Agroécologie 5 min
Optimiser les processus de pulvérisation des produits phytosanitaires pour réduire leur utilisation
La réduction des intrants phytosanitaires passe par l’optimisation des processus de pulvérisation et des techniques d’application des produits phytosanitaires; elle nécessite de comprendre les mécanismes de leur dispersion au moment de leur application et d'optimiser le fonctionnement des équipements. Entretien avec Jean-Paul Douzals, ingénieur au sein de l'unité Information et technologies pour les agroprocédés du Centre Occitanie-Montpellier.
Publié le 03 août 2020
Votre activité de recherche porte sur les agroéquipements. Dans quel cadre êtes-vous sollicité pour des expertises ?
Les travaux de recherche, menés par l’équipe Procédés Environnement Pesticides Santé - PEPS sur l’optimisation de la pulvérisation, ont permis aux autorités d’identifier les compétences scientifiques et techniques dans ce domaine. Cela a naturellement conduit à des sollicitations du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation pour mettre en œuvre et accompagner les évolutions réglementaires. Ainsi, depuis 2006, Irstea était cité dans un arrêté comme étant l’organisme d’expertise pour le compte du ministère chargé de l’Agriculture dans le domaine de la pulvérisation et notamment en vue de protéger l’environnement, que ce soit pour les zones aquatiques, les plantes et les cultures non cibles ou les opérateurs, et plus récemment, pour les riverains des zones d’épandage. Ainsi une soixantaine de matériels sont examinés chaque année en vue de leur inscription dans une liste à caractère réglementaire. Concrètement, il s’agit de vérifier l’adéquation de ces matériels aux fonctionnalités agronomiques mais également leur conformité aux exigences de réduction de la dérive de pulvérisation. Au-delà de ces expertises récurrentes, la réponse à des saisines plus spécifiques est possible.
Répondre aux questionnements des pouvoirs publics oblige à agréger les briques de connaissances scientifiques partielles en un état de connaissance opérationnelle
Enfin, un dernier type d’activité consiste à élaborer des protocoles normés comme la participation à la conception de normes internationales ISO ou CEN, et de développer, grâce au partenariat avec l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) à travers l’UMT Ecotech, une classification des appareils selon leur performance agroenvironnementale.
Finalement, cette expertise s’exprime selon plusieurs dimensions ?
Cette expertise repose sur deux dimensions principales. La première dimension va du local à l’international, car les problématiques travaillées dans mon équipe sont identiques dans de nombreux pays et trouvent leur sens dans la production scientifique commune à travers des projets européens comme le H2020 OPTIMA, mais également sous forme de normes internationales. La deuxième dimension va du secteur public avec, par exemple, les formations européennes BTSF, au milieu industriel avec des collaborations sous forme de R&D partenariale avec les agroéquipementiers ou des adjuvantiers et un rôle éventuel de médiateur entre ces deux mondes notamment lors de l’évolution du contexte réglementaire.