illustration Les mycotoxines, fil d’Ariane de Florence Forget
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Alimentation, santé globale 5 min

Les mycotoxines, fil d’Ariane de Florence Forget

Nommée en janvier 2021 directrice de l’unité de recherche MycSA (Mycologie et Sécurité des Aliments), Florence Forget, directrice-adjointe depuis 2005, continue avec enthousiasme à promouvoir la recherche pluridisciplinaire sur les mycotoxines, ces substances nocives pour les plantes, les animaux et les hommes et produites par des champignons filamenteux. Une nouvelle étape dans sa carrière qui convient parfaitement à cette biochimiste de formation curieuse et bouillonnante d’énergie, que ce soit pour encadrer un étudiant ou défendre un projet de recherche.

Publié le 20 octobre 2021

Du brunissement des fruits aux champignons filamenteux, un parcours atypique

A la question « pourquoi la recherche ? », Florence Forget sèche : le métier lui est venu naturellement, étape par étape. Fille d’un professeur de cuisine et d’une professeure de nutrition, les thématiques agroalimentaires l’ont toujours intéressée. Après avoir tenté le concours des STAPS pour devenir professeure de sport, son autre passion, elle suit une classe préparatoire en filière Biologie, chimie, physique et sciences de la Terre (BCPST). Une fois entrée à l’école nationale supérieure agronomique de Rennes, qu’elle a choisie pour la spécialité halieutique, elle s’oriente au final vers le domaine des « sciences de l’aliment ». C’est autour des questions de qualité des fruits qu’elle poursuivra en thèse à l’Inra, ancêtre d’INRAE. Un institut qu’elle n’a pas quitté depuis.

Au sein de l’équipe avignonnaise qui a donné naissance à l’UMR « Sécurité et qualité des produits d’origine végétale », elle étudie le brunissement enzymatique des fruits et légumes, lié à l’oxydation de polyphénols. Sa thèse soutenue en 1992, elle obtient immédiatement un poste de chargée de recherche dans le même laboratoire. Elle y travaillera 8 ans sur les métabolites secondaires des fruits et légumes, et leur rôle dans la qualité des aliments. « J’ai eu de la chance : j’ai fait ma thèse à INRAE, où j’ai ensuite été directement embauchée », confie Florence Forget.

Afin d’étendre ses recherches au métabolisme secondaire des champignons, Florence Forget troque le Rhône pour la Garonne et déménage en 2000 à Bordeaux, pour rejoindre l’unité « Biotechnologies après récolte ». Après 18 mois comme apprentie virologue, elle crée avec l’aide d’une ingénieure d’études une nouvelle équipe sur la thématique des mycotoxines des Fusarium. La réussite est au rendez-vous : l’unité « Biotechnologie après récolte », désormais dédiée à l’étude des champignons filamenteux, fusionne en 2004 avec une unité de recherche sur les champignons : MycSA est née. Florence Forget rassemble au fil des ans une communauté interdisciplinaire de spécialistes des mycotoxines.

L’unité de recherche MycSA, à la recherche des causes et des remèdes aux mycotoxines

Aujourd’hui unité incontournable en France sur son sujet d’étude, MycSA rayonne au plan international avec 70 publications d’articles au cours des cinq dernières années, sans compter les congrès et collaborations internationales dans lesquelles l’unité s’implique. Des partenariats et collaborations prennent vie, facilités par l’organisation de MycSA, qui travaille par projets. « Ces projets interdisciplinaires favorisent une vision intégrée où, pour répondre à une question, chacun apporte son expertise : microbiologie, biochimie, génomique, génétique quantitative, ou écologie microbienne », s’enthousiasme la nouvelle directrice.

Le travail de l’unité cible notamment les champignons toxinogènes du genre Fusarium. L’objectif global de MycSA ? « Comprendre quels évènements conduisent les champignons à produire des mycotoxines, et comment l’éviter », résume Florence Forget. Pour avancer vers cet objectif, l’unité s’articule autour de trois grands axes : l’étude de l’adaptation et de l’évolution des espèces toxinogènes, l’exploration de l’expression des génomes fongiques et de la production des mycotoxines, et enfin l’étude des interactions des champignons avec leurs plantes hôtes et les communautés microbiennes associées.

Un quatrième axe, le développement d’applications concrètes des résultats des trois premiers axes de recherche, est en cours de développement au sein de l’unité. Faisant suite à ses propres résultats, MycSA vient par exemple de déposer un brevet visant une protéine produite par la tique Ixodes ricinus, qui inhibe la croissance des champignons et la synthèse de mycotoxines. « Nous travaillons aussi avec des partenaires privés sur des agents bactériens de biocontrôle capables de limiter le développement des Fusarium toxinogènes », complète Florence Forget.

Une direction à taille humaine

Déjà très impliquée dans la gestion des projets de l’unité et leur diffusion comme directrice-adjointe, Florence Forget était toute indiquée pour prendre la tête de l’unité. « J’ai toujours aimé tous les aspects de mon travail, que ce soit la recherche, la création de projets ou les échanges avec la communauté », révèle sans surprise l’initiatrice et co-coordinatrice du réseau Fusatox, qui rassemble les chercheurs travaillant sur les mycotoxines de Fusarium en France.

Florence Forget est adepte de relations professionnelles individualisées :« comme on est un petit groupe de vingt personnes, les relations sont beaucoup moins formalisées que dans une grosse unité. Beaucoup de discussions ont lieu autour de la machine à café ! » En tant que directrice, elle compte faire participer tous les membres du laboratoire à la prise de décisions importantes, et continuera à pousser ses collègues à aller de l’avant par son enthousiasme communicatif.
 

François MALLORDYRédacteur

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Florence FORGET ChercheuseMycologie et Sécurité des Aliments (MycSA)

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