplifié des techniques alternatives de désherbage des cultures (Chambre d’agriculture de la Côte d’Or) et aux fiches de l’outil GECO, un outil du plan Ecophyto pour acquérir et échanger des connaissances. J’ai également proposé dans mon unité de nouveaux outils (bineuse autoguidée, écimeuse et de nouvelles pratiques (plantes compagnes du colza, cultures associées…).»

Un environnement de travail qui a beaucoup évolué

« Au début de ma carrière, j’étais chargé de gérer les itinéraires techniques sur 10 parcelles (20 ha) pour lesquelles nous avions conçu cinq systèmes de culture destinés à réduire la dépendance aux herbicides,. Charge à nous de les évaluer. J’avais alors peu d’interactions avec les équipes chargées de l’expérimentation analytique et de la gestion globale du parcellaire de l’unité. En devenant chef de culture, j’ai pris en charge la gestion totale du parcellaire du domaine (140 ha) avec pour mission principale d’accueillir des essais analytiques. Ceux-ci s’appuyaient sur une protection phytosanitaire rigoureuse. Cela passait par un recours important au travail du sol conventionnel sur les parcelles analytiques et en homogénéisation afin de garantir une bonne précision des résultats.

S’y est ajouté, en 2013, l'essai Rés0pest. Un essai système de quatre parcelles (5 ha) dont l’objectif était de produire sans pesticides tout en gardant la possibilité d’utiliser des engrais chimiques et en tenant compte du contexte local (conditions pédoclimatiques, productions locales, filières présentes).

Fin 2018, changement radical avec la mise en place de la plateforme CA-SYS. Ce dispositif expérimental riche en haies, bandes enherbées et bandes fleuries, s’étend sur 125 ha. Cette plateforme a pour objectif de tester divers systèmes agroécologiques, conduits sans aucun pesticides, afin d’évoluer vers une très forte réduction de l’usage d’intrants de synthèse et de maximiser  les interactions biotiques,sources de nombreux services ecosystémiques. Les attentes sur ces essais sont majeures dans un contexte sociétal où les produits phytosanitaires sont largement mis en cause. C’est un véritable challenge pour la fin de ma carrière que de conduire, avec mes collègues, ce projet sur le terrain, avec toutes les incertitudes liées aux réactions de la nature et du climat. »

Mini-CV

62 ans

  • Parcours professionnel

Depuis 2009 : Technicien de recherche, UE Epoisses, Centre INRAE Bourgogne - Franche-Comté
2004 -2009 : Adjoint technique, Unité expérimentale Epoisses, Centre INRAE Bourgogne - Franche-Comté

  • Formation

1981  BTS  Techniques agricoles et gestion,   Lycée agricole Charles Baltet, Saint Pouange (10)

1978  Baccalauréat série D'  Lycée agricole Olivier de SerresQuetigny (21)

1977  Baccalauréat série  C, Lycée Prieur de la Côte d'Or, Auxonne (21).

 

Michel VergerRédacteur

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