illustration Patricia Le Crenn : analyser un monde agricole en mouvement
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Agroécologie 4 min

Patricia Le Crenn : analyser un monde agricole en mouvement

Stimulée par le changement et d’une grande curiosité intellectuelle, Patricia Le Crenn était, jusqu'en 2019, ingénieure spécialisée en études et analyses socio-économiques à l’Inra depuis 2009. Toujours prête à faire un pas sur le côté pour apprendre, elle travaillait en amont de la chaîne de l’innovation à l’Inra, afin de détecter les signaux faibles d’évolution du secteur agricole. Aujourd'hui, elle est responsable des données au sein de la direction Appui aux politiques publiques d'INRAE.

Publié le 29 juillet 2019

Patricia Le Crenn met la richesse de son expertise du domaine végétal au service de l’Inra. La veille et les analyses qu’elle produit sont en effet des leviers d’intérêt pour guider l’Institut dans la recherche et l’innovation. « Nous sommes une équipe de quatre personnes, et nous couvrons chacun un secteur particulier : le végétal, l’animal, l’alimentation et l’environnement ». Basée à Quimper, Patricia apprécie d’avoir ce recul nécessaire : « l’analyse des données exige beaucoup de réflexion. Être excentrés nous permet de travailler en réseau avec les différents centres de l’Institut, tout en ayant une distance qui améliore notre capacité de réflexion ! »

Soif de connaissance

Patricia étudie pendant cinq ans les évolutions du métier des jardiniers.

Ingénieur horticole de formation, avec une spécialité en Économie-Gestion, Patricia s’est lancée dans la vie professionnelle en tant que professeur d’économie en BTS et en licence. Après quelques années d’enseignement, elle reprend des études pour passer un master 2 en « Economie internationale et diagnostic d’entreprises » à Grenoble. « Pendant la première année de formation, j’ai alterné entre les cours auprès des étudiants, ma vie de famille avec mes trois enfants, la formation et mes stages en entreprise… Autant dire que c’était chargé ! ». Pour la deuxième année d’étude, elle demande un congé formation, à la fin duquel elle hésite : devenir consultante en analyse financière des entreprises ? Rester fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture ? Finalement, c’est le deuxième choix qui l’emporte et elle poursuit sa carrière dans l’enseignement.

Quelques années plus tard, en écho avec les ressentis de ses étudiants lors de leurs stages et, sous les effets conjugués de l’imprégnation d’une ingénierie écologique dans les villes et d’un contexte législatif et réglementaire évolutif en matière d’usage des pesticides, la curiosité intellectuelle de Patricia la pousse à faire à nouveau « un pas de côté ». Elle se lance alors dans un travail de thèse, pour s’interroger sur la manière dont les agents de collectivités locales et, notamment les jardiniers, réceptionnent les nouvelles manières de jardiner en ville. En effet, plus que jamais en Bretagne, l’histoire de l’eau et la volonté de reconquérir sa qualité avaient rejoint les réflexions sur les pratiques jardinières des villes. Patricia étudie ainsi pendant cinq ans les évolutions du métier des jardiniers. « Je me suis focalisée sur le côté sociologique pour comprendre ce que vivent les jardiniers, et pour savoir comment s’articulaient leurs représentations de leurs métiers et les nouveaux espaces plus ensauvagés qu’ils donnaient à voir ». Et c’est finalement pendant sa dernière année de thèse que Patricia intègre l’Inra, en 2010, au sein de la Délégation du Partenariat avec les Entreprises, la DPE, qui appartenait alors à la direction de la valorisation – devenue depuis le Pôle Relations Partenariales de l’actuelle Direction du Partenariat et du Transfert pour l’innovation (DPTI).

Une expertise au service du Végétal

Ce métier m’a permis de lier mes compétences en économie, en végétal.

Depuis 10 ans, Patricia Le Crenn exerce le métier d’analyste en intelligence stratégique pour le secteur Végétal au sens large, embarquant, les biotechnologies vertes, la phytoprotection, l’agriculture digitale. Elle conçoit et développe des veilles sectorielles, prospectives et stratégiques sur les acteurs privés à l’échelle internationale et sur les partenaires – clés de l’Institut, relevant de son domaine d’expertise. Ses prestations en intelligence économique, qu’elle met au service des domaines d’innovation (Biocontrôle et PlantInnov – caractérisation et sélection des plantes – de l’Inra) et du carnot Plant2Pro, se traduisent par le pilotage et la réalisation d’études industrielles (cartographie d’acteurs, analyse de portefeuilles de brevets…), débouchant sur des perspectives de recherche de nouveaux partenaires pour l’Inra.
En 2018, une étude a été réalisée sur une innovation de rupture, le phénotypage à haut-débit des plantes. En 2019, deux autres études seront finalisées : l’une sur le secteur industriel des « Phéromones d’insectes », l’autre sur la thématique de « Plant Factory à visée nutraceutique et biocontrôle ». Cette dernière est réalisée en collaboration avec une stagiaire de Master 2 « Économie de l’innovation et veille stratégique » de Via Inno (UMR CNRS-Université de Bordeaux), avec lequel un partenariat est engagé depuis 2 ans. « Ce métier m’a permis de lier mes compétences en économie, en végétal, mais aussi de rester dans l’aspect règlementaire et politique publique ». « Je me suis investie dans les nouveaux outils de veille et de cartographie de l’information (text mining) pour identifier les technologies émergentes ou les nouveaux acteurs pour répondre aux commandes de l’Institut, éclairer la recherche partenariale, ou encore venir en appui aux politiques publiques ».

Détecter les signaux faibles

Ce qui la passionne ? Être dans la construction et la mise en place de projets. « Les thématiques sont très variées. C’est passionnant de voir comment les secteurs évoluent ! De nouveaux acteurs bousculent cet univers, comme les startup, qui forcent les coopératives à changer leurs modèles économiques. Je bénéficie d’une grande autonomie, tout en ayant des objectifs à l’année. La diversité des thématiques m’offre l’opportunité de collaborer avec une pluralité d’experts à l’Inra » précise Patricia Le Crenn. « Le côté innovation et recherche d’informations sur des sujets divers assouvit ma curiosité. C’est un travail réflexif qui me permet de me remettre en question et d’acquérir de l’expertise ». Et pour éviter de rester trop statique, « je suis fan de sport : cela fait partie de mon ADN. J’adore nager ou courir dans la nature, c’est bon pour l’oxygénation des neurones ! » conclut Patricia en souriant.

Anaïs BozinoRédactrice

Contacts

Patricia Le Crenn Direction Appui aux politiques publiques