Société et territoires 2 min
Pour une meilleure valorisation des territoires agroécologiques
Pour mieux organiser les politiques au service de la transition, une délimitation précise et cohérente des territoires est nécessaire. À la demande du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’Observatoire du développement rural (ODR) du centre INRAE Occitanie-Toulouse a déterminé des zones agroécologiques homogènes pour définir un nouveau zonage agricole dit multienjeux.
Publié le 08 novembre 2022
La politique agricole en France et en Europe se tourne de plus en plus vers un soutien à la transition de l’agriculture et l’appui aux dynamiques agroécologiques. Les politiques publiques intègrent aujourd’hui les enjeux agroenvironnementaux dans leurs orientations et leurs décisions. Une approche sectorielle a provoqué un empilement de différents instruments et dispositifs d’action publique. C’est le cas des zonages agricoles, qui sont des outils de caractérisation des équilibres actuels de l’agriculture et des territoires. Ces zones servent aussi à l'orientation et au pilotage des politiques agricoles et environnementales. Jusqu’à présent, à chaque problématique était défini un zonage. Ce qui en a engendré un grand nombre qui ne se superposaient pas forcément.
L’Observatoire du développement rural, un laboratoire INRAE toulousain, a été missionné par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour rechercher une meilleure cohérence dans la caractérisation des zonages agricoles. Les scientifiques ont exploré la possibilité de construire un zonage agricole multienjeux, via la détermination d’agroécozones homogènes afin de faciliter le pilotage des politiques agricoles et environnementales. Il s’agit de territoires aux mêmes enjeux agroenvironnementaux, avec des assolements, des infrastructures paysagères et des contraintes naturelles proches. Ce zonage unique sera utilisé à des fins d’orientation des politiques agricoles. Il pourra également fournir une échelle pertinente pour mesurer les décalages entre l’état actuel des territoires et leur potentiel agroenvironnemental.
Définir des zones homogènes
Ce nouveau zonage doit permettre de repérer les territoires cumulant des enjeux agroenvironnementaux, synthétisés dans 3 axes : le milieu naturel comme ressource, sa valorisation et sa résilience.
« En premier lieu, nous nous sommes intéressés aux prédispositions naturelles de chaque territoire à accueillir des systèmes agroécologiques, retrace Pierre Cantelaube, ingénieur à l’ODR. Les caractéristiques physiques, les contraintes naturelles conditionnent la capacité d’un territoire à accueillir de tels systèmes. »
Les experts se sont également penchés sur la notion de « système agroécologique accessible », c’est-à-dire le niveau de diversité qu’il est possible d’atteindre sur un territoire, au regard de ses conditions naturelles, de son contexte socioéconomique, des pratiques ancrées dans le passé.
Ce potentiel agroenvironnemental doit aussi prendre en compte la vulnérabilité des milieux face aux pollutions d’origine agricole. Selon cette vulnérabilité, les zones sont identifiées selon leur sensibilité et leur résilience face aux pressions agricoles.
Pour définir les différents territoires, les experts ont identifié 3 familles d’indicateurs. La première renvoie aux prédispositions naturelles des territoires à accueillir des systèmes agroécologiques, avec des indicateurs comme la densité de structures paysagères, les sites remarquables, les zones humides… La deuxième famille regroupe des indicateurs faisant le lien entre milieu et diversité ou autonomie des systèmes agricoles. La troisième famille regroupe des indicateurs de vulnérabilité intrinsèque aux produits phytosanitaires et aux pollutions azotées.
La France définie en 686 zones agricoles multienjeux
À partir de ces indicateurs, ramenés à l’échelle des communes, la construction du zonage a été faite à partir de plusieurs méthodes statistiques (analyse en composantes principales, classification ascendante hiérarchique, nuées dynamiques). En fin de processus, une contrainte de continuité géographique a été ajoutée afin de former des zones contiguës.
Par ces paramètres, ce sont 686 zones qui ont été définies.
« Cette première approche exploratoire va être consolidée, tant du point de vue des concepts utilisés, que du choix des indicateurs et des méthodes statistiques, projette Pierre Cantelaube. Le zonage agricole multienjeux pourrait être rapproché d’autres zonages, comme celui des petites régions agricoles, afin d’en repenser les contours et les fonctionnalités. »
Références bibliographiques :
Zakeossian D., Cantelaube P., Buchheit P. et al. (2021). La construction d’un zonage agricole multi-enjeux : une démarche exploratoire. Analyse CEP, 160. hal-03174452v1. https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Ana160/detail/
Zakeossian D., Cantelaube P., Mulberger S. et al. (2021). Rapport d’étude « Étude exploratoire pour la définition de zonages agricoles multi-enjeux ». https://agriculture.gouv.fr/etude-exploratoire-pour-la-definition-de-zonages-agricoles-multi-enjeux
L’expertise de l’Observatoire du développement rural
L’ODR a une mission de service public d'assistance technique au suivi et à l'évaluation des programmes de développement rural (second pilier de la PAC, réseau évaluation).
Il est un centre de ressources sur les politiques et systèmes agricoles qui s’adresse aux acteurs du suivi et de l'évaluation des politiques publiques (développement rural) et de la recherche (agronomie, sciences du développement) et repose sur un système d'information multipartenarial.